Publicité

Présidence de la République: les politiciens hantent toujours le château du Réduit

7 décembre 2019, 22:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Présidence de la République: les politiciens hantent toujours le château du Réduit

La politique et le poste de chef d’État mauricien sont étroitement liés. Depuis 1992, nos présidents ont été tous des hommes de parti, exception faite pour Ameenah Gurib-Fakim.

À l’exception de l’année 2015 (voir hors-texte), les locataires du château du Réduit, depuis 1992, ont toujours été des politiciens ou des vétérans de la politique. Le Mouvement militant mauricien (MMM) est l’objet de critiques suite à la déclaration de son leader, lundi, sur les nominations, par le Parlement, de Pradeep Roopun et d’Eddy Boissézon comme, respectivement, nouveaux président et vice-président de la République. Ils ont été qualifiés d’«hommes de parti» par Paul Bérenger.

Or, il s’avère que même le MMM avait choisi l’un de ses députés, en 1992, pour devenir président de la République. Il s’agit de Cassam Uteem, qui a dû démissionner de son poste de ministre pour être nommé à ce poste, succédant à sir Veerasamy Ringadoo. Ou encore, le MMM était d’accord avec son partenaire, le Mouvement socialiste militant (MSM) pour que sir Anerood Jugnauth (SAJ), Premier ministre en 2003, démissionne de son poste pour être nommé président de la République cette année-là. Le Deputy Leader du MMM, Ajay Gunness, justifie les critiques du MMM, en revenant sur ce qui s’est passé lundi. «Il y a d’abord la façon de faire du gouvernement. C’est seulement peu après la reprise de la séance du Parlement, lundi, que les députés ont su le nom des deux personnes qui allaient être proposées comme président et vice-président de la République. Il n’y avait aucun nom sur le libellé de la motion présentée par le Premier ministre. C’est un manque d’égard envers les parlementaires. Ensuite, je maintiens que ce sont deux hommes de parti. Eddy Boissézon a été un candidat battu lors des dernières législatives et il a été choisi pour être vice-président.»

Lorsque nous avons rappelé à Ajay Gunness que Cassam Uteem a été, lui, ministre du MMM juste avant qu’il ne soumette sa démission pour être nommé président, le leader adjoint des Mauves a insisté sur le fait que ce n’était pas la même chose. «Oui, Cassam Uteem a été politicien, mais il a démissionné comme ministre et aussi de toutes les instances du MMM. Et c’est en 1992, soit un an après les élections de 1991, quand le gouvernement MSM-MMM était sûr qu’il pouvait faire de Maurice une République, que la décision a été prise pour nommer Cassam Uteem. On n’était pas sûr avant les élections de 1991 qu’on aurait une majorité de trois quarts, qui a permis au MSM-MMM de voter en faveur de l’instauration de la République.»

Il ajoute que cela a été aussi le cas pour sir Anerood Jugnauth. Selon lui, il était connu d’avance que SAJ allait être Premier ministre pour trois ans, à partir de 2000, et ensuite devenir le président de la République à partir de 2003. «Même chose pour Kailash Purryag. Il a soumis sa démission comme speaker et a démissionné de toutes les instances du Parti travailliste pour être nommé président. Et avant le vote, tous les parlementaires savaient qu’il allait devenir président ».

 

 

L’exception Gurib-Fakim

<p style="text-align: justify;">Sir Veerasamy Ringadoo (nommé premier président de la République en mars 1992) a été ministre dans un gouvernement dirigé par sir Seewoosagur Ramgoolam. Karl Offmann, tout comme Cassam Uteem, a été ministre dans un gouvernement dirigé par SAJ. Kailash Purryag fut également ministre au sein de plusieurs gouvernements. Et bien sûr, Pradeep Roopun a été tout dernièrement ministre des Arts et de la culture sous le <em>&laquo;Primeministership&raquo; </em>de Pravind Jugnauth. Seule Ameenah Gurib-Fakim, présidente du 5 juin 2015 au 23 mars 2018, n&rsquo;a pas été une<em> &laquo;party woman&raquo;</em>, mais était néanmoins le choix du Muvman Liberater.</p>

 

 

Le poste de speaker aussi…

<p style="text-align: justify;">Il est bon de rappeler que tous ceux qui ont été nommés speaker de l&rsquo;Assemblée nationale depuis l&rsquo;Indépendance ont fait de la politique active. De sir Harilall Vaghjee à Sooroojdev Phokeer, en passant par les sir Ramesh Jeewoolall, Alan Ganoo, Ajay Daby, Iswardeo Seetaram, Premnath Ramnah, Kailash Purryag, Razack Peeroo ou encore Maya Hanoomanjee, les hommes et femmes de parti ont aussi occupé la présidence du Parlement.</p>