Publicité
Marchands ambulants vs policiers: nouvelle partie de cache-cache
Par
Partager cet article
Marchands ambulants vs policiers: nouvelle partie de cache-cache
10 heures tapantes. Gare du Nord. Alors que d’habitude, les marchands ambulants sont présents en bordure de route, il n’en est rien, en ce vendredi 29 novembre. Les gens s’activent, vaquent à leurs occupations. Un peu plus loin, un homme. Ce dernier, qui essaye de gagner sa vie en vendant des vêtements pour dames, soutient qu’il a la boule au ventre, chaque matin, en pensant qu’il peut se faire prendre par les policiers. «Je n’ai pas le choix. Louer un emplacement serait une dépense conséquente pour moi, un luxe même que je ne peux me permettre. Imaginez. Nous exposons de l’argent pour acheter nos produits et ne misons que sur une petite marge de profits en les revendant. La polis nek vini pran alé. Tou nou lékonomi fini alé ansam. Samem ki ed nou pou nouri nou fami. Zot pa rant dan nou soufrans. Ti kapav fer enn zefor pou sa period-la…»
Idem pour ces «ti-madam» qui vendent des légumes. Elles ont du se réfugier près des magasins à proximité pour ne pas être trop visibles. «Bizin kasiet-kasiet, koumsa kan lapolis vini, kapav sové. Sinon zot fini pran tou zot alé.»
Les magasins aussi affichent leur mécontentement face à cette situation. Pour cause, ils ne peuvent plus exposer leurs produits à l’extérieur. «Nepli éna sa lambians lontan-la. Sé samem ki attir dimounn. Travay-la inn tonbé net», soulignent des responsables. D’ajouter qu’ils ont déjà été avertis par les forces de l’ordre. «Nous n’avons pas le choix. Sinon nous risquons d’avoir une amende.»
D’ailleurs, les hommes en uniforme sont omniprésents pour veiller au grain. «Ils ne laisseront rien passer. Ils demandent même du renfort si le marchand est récalcitrant. Ils sont aussi souvent en civil. Seki fer nou ankor plis per pou travay.» À noter que des véhicules de la Special Supporting Unit sont également en patrouille à des heures spécifiques dans la capitale. «Zot dir zot fini gagn lord pou met prop ek pa laiss personn travay lor simé.»
Du côté de Curepipe, tout a changé. La ville lumière ne vibre plus au rythme des fêtes de fin d’année. Les endroits où les marchands ambulants avaient pour habitude de vendre leurs produits sont calmes. Certains téméraires, basés près de la partie nord de la gare Jan Palach se font discrets. Ils ne sont que trois alors que d’habitude ils sont une dizaine.
«La, lané, mo sey gagn enn ti kass pou kav asté kado pou mo bann ti zanfan pa pe kapav.»
Ce qui change des années précédentes c’est également la manière dont ils vendent leurs produits. Ils doivent non seulement jouer à cache-cache avec les policiers mais ils ne peuvent plus présenter leurs produits comme à l’accoutumée. Plus de petites chaises pliantes en bordure de chemin menant à Mauritius Telecom. Plus de caisses empilées les unes sur les autres en guise de tables. Circonstances obligent, les policiers ou «boul rouz» comme ils les appellent, guettent. «Bizin kapav lib pou galoupé», lâche Geeta, méfiante. À la place c’est «enn tant bazar» qu’elle transporte avec un petit sac en bandoulière qui se presse contre sa poitrine.
Cette dame âgée de 62 ans est debout, le dos appuyé contre les mains courantes depuis 10 heures le matin. Alors que le soleil «dir mwa ki la», elle essaie de se protéger des rayons avec un parapluie d’une main. Dans l’autre, elle tient un sac en plastique rempli de rondelles de margoze. Tout en essayant d’arrêter certains clients discrètement. «Pas fasil sa ! La, lané, mo sey gagn enn ti kass pou kav asté kado pou mo bann ti zanfan pa pe kapav.»
Elle n’habite pas la région de Curepipe. Elle vient d’Hermitage. Mais cela fait plus de dix ans qu’elle est colporteuse dans les rues de la ville lumière. «Mo misyé inn bizin aret travay, li gagn problem lasanté. Pansion pa asé. Ek mo oussi mo malad...» Tout en révélant la taille de son genou droit, gonflé, elle ajoute que l’argent des légumes qu’elle vend lui permet également de s’acheter des médicaments «ki marsé pou kalmé douler».
À un mètre d’elle, une autre dame vend des légumes. Elle aussi pas de caisses ou de petites chaises, seulement «enn tant bazar». Elle a 64 ans, est méfiante. Quand on lui demande si elle est marchande ambulant, elle sursaute. «Mo fek gagn trapé la semenn passé-la ek banla inn pran tou mo bann zafer inn zeté. Mo ti pansé ou isi ou boul rouz…» A cause de ce ‘traumatisme’, elle refuse de dire son nom ou de donner des détails sur sa vie. «Ou koné mo latet fatigué. Tou seki mo ena pou dir, se ki li sagrinan zot anpess nou gagn nou lavi.»
Roshan partage le même avis. Il est le troisième et dernier marchand ambulant dans cette allée jadis si bruyante. Son fameux «10 roupi zanana», il ne peut plus le dire à haute voix, au cas où il se fait attraper. Il a le visage marqué, mais il a pris le risque d’apporter sa caisse sur laquelle il a disposé une boîte en carton où il a placé ses tranches d’ananas. «Ou koné mari difisil sa, pé bizin zoué kouk-kasiet pou kapav tras ou la vi. Enn mari stress sa.» Cet habitant de Floréal, âgé de 54 ans, a toujours gagné sa vie en «traçant» depuis l’âge de 13 ans. «Et la, la, mari difisil pou trasé la, alor ki nou pli bizin trasé. Boul rouz fer nou trouv rouz.»
Effectifs renforcés
<p style="text-align: justify;">Vous l’aurez compris, les policiers sont aux aguets. <em>«C’est ainsi chaque année. Nous mettons de l’ordre dans les rues. Pour ne pas être débordés en décembre. Parski lerlamem ou pou trouv tou marsan pou koumans desann lor simé »</em>, expliquent des sources policières. </p>
<p style="text-align: justify;">De faire ressortir que des effectifs seront renforcés vers le 15 décembre pour plus de contrôle.<em> «La force policière au complet était déployée pour les élections générales. Aster zot pou attak zot a sa…»</em> Pour épauler la Tornado Squad dans cette tâche, la Divisional Supporting Unit et la Special Supporting Unit seront appelées à donner un coup de main. </p>
<p style="text-align: justify;">À titre d’exemple, le 24 novembre dernier, de 9h30 à 16 heures, une opération crackdown a été entreprise dans la capitale, lors de laquelle la police a procédé à la saisie de marchandises de 16 marchands ambulants. <em>«Bann légim ek autres finn distribié à Gayasingh ashram, Foyer Père Laval ek Meenatchee Home»</em>, confie-t-on. </p>
Publicité
Les plus récents