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Accident à Wooton: 4x4 «fou», policiers, victime et polémique

1 décembre 2019, 14:00

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Accident à Wooton: 4x4 «fou», policiers, victime et polémique

Il est 13 h 00. Le soleil brille de mille feux à Wooton. Toutefois, ceux présents à la station-service d’Indian Oil ont du mal à le voir. Ce qu’ils redoutaient le plus vient tout juste d’arriver. Un coup de téléphone a apporté un autre nuage noir au-dessus de leurs têtes… Rohit Gobin, 58 ans, est décédé. Les traces de l’endroit où gisait le corps inerte de ce père de famille sont encore visibles sur l’asphalte, malgré la tentative des pompiers de tout nettoyer… 

Sunjiv Jankee, le propriétaire de la station-service, ne retient pas ses larmes. Le visage dépité il ne tient pas en place. Il s’assied sur une des bordures, se relève et fait les 100 pas. Cette nouvelle ne fait que lui rappeler encore une fois les faits horribles qui se sont produits mardi. «Monn deza blessé. Dimounn inn vinn rod kokin, inn mett sab amba mo lagorz. Mé seki mo pe viv-la la samem pli dir la…» 

Tout en jetant un coup d’oeil aux vitres brisées que les pompiers ont empilées dans un coin du «filling», l’homme de 62 prend sur lui, essaie tant bien que mal de consoler Simla Ramkissoon. Cette dernière a été le témoin direct de l’accident qui a coûté la vie à son collègue

Soudain, elle a vu le 4X4 de la police d’Eau-Coulée, surgir de nulle part, effectuer une sortie de route pour s’encastrer dans une des bornes à essence. Le véhicule a balayé sur son passage Rohit Gobin et Daniel Lamarque (voir encadré). 

La nouvelle de la mort de Rohit lui font revivre cette incroyable scène à laquelle elle a assisté. Les images ne cessent de défiler dans sa tête. Le fait d’imaginer que ça aurait pu être elle glace le sang de la pompiste. La tristesse se lit sur son visage et elle se renferme dans un mutisme, refuse d’en dire davantage. «C’est un cauchemar…» 

Ce qui agace Sunjiv Jaunkee c’est la manière avec laquelle ont agi les policiers. «Après être sortis du 4x4, ils sont allés à l’arrière de la station sans même jeter un coup d’oeil sur Rohit. Par la suite, une voiture noire blindée est venue les récupérer. Je leur ai dit de rester pour faire l’alcootest ici mais ils n’ont pas voulu…» Selon lui, les circonstances de cet accident demeurent floues. Il assure, dit-il, qu’il fera tout pour que justice soit faite afin de rendre hommage à ce «bosseur, honnête et humble» qu’était son employé. «Fer 8 mwa li travay-la et zamé monn gagn kit problem ar li. Li ti extra korek et bann klian habituels oussi ti bien kontan li.» 

Chez les Gobin, c’est la dévastation. Leur «pilier» s’est écroulé. Au lieu de fêter un anniversaire vendredi, il y a eu des funérailles en leur demeure, à Bois–Chéri. Jashley, 21 ans, n’arrive pas à se remettre de ses émotions. C’est lorsqu’il priait de tout son coeur pour la guérison de son papa, que la nouvelle de la mort de ce dernier est tombée, jeudi. «Sa moman-la nou ti pe bizin pé préparé pou laniverser mo ti ser ki ti pe gagn 18 ans mé non nou ti dan langwass ek pir la inn arivé» confie ce jeune homme meurtri par la douleur. 

Même si Rohit était sous respiration artificielle à cause de ses graves blessures, sa famille espérait vraiment le revoir sur pied. Jashley est lui aussi en colère après ce qui est arrivé à son papa. Il estime aussi que cet accident «n’est pas normal». «Pourquoi est-ce que les deux policiers ont quitté les lieux alors que le corps de mon père y était toujours ? Pourquoi les circonstances de cet accident demeurent floues ? Il faut que justice soit faite. Mon père ne méritait pas de mourir ainsi. Nous n’allons pas lâcher l’affaire tant que nous ne comprendrons ce qui s’est passé !» 

Le policier… 

Les insultes, les interrogations, les thèses pleuvent sur les réseaux sociaux depuis cet accident aussi tragique de spectaculaire. Si ces collègues sont pris à partie, celui qui subit les foudres des Mauriciens, c’est le chauffeur du 4x4. Le nom du policier qui conduisait le véhicule : Ashfaar Domun… Ce dernier a comparu en cour vendredi. 

Le fait que le 4x4 ait été transformé en amas de tôle témoigne de la violence de l’impact. Questions dès lors ? Comment pourquoi ? D’aucuns se demandent si le policier était sous l’influence de quelque substance illicite, même si l’alcootest s’est révélé négatif. 

En tout cas, pour son entourage, les «sous-entendus» sur son «état» lors des faits n’ont pas lieu d’être. Ashfaar Domun, est connu comme une per-sonne calme et joviale, dit-on, qui n’a pas pour habitude de consommer des drogues et autres substances prohibées. «Li enn garson respektab. Li pa bwar. Li pa fumé. Li pa dan okenn larout. Sa mo kapav garanti ou…» 

L’habitant de Camp Fouquereau a rejoint les forces de l’ordre en 2010. Il a commencé sa carrière au poste de police de Vacoas avant d’être posté à la Traffic Branch de Curepipe pour ensuite atterrir au poste de police de Pailles. Il a ensuite rejoint le poste de police d’Eau-Coulée il y a environ un an. 

Marié, Ashfaar Domun est père d’un petit garçon d’un an et demi. Selon ses proches, l’accident s’est produit alors qu’il tentait de changer de voie sur l’autoroute à hauteur de Wooton. «Li finn zis dir nou ki sa finn arivé kan li ti sanz lane. Van la inn derapé ek linn al lor filling la.» 

S’agit-il d’un problème mécanique dans ce cas ? D’un problème au niveau de la route ? Qu’advienvdra-t-il du policier et de son collègue dorénavant ? Seront-ils suspendus ? Contacté à ce propos, l’inspecteur Shiva Coothen, responsable de la cellule de communication de la police dit affirme qu’il n’a aucun détail à ce sujet. «Mo pena okenn repons pou donné, lanket pe fer.» 

 

 

Le cas de l’autre victime

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<p style="text-align: justify;">Daniel Lamarque, qui a lui aussi été fauché par le 4x4 <em>&laquo;fou&raquo;</em>, l&rsquo;a échappé belle. Également âgé de 58 ans comme son collègue décédé &ndash; le pompiste se remet tout doucement de ses blessures, dont de nombreuses fractures, dans une clinique privée. Cet habitant d&rsquo;Eau-Coulée a été le premier à être percuté par le 4x4 de la police.</p>