Publicité

Circonscription n°17 - Curepipe: de la lumière à l’ombre

31 octobre 2019, 11:35

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Circonscription n°17 - Curepipe: de la lumière à l’ombre

Lorsqu’on évoque la circonscription n°17, Curepipe– Midlands, c’est la ville de Curepipe qui vient en tête. Curepipe, ville lumière, appelée ainsi parce qu’elle fut la première agglomération urbaine à être raccordée au réseau électrique, en 1889. Mais avec des bâtiments rongés par la moisissure, des centres commerciaux en fin de vie et l’hôtel de ville, sauvé in extremis mais qui est toujours en piteux état, la ville n’est plus que l’ombre d’elle-même. Cependant, la circonscription n°17 ne se résume pas qu’à la ville. Les 46 206 électeurs sont répartis à Midlands, mais aussi dans les résidences et faubourgs situés à la périphérie de Curepipe.

À Cité Malherbes, les habitants ne se plaignent pas car, selon eux, l’endroit a évolué dans le bon sens, comme le témoigne Denise Marisson. La septuagénaire a vécu ici depuis tellement longtemps qu’elle a oublié quand elle y a emménagé. Assise au bord de la route, elle explique que c’est sa seule occupation. Pas qu’elle se plaigne, bien au contraire. «Lontan ti difisil. Mé la, inn bien dévlopé isi. Pa kapav plengné.» La cité est bien desservie, il y a un centre pour les jeunes en face d’elle. Même l’eau, sujet qui fait débat ailleurs et qui est l’une des promesses de campagne de tous les grands partis, n’est pas un sujet de plainte ici car, chez elle, il n’y a quasiment pas de coupure.

Sa voisine, Shoba Tauckoor, ne la contredit pas. «Kan mo ti fek vini, inn gagn 35-an, simé pa ti ena. Nou ti pé bizin al sers ros, ranz simé nou mém, telma personn pa ti pé get nou», dit-elle. Mais au fil des années, la situation s’est améliorée. Les routes ont été construites, sont entretenues, la jeunesse a de quoi s’occuper. La preuve qu’elle cite ce sont ses enfants, qui ont grandi dans la région et ont tous, aujourd’hui, un bon travail.

Mais toutes les cités ne se ressemblent pas. À Cité Anoska, à 16e Mile, les habitants sont aussi assis en bordure de rue. Mais la discussion est tout autre. Ce jour-là, ils se plaignaient du «kamion salté» qui ne passe qu’une fois par semaine. Les poubelles débordent, les mouches sont ravies. L’eau usée ruisselle sur le chemin. Un peu partout, les terrains abandonnés foisonnent de moustiques. Les enfants, qui n’ont pas d’autres occupations, courent dans les rues, sous les yeux des plus grands.

Cité Anoska a été le théâtre de crimes qui ont marqué les habitants à vie. Éleana Gentil, 11 ans, y avait été violée et tuée en 2015. «Ziska zordi, pann tann narien. Selma, pou bann lezot dimounn, case pasé dan enn ou dé-z-an. La, akoz enn zanfan sité, pé dir dosié parsi-parla», lâche Marie Gina Allas Edouard. Mais ce n’est pas tout. Récemment, Joyce Revat, 31 ans, a perdu la vie sous les coups de son conjoint. «Minis-la pann mem vini. Ban zanfan Joyce pann gagn okenn sipor. Nou toulétan koumsamem nou», déplore-t-elle. Elle n’en démord pas, Cité Anoska a toujours été oubliée des élus.

Un autre problème auquel font face les habitants est le logement. La demeure de Marie Gina Allas Edouard est faite de quelques feuilles de tôle sommairement cloutées pour former une structure qui tient à peine ensemble. Le sol – terre battue recouverte de gravats – blesse les pieds de ses enfants lorsqu’ils jouent dans la maison. «Puis, nous n’avons pas d’électricité. Le soir, je dois dormir d’un oeil pour surveiller la bougie», poursuit la jeune femme. Pourtant, elle a fait maintes démarches pour avoir une maison. Mais à chaque fois, on lui a demandé de payer des sommes qui lui semblent astronomiques. «Mo travay, mo gagn Rs 250 par zour. Kot mo pou al gagn plis ki sa?»

Elle n’est pas la seule dans ce cas. Claudette Perrine, sa voisine, avance qu’elle vivait dans sa maison avec dix personnes. Puis, la situation est devenue intenable et ses garçons sont partis vivre ailleurs, et ils n’avaient pas d’autres choix que d’aller squatter les terres de l’État. Comme Marie Gina Allas Edouard, les députés leur ont promis monts et merveilles mais ils attendent toujours.

Il n’y a pas que les cités qui sont abandonnées. Pour Alisha Juhoor, le centre-ville est dans un état tout aussi déplorable. «Curepipe est une ville moche et lugubre», dit-elle sans détour. Outre le fait que la ville lumière est morte dès 17 heures, il y a aussi les centres commerciaux qui sont vides, les bâtiments abandonnés à chaque coin de rue ou encore, les rats qui sont omniprésents. Alisha Juhoor déplore aussi la disparition de la vie culturelle qui régnait à Curepipe. La solution ? Elle n’hésite pas. «Les députés doivent aussi s’occuper de la ville et pas seulement des périphéries de Curepipe. On ne peut parler d’égalité et ne pas donner la même attention à toute la circonscription», fustige la jeune femme.

Même son de cloche au marché. Entre les rats qui y pullulent et la sécurité qui est de plus en plus inexistante, Sakir Domun et Ceeraz Tacha, deux commerçants, s’attendent à ce que les députés, de n’importe quel parti, redonnent une seconde vie à Curepipe.

Élus aux précédentes élections
Nombre d’électeurs : 46 206

Élus en 1995
1. Clarel Malherbe PTr-MMM
2. Jacques Chasteau de Baylon PTr-MMM
3. Motee Ramdass PTr-MMM

Élus en 2000
1. Éric Guimbeau MSM-MMM
2. Gérard Paya MSM-MMM
3. Sunil Dowarkasing MSM-MMM

Élus en 2005
1. Éric Guimbeau MSM-MMM
2. Mireille Martin MSM-MMM
3. Sunil Dowarkasing MSM-MMM

Élus en 2010
1. Éric Guimbeau MMM-UN-MMSD
2. Satish Boolell MMM-UN-MMSD
3. Steven Obeegadoo MMM-UN-MMSD

Élus en 2014
1. Adrien Duval Alliance Lepep
2. Stephan Toussaint Alliance Lepep
3. Malini Sewoksingh Alliance Lepep

Localités

  • Curepipe
  • La Brasserie
  • Cité Malherbes
  • Forest-Side
  • 16e Mile
  • Cité Anoska
  • Cité Attlee
  • Engrais Cathan
  • Les Casernes
  • Robinson
  • Camp Caval
  • Eau-Coulée
  • Dubreuil
  • Midlands