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Palmar: to zété Henri ramassé
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Palmar: to zété Henri ramassé
Tout fier, il chevauche son fidèle destrier. Un tricycle qu’il a bricolé lui-même. Dans le panier, des dizaines de bouteilles en plastique. On pourrait le prendre pour un rigolo mais Henri Desouza a l’âme écolo.
Sa moustache frétille, ses yeux pétillent. Henri n’est pas du genre à rire facilement. Avant que le musicien de 61 ans ne prenne sa retraite, guitare à la main, il se chargeait de l’animation dans les hôtels. «Mo ti pe zwé bann morso koumma La Bamba ou Besame Mucho. Mé oussi bann morso en fransé, sa dépann ki lotel ti pe alé…»
Fausse note cependant dans la vie de notre Francis Cabrel local. Il y a dix ans, il a été victime d’un accident vasculaire cérébral. Diminué physiquement, mentalement, Henri n’a jamais perdu de sa superbe. S’il en a vu de toutes les couleurs, il a décidé de se mettre au vert.
Sur un terrain vague, en face de sa maison, à Palmar, les «bal», bouteilles et cannettes attendent d’être recyclées. Pour les récolter, tous les lundis Henri va se balader du côté des plages, à Palmar certes, mais aussi à Belle- Mare, Trou-d’Eau-Douce, entre autres. «Mo alé boner, 6 zer, avan kamion salté passé.» Après chaque week-end, des déchets en plastique, il en ramasse à la pelle.
Il les confie ensuite à une usine spécialisée dans le recyclage. «Kamion-la passé sak 3 mwa.» Ses bouteilles, soigneusement «écrasées» par ses soins, lui rapportent quelque Rs 1 200 chaque trimestre donc.
Le sexagénaire est du genre à faire feu de tout bois. Durant son temps libre, Henri continue à gratter sa guitare, quand il n’est pas en train de ratisser la plage. Les mentalités ont-elles évolué ? Les Mauriciens polluent-ils moins ? Certaines actions donnent le ton, selon Don Quichotte Made in Moris. «Wi, dimounn inn vinn pli reponsab aster. Guet mo bann vwazin mem, zot gard boutey pou mwa, kan mo passé zot kit ek mwa.»
Interruption momentanée de l’entretien. «50 roupi enn galon Crest la, 50. Ena Omo, lapoud masinn…» On connaît le refrain. «Ena oussi sa bann kann labier la…» Si Henri les collecte, il ne sait cependant pas quoi en faire. «Si ena enn lizinn resiklaz anvi pran, signal mwa. Mo ramassé ziss pou pa fer dezord sa…»
Henri balaye la rue du regard, esquisse un sourire en coin. Il fait bon vivre ici, lâche son regard admiratif, son air satisfait. Des voisins lui font un signe, l’ami écolo est un personnage connu dans les parages.
L’homme à l’âme verte rougit de plaisir.
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