Publicité

Arts: Lasalinn, une exposition collective en hommage aux sauniers

25 octobre 2019, 21:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Arts: Lasalinn, une exposition collective en hommage aux sauniers

Les salines disparaissent progressivement à Maurice. Aujourd’hui, il n’y a plus que Les Salines de Yémen qui sont le seul marais salant encore en activité à Tamarin. C’est Jan Maingard, le gérant, qui a voulu préserver Les Salines de Yémen, du fait qu’elle a été toujours une affaire de famille. Jean-Yves L’Onflé, artiste reconnu à Maurice, met en place l’exposition Lasalinn, avec la contribution de huit artistes pour rendre hommage aux ramasseurs et ramasseuses de sel.

Au dire de l’artiste, les Mauriciens connaissent très peu la saliculture. Pourtant, nous sommes les premiers à savourer des plats salés. Notre interlocuteur se dit complètement fasciné par la culture de sel. D’autant plus, ajoute-t-il que celle-ci n’est pas chose facile. Il faut prendre en considération la densité de l’eau salée avant de commencer les processus.

Le peintre-sculpteur confie qu’il a aussi beaucoup d’admiration pour les sauniers. «Ces femmes sont laborieuses, actives et belles comme tout.» D’ailleurs, depuis son enfance, JeanYves L’Onflé dit qu’il avait pour habitude d’accompagner sa tante, une ramasseuse de sel, aux marais salants. Aujourd’hui, il veut absolument valo- riser la saliculture, qui est en voie de disparation, tout en mettant en valeur les ramasseuses de sel. Pour ce faire, il a sollicité et obtenu l’aide de huit autres artistes.

L’organisateur de l’expo

Durant l’exposition, Jean-Yves L’Onflé propose un tableau autour des paniers de sel. L’artiste-peintre a fait ses études d’art avec l’artiste peintre mauricien Serge Constantin. Très connu dans l’océan Indien, plusieurs peintures de l’artiste ont été acquises par des collectionneurs de divers pays dont La Réunion, la France, la Belgique, l’Australie, l’Amérique, l’Afrique du Sud, la Chine, la Guinée, Bali et Rodrigues. L’Onflé se sert de matériaux de récupération comme des vieux clous, du tissu, du papier, du sable, de la terre, des cordes, de bois flotté pour réaliser ses peintures.

Pamela Sunee, peintre

À l’aube, elles moissonnent les cristaux de sel des salines. «J’ai voulu rendre un hommage à ces femmes qui font partie du folklore de Tamarin. La saline est un patrimoine de notre île, mais elle disparaît petit à petit. Dans mes œuvres, je dépeins la vie de ces saunières, qui travaillent d’arrache-pied sous le soleil de Rivière-Noire, munies de bottes et de leurs balais, elles font la valse du sel. C’est un métier qui disparaît et les mettre sur une toile avec mes couleurs et mon pinceau laisse une trace indélébile dans le temps.»

Roselyne Désiré, animatrice radio et peintre

Le tableau de Roselyne Désiré est intitulé Magazin disel. Elle dit craindre la disparation de nos salines, qui font aussi partie de notre patrimoine. «Lasalinn est un sujet qui m’interpelle, sachant que les salines de Tamarin ne seront plus qu’un souvenir dans quelques années. Un patrimoine que beaucoup d’enfants ne connaîtront pas dans le futur. Exposer avec plusieurs artistes et parmi de très connus comme Jean-Yves L’Onflé et Krishna Luchoomun est un honneur pour moi.»

Éric Laviolette, peintre et fleuriste

«J’exposerai deux peintures sur canevas lors de cette expo collective. Sur un plan personnel, Lasalinn est le nombril de Tamarin. Sans les salines, c’est comme si qu’une partie de Tamarin serait enlevée

Christopher Colin, employé de Médine et sculpteur

Père de deux enfants, Christopher Colin est un exemple pour plusieurs jeunes. Cet ancien champion de Maurice a dû abandonner l’athlétisme à la suite à un accident de moto. Aujourd’hui, il s’est découvert une autre passion, à savoir la sculpture. Pour Lasalinn, il a conçu deux paniers de sel avec de vieux métaux.

Steeve Dubois, président du cercle des artistes photographes

«Le thème de cette exposition, Lasalinn, me touche parce que c’est une partie de mon histoire en tant que Mauricien. C’est l’histoire de ces hommes et de ces femmes, surtout, qui sont à pied d’œuvre avant le lever du soleil. Il s’agit aussi, d’une certaine manière, de la relation que nous entretenons avec l’océan qui nous entoure.» La photo de Steeve Dubois est intitulée Femme et Sel et est d’une dimension de 50 x 80 cm. Le photographe a fait appel à la photo digitale.

Alexandrine Belle-Etoile, mannequin et peintre

«Ma première participation à l’exposition collective sur le thème de Lasalinn est plus qu’une chance d’être promue sur le plan artistique. C’est surtout d’avoir l’opportunité de valoriser ce patrimoine en péril. En laissant libre cours à mon imagination et tout ce que m’inspire ce thème, j’ai voulu mettre en avant les procédures de la récolte du sel, en abstrait, sur différents médiums, en recherchant des textures et des couleurs, qui évoquent l’effet salin

Krishna Luchoomun, peintre

«Mes trois œuvres en technique mixte (photographie et miroirs) évoquent notre lien intime avec l’eau de mer, l’océan. Nos ancêtres, en tant qu’explorateurs, marins, pirates, esclaves, travailleurs engagés et colons ont traversé l’océan et ont effectué de périlleux voyages pour atteindre cette terre, qui nous appartient à tous aujourd’hui. Leurs larmes, leur sueur et leur sang sont toujours présents dans l’eau de mer, qui se transforme en sel. À travers l’océan, nous sommes tous connectés. Le reflet des spectateurs dans les miroirs, dans les salines, suggère ce lien et illustre également les salines en tant que patrimoine commun

Amrita Dyalah, galériste et artiste peintre

Amrita Dyalah a participé à plusieurs expositions et possède une galerie d’art à Grand-Baie.