Circonscription n°18: flowers without power

1 novembre 2019

1 novembre 2019, 08:45

Commentaire(s)

08:45

Commentaire(s)

Par

Yasin Denmamode

Partager cet article

Circonscription n°18: flowers without power

Elle est connue comme la ville des fleurs. Quatre-Bornes est le coeur de la circonscription n°18 (Belle-Rose–Quatre-Bornes). Mais le mandat de cinq ans de l’Alliance Mouvement socialiste militant–Muvman Liberater (MSM-ML) n’a pas été de tout repos ici. Entre les départs des uns, les démissions des autres, l’arrivée de nouveaux députés et l’adhésion d’autres élus aux partis, la scène politique a été mouvementée pendant les cinq dernières années.

D’ailleurs, selon plusieurs observateurs politiques, les résultats des élections dans cette circonscription donnent la tendance générale de l’île. Mais les habitants euxmêmes, ils feraient quoi s’ils étaient députés ?

Direction le marché de Quatre-Bornes, où les habitants de toute la région, et même ceux hors des frontières, viennent faire leurs courses. Qu’il pleuve ou qu’il vente, ce marché est le lieu de rencontre de toutes les couches de la société. Les futurs et anciens députés se croisent en s’évitant du regard, alors que les histoires sur les anciennes hautes personnalités qui arpentaient les allées du «bazar» à la quête de légumes frais courent toujours.

Mais loin de ces considérations, les Quatrebornais, eux, ont des problèmes plus terre à terre. Deven Cooleemalay est en train de faire ses emplettes. Sacs à la main, il n’hésite pas à dire que sa priorité à lui, s’il était député, serait de mettre la protection de l’environnement en avant. «Sanzman klimatik mem pou kraz partou dan bann lané ki pé vini», dit-il.

La situation, poursuit-il, est de plus en plus inquiétante. Entre les pluies fréquentes, les inondations causées par les déchets qui sont jetés n’importe où et les drains bouchés, la ville des fleurs n’est plus ce qu’elle était. Mais même s’il n’a pas l’intention de se lancer en politique, Deven Cooleemalay sait qu’un député seul ne pourra pas faire tout le travail. «Bizin soutien minisipalité, ou koné. É souvan, grant ki zot gagné dé minister pou travo-la pa asé…» La solution ? Ce sera au(x) vrai(s) élu(s) de la trouver. Mais il n’en démord pas. «Dan Lémond, zot tou pé met sa an avan. Nou bizin fer parey», martèle-t-il.

Autre habitant, même combat. Bennyparsad, lui, est aussi outré par les déchets qui jonchent les quatre coins de la circonscription. Mais sa solution est plus simple : «Si mo ti enn dépité, mo ti pou donn tou dimounn enn poubel», lance-t-il. Puis, d’autres poubelles seraient installées dans les rues, dans les jardins et dans d’autres lieux stratégiques.

Mais est-ce un vrai problème ? Une commerçante, qui a son magasin dans Orchard Tower, affirme que non. La saleté relève de l’incivisme des gens et c’est à eux et non aux élus de faire quelque chose. «Que ce soit les magasiniers, le public ou les habitants, ils savent très bien comment jeter les ordures et on ne peut pas se plaindre du ramassage ici», fustige-t-elle. Si elle était une élue du peuple, elle demanderait aux gens d’être plus disciplinés.

La première mesure qu’elle aurait prise aurait été de faire un flyover pour décongestionner la route. «Les élus, eux, ne savent pas ce que c’est que d’être dans les embouteillages tous les jours car ils ont des motards», déplore-t-elle. Un autopont depuis La Louise à Saint-Jean aiderait tous ceux qui traversent Quatre-Bornes tous les jours. «Parski la, mem kan malad, lanbilans pa kapav pasé…»

Mais tous les habitants de la circonscription n°18 ne sont pas du même avis. Amar Jankeeparsad ne voit rien à changer. Il a déjà eu tout ce qu’il voulait. Il se souvient qu’avant, le marché coulait et était dans un piteux état. Mais depuis quelques années, les choses ont changé. Maintenant, il travaille dans «enn paradi». Sa voisine d’étal, cheveux grisonnants et installée sur ses ballots de laitues, est du même avis. «Tou bon. Bé ki pou sanzé», dit-elle, sourire aux lèvres.

Mais au n°18, il n’y a pas que l’environnement et les déchets. Christian, lui, en a marre des files d’attentes interminables. «Nous sommes en 2019. Il est inconcevable de faire la queue pendant 45 minutes, voire une heure, pour payer des factures ou faire des démarches administratives.» S’il était député, il aurait trouvé un moyen, n’importe lequel, pour rendre les administrations plus efficaces. Puis, il aurait tenu ses promesses… «Kan nou fer li konfians, li bizin ténir promes é amélior lavil-la» confie-t-il.

Finalement, il faudra faire encore quelques efforts avant que Quatre-Bornes ne fleurisse complètement.