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Contestation des élections: le bulletin de vote retrouvé alimente la polémique
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Contestation des élections: le bulletin de vote retrouvé alimente la polémique
L’Electoral Supervisory Commission (ESC) a émis un communiqué, hier, après avoir été mise en présence d’une photocopie d’un bulletin de vote déjà utilisé. Une copie parvenue à la rédaction de l’express montre trois croix en faveur de l’Alliance Nationale. Le cas a été rapporté à la commission électorale par Shakeel Mohammed, qui dit avoir obtenu le document d’un de ses mandants. La commission a référé le cas au Central Criminal Investigation Department (CCID) pour une enquête dans les plus brefs délais.
«C’est extrêmement grave. Comment est-ce qu’un bulletin de vote qui devait être sous scellés et surveillé par des officiers de la Special Mobile Force se retrouve aujourd’hui dans ma main ? Est-ce que c’est possible qu’il y en a d’autres dans d’autres circonscriptions ?» se demande Shakeel Mohamed, député du n°3 (Port-Louis-Maritime – Port- Louis-Est).
Vers 22 h 30 mercredi, le député rouge aurait rencontré un homme qui lui a remis le bulletin de vote utilisé. «C’est quelqu’un que je ne connaissais pas avant. Il cherchait à me rencontrer depuis dimanche. Ce n’est que mercredi soir que j’ai pu le rencontrer.» L’homme en question avait les larmes aux yeux et disait craindre pour sa vie, selon Shakeel Mohamed. Il a refusé de son propre chef d’aller porter plainte et souhaite rester dans l’anonymat. «L’homme a expliqué qu’il a réussi à extirper ce document parmi d’autres qui étaient dans le processus d’être détruits pas très loin de l’établissement scolaire gouvernemental Idrice Goumany.» Selon nos recoupements auprès de la commission électorale, le député du n°3 n’a toutefois pas voulu révéler l’endroit où la découverte a été faite.
Shakeel Mohamed déclare fermement qu’il n’a aucun moyen de vérifier cette information et que c’est aux autorités de le faire et d’expliquer comment ce bulletin a pu se retrouver dans la nature. «Bien que j’aie été élu, j’ai trouvé juste de remettre ce document à l’ESC car il s’agit d’une affaire qui concerne la démocratie.» S’il ne veut pas s’exprimer sur son ampleur, il a toutefois tenu à faire une requête aux instances que cela concerne et au Premier ministre : «Ce ne sont plus des rumeurs. Il est temps que tout le monde cesse d’être sur la défensive et commence à réfléchir dans l’intérêt du pays.»
Les hommes de loi ne veulent nullement se prononcer sur cette affaire de peur de se retrouver eux-mêmes en cour. Idem du côté de la police qui soutient que l’enquête suit son cours et qu’elle ne peut se prononcer sur ce cas sensible. «Laissez-nous enquêter. Après on tirera des conclusions.»
Pour sa part, le commissaire électoral, Irfan Rahman, ne cache pas son inquiétude. «C’est une affaire sérieuse et grave qui demande une enquête rapide et immédiate. D’où notre démarche de solliciter le CCID après le départ de Shakeel Mohamed. Selon la Representation of the People Act, une personne, qui sort d’un centre de vote avec un bulletin de vote, commet un délit criminel.» Estce que cette trouvaille d’un bulletin de vote (rempli, de surcroît) peut servir de motif pour contester des élections ? Interrogé, Shakeel Mohamed souligne qu’il n’a pas l’intention de contester les résultats au no3. Cependant, il estime qu’il serait possible, à travers ce bulletin de vote, de remettre en question la nomination du candidat du gouvernement, c’est-à-dire Anwar Husnoo, en tant que Best Loser. «A-t-il réellement bénéficié du nombre de votes qu’on lui attribue ? Il faudra en parler à Eshan Juman. Peut-être qu’il serait d’accord», dit-il. Quant à utiliser ce bulletin de vote pour contester les élections au niveau national, Shakeel Mohamed, avance que ce sera au panel d’avocats, sélectionnés par le parti, de se pencher dessus. «Je ne suis pas spécialiste du droit électoral mais je pense que si l’on arrive à établir un schéma et présenter cette trouvaille comme un élément qui pourrait contribuer à faire la lumière sur des anomalies, cela pourrait être possible.» L’avocat dépose ce matin à la commission électorale l’original du bulletin de vote.
Les observateurs politiques et la presse sollicités
<p style="text-align: justify;">La commission électorale souhaite comprendre pourquoi les 6 813 électeurs n’ont pu voter le 7 novembre. Dans cette démarche, le commissaire électoral Irfan Rahman a, aux côtés des membres de la commission, rencontré les observateurs politiques Jean Claude de l’Estrac et Lindsay Rivière, hier. Également présent, le responsable d’<em>ION News</em>, Rabin Bhujun.<em> «Nous allons réaliser un échantillonnage de 5 000 électeurs sur les quelque 6 000 qui n’ont pas pu accomplir leur devoir civique pour savoir pourquoi cela n’a pu se faire. Entre-temps, notre enquête préliminaire a conclu que dans 80 % des cas, ces derniers n’habitent plus dans ladite maison. On va approfondir notre enquête»,</em> a souligné Irfan Rahman. Dans la foulée, il a déclaré que l’aide des forces vives sera sollicité dès janvier prochain, soit lors du recensement. Par ailleurs, Irfan Rahman a indiqué que seuls 45 Bangladais sont enregistrés sur la liste électorale.</p>
Salim Muthy : «Les explications sont assez claires»
<p style="text-align: justify;">C’est en tant que citoyen que <a href="https://www.lexpress.mu/article/365426/salim-muthy-aux-mauriciens-apportez-nous-preuves-fraudes-dans-elections" target="_blank">Salim Muthy a rencontré le commissaire électoral, Irfan Rahman, hier</a>. Accompagné de deux personnes qui n’ont pu exercer leur droit civique, il a discuté des irrégularités autour des dernières législatives.<em> «Les explications de la commission sont assez claires. Nous analyserons les réponses données. Puis, il y a aussi une enquête ‘forensic’ qui a été entreprise. Une autre réunion est prévue la semaine prochaine»</em>, a-t-il souligné. Dans la foulée, Salim Muthy a exhorté les Mauriciens à venir de l’avant pour lui faire parvenir des preuves concrètes de ce qu’ils estiment être des irrégularités dans ces élections. Le travailleur social compte soumettre des propositions en écrit à la commission électorale qui<em> «doit avoir des pouvoirs accrus»</em> pour améliorer le système.</p>
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