Publicité

Chagos: «Le Royaume-Uni partira, il ne s’agit pas de ‘si’ mais de ‘quand’»

23 novembre 2019, 11:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Chagos: «Le Royaume-Uni partira, il ne s’agit pas de ‘si’ mais de ‘quand’»

22 novembre 2019. Une date qu’attendait Maurice dans son ensemble, dont la communauté chagossienne. Elle marque la fin d’un délai de six mois dont disposait le Royaume-Uni pour se retirer de l’administration de l’archipel des Chagos, depuis que l’Assemblée générale des Nations unies (ONU) a voté sa résolution suivant l’avis consultatif de la Cour internationale de justice (CIJ) en faveur de Maurice.

Hier, des Chagossiens ont manifesté devant le haut-commissariat britannique à Port-Louis. Geste symbolique pour rappeler que les Britaniques n’ont pas fléchi dans leur position malgré les avis de la CIJ et de l’ONU. Le contexte est particulièrement intéressant en ce moment puisque, dans trois semaines, les Britanniques seront appelés aux urnes pour élire un nouveau gouvernement. (voir page 33)

«Jeremy Corbyn s’est engagé à respecter la décision de la cour internationale de justice.»

L’enjeu est de taille car le prochain chef de ce gouvernement devra décider du sort des Chagos. Le Premier ministre sortant et leader du Parti conservateur, Boris Johnson, a pour principal opposant Jeremy Corbyn, leader du Parti travailliste, le même qui avait pris l’engagement de respecter la décision de la CIJ.

Jeremy Corbyn a démontré un intérêt pour la cause chagossienne. Plus qu’un intérêt, car le retour des Chagossiens sur leur archipel figure dans son manifeste électoral. Son élection à la tête du gouvernement est-elle notre seul espoir que l’Angleterre puisse céder sur l’administration de l’archipel ? Cette question, nous l’avons adressée à Philippe Sands, Lead Counsel de Maurice sur le dossier Chagos. Il rappelle que «Jeremy Corbyn s’est engagé à respecter la décision de la CIJ et la résolution adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU». Il indique que la cour a tranché en faveur de Maurice. Le Royaume-Uni n’a plus d’option. «La cour a statué que les Chagos font et ont toujours fait partie de Maurice. Le Royaume-Uni va se retirer, il ne s’agit pas de ‘si’ mais plutôt de ‘quand’», soutient-il.

Les élections au Royaume-Uni sont prévues le 12 décembre. À ce stade, les sondages et parieurs misent davantage sur l’élection de Boris Johnson à la tête du gouvernement. Avec ce scénario, Me Philippe Sands explique que Maurice avance avec prudence. «Nous agissons avec soin et nous avons engagé une réflexion sur la stratégie à adopter du mieux de nos efforts», affirme le Queen’s Counsel.

Pour le moment, le gouvernement mauricien s’est engagé dans une bataille contre le Royaume-Uni. Ne serait-il pas temps d’engager des discussions avec les États-Unis en prévision du départ souhaité des Britanniques de l’archipel ? «Maurice va certainement chercher à contacter toutes les parties concernées», précise Me Philippe Sands.

Déclaration du Foreign Office

Le haut-commissariat britannique à Maurice a été sollicité à la fois suivant la manifestation du Groupe réfugiés Chagos devant ses locaux à Port-Louis et au sujet du non-respect du délai du 22 novembre ayant conduit à la déclaration de Pravind Jugnauth, jeudi, après la première séance parlementaire. Dans les deux cas, il a refusé de commenter. Mais dans les journaux britanniques, le Foreign Office a fait la déclaration suivante : «Le Royaume-Uni n’a aucun doute sur sa souveraineté sur le British Indian Ocean Territory qui a été, de manière continuelle, sous la souveraineté britannique depuis 1814. Maurice n’a jamais possédé de souveraineté sur ce territoire et le Royaume-Uni ne reconnaît pas cette revendication.»