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Sona Shewhorak, 79 ans: « Isi, nou koumadir dan enn fon karay! »
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Sona Shewhorak, 79 ans: « Isi, nou koumadir dan enn fon karay! »
Il craint la prochaine saison des pluies. Sona Shewhorak, 79 ans, habite Fond-du-Sac depuis toujours. Il y a une quinzaine d’années, il a acheté un terrain qui se trouve dans une zone à risque d’inondation. Depuis, à chaque averse, c’est la même histoire : sa maison se retrouve inondée jusqu’au haut de sa porte. Cette fois, son seul espoir repose entre les mains de ceux qui construisent un drain derrière sa maison.
Vous avez toujours vécu à Fond-du-Sac, n’est-ce pas ?
Oui, vous avez raison. Mais cela fait 15 ans à peu près que j’ai acheté ce terrain d’une propriété sucrière, comme tous mes voisins. Auparavant, c’était un champ de canne à sucre.
Saviez-vous que c’était une zone à risque d’inondation ?
Lorsque j’étais plus jeune, j’avais vu qu’il y avait des inondations dans ce champ de canne. Mais une fois que le terrain avait été mis en vente et que j’ai vu que les voisins avaient construit, nous avons pensé que le risque n’existait plus. Avec les murs, l’eau ne poserait plus de problème. Nous ne savions pas que tel n’est pas le cas. Séki nou ti pansé, pa ti sa! Nou’nn fini fer lakaz aster, kot nou pou alé?
Au total, vous avez été victime de combien d’inondations depuis la construction de votre maison, il y a 15 ans ?
Au total, quatre. Nous avons eu une dernière en avril de cette année. Ma belle-sœur aurait pu mourir. Elle s’est agrippée aux barreaux de la fenêtre pour échapper à la noyade. L’eau est arrivée d’un coup. Nous n’étions pas à la maison. Il n’y avait que ma belle-sœur.
Avez-vous peur de la prochaine saison des pluies ?
Nous avons entendu lors des informations à la radio que les pluies arrivent. Nous avons peur, mais nous gardons espoir avec la construction des drains. Qui nous donne un peu de courage. On nous a aussi promis la construction d’un canal dans notre cour. Comme ça, si jamais il y a une grosse pluie, l’eau qui arrive ira dans ce canal. Isi, nou koumadir dan enn fon karay!
La maison de Sona Shewhorak a été inondée à quatre reprises. La dernière inondation remonte à avril de cette année. (À g.) Le septuagénaire montrant jusqu’où l’eau est montée.
La dernière fois que vous avez eu à refaire votre maison, c’était en avril 2019. Comment s’est passée cette énième reconstruction ?
Nous avons eu à tout recommencer petit à petit. Nous avons eu l’aide du public, à travers des dons. La vie doit continuer, nous avons du tout acheté, encore une fois. Les livres des enfants, leurs cahiers, nos provisions, nos meubles, tout était détruit.
Quels sont les changements que vous avez vu opérer autour de vous par les autorités et des habitants depuis la dernière inondation ?
Déjà, nous avons vu la construction des drains. C’est tout ce que nous voulions. Il est vrai que la construction n’est pas terminée mais cela donne de l’espoir et du courage lorsque nous voyons cela. Nous espérons juste qu’il servira à quelque chose lorsque les grosses pluies vont arriver. La crainte des inondations sera toujours là. Du côté des habitants, les inondations nous ont appris à apprécier la solidarité des voisins. Nous avons toujours eu de l’aide de nos proches. À chaque fois que nous n’avions pas d’endroit où aller, ils insistaient tous pour qu’on passe quelques jours chez eux. Nous n’avons pas fait appel au gouvernement pour un relogement, nous n’avons que demandé des drains.
Vers quelle année avez-vous eu des problèmes d’inondations pour la première fois ?
Je ne m’en rappelle plus. Je sais juste qu’en 2015, nous avions eu des inondations, mais personne ne s’en souciait. Quelques jours plus tard, nous avions appris qu’il y avait des inondations à Canal Dayot. Nous avons vu après que des députés étaient allés là-bas. J’ai moi-même fait des rassemblements à Fond-du-Sac, c’est là que les journalistes ont été informés de notre situation. Et tout le monde a appris notre calvaire.
Vous aviez dit dans une précédente interview que le problème, c’était les députés que vous ne voyiez jamais. Qu’attendez-vous des trois nouveaux députés de votre circonscription ?
Ils viennent d’arriver, nous ne pouvons pas leur dire grand-chose. Ils vont répondre qu’ils n’étaient pas là lorsqu’il y avait les inondations. Même s’ils doivent certainement être au courant, ayant suivi l’actualité. Les anciens députés nous avaient expliqué qu’ils ont tardé à faire avancer les choses parce que les terres sur lesquelles les drains doivent passer appartiennent aux planteurs. Certains n’étaient pas d’accord avec la compensation que le gouvernement leur a donnée, c’est ce qui a retardé les travaux.
Nous n’en voulons pas au Premier ministre, il avait promis que l’argent était prêt, qu’il ne fallait que commencer les travaux. À présent que les drains sont en construction, que pouvons-nous demander de plus ?
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