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Qualité de l’essence: «La STC a répondu trop hâtivement avec son premier communiqué»
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Qualité de l’essence: «La STC a répondu trop hâtivement avec son premier communiqué»
Le secrétaire exécutif de la Motors Vehicule Dealers Association estime avoir eu raison de demander à la State Trading Corporation de faire une enquête approfondie sur la qualité de l’essence. Toutefois, si les résultats des analyses plus poussées ont été reçus, ils ne sont pas rendus publics.
Si officiellement, l’omerta se poursuit sur l’essence qui serait à l’origine des «problèmes» recensés par la Motor Vehicle Dealers Association (MVDA) sur plus de 200 véhicules «européens comme japonais» depuis fin octobre, cette phrase lancée par Mrinal Teelock, le secrétaire exécutif de la MVDA, que nous avons interrogé, hier, en dit long.
Ce dernier confirme que les résultats des tests plus poussés demandés par le ministère du Commerce et de la protection des consommateurs et la State Trading Corporation (STC), en Angleterre, ont été obtenus. Il affirme qu’«avec son premier communiqué, la STC a répondu trop hâtivement». Sauf que Mrinal Teelock n’en dira pas plus car il affirme que la MVDA est en pourparlers avec le gouvernement.
Il conclut en disant que «si le problème a diminué en intensité, il reste toujours des voitures qui reviennent dans des garages pour être réparées». Et, surtout, que certains propriétaires de ces véhicules ont fait écho de leur intention de porter l’affaire devant les instances concernées.
De son côté, la Petrol Retailers Association (PRA) n’est pas plus avancée sur les résultats. «Nous sommes toujours dans le doute alors que nous, les propriétaires de stations-service, nous sommes dépendants de ce que nous livre nos maisons-mères respectives. Séki donn nou, nou bizin vandé», soutient Subash Hurpaul, secrétaire de la PRA.
Rendre publiques les analyses
Pendant ce temps, le leader de l’opposition, Arvin Boolell, insiste pour que les résultats des analyses soient rendus publics. Ce dernier révèle dans la foulée qu’un contingent de produit pétrolier comprenait un additif métallique. «Dans l’intérêt du public et vu que c’est un produit essentiel, pas seulement pour le parc automobile mais aussi pour d’autres opérateurs comme des propriétaires de bateaux ou des pêcheurs, la STC doit sortir un communiqué pour informer les consommateurs.»
Arvin Boolell va plus loin et appelle les victimes à déposer des plaintes devant la justice, afin de prendre des sanctions juridiques contre la STC. Le directeur général de la STC étant indisponible pour répondre à nos questions, hier, nous avons interrogé Ramchandra Bheenick, le président du conseil d’administration de l’entité étatique. Celui-ci affirme que les résultats préliminaires de ces tests réalisés en Europe sont arrivés mais que les résultats définitifs ne sont toujours pas parvenus jusqu’au «board».
Affaire sérieuse
«À première vue, on comprend que le produit est aux normes définies dans les spécifications mais pour le reste, je ne peux pas me prononcer», déclare Ramchandra Bheenick. Cependant, il trouve «chagrinant qu’il y ait eu des soucis». Le président de la STC fait valoir que c’est une affaire sérieuse. «On en discute et s’il faut prendre des mesures préventives comme améliorer le système de contrôle, on le fera. D’ailleurs, on l’a déjà renforcé.»
Quant à Yogida Sawmynaden, ministre du Commerce et de la protection des consommateurs il n’a pas répondu à nos nombreux appels, hier, pris dans des réunions.
La Mercedes d’Avinaash Munohur à l’agence depuis le 3 décembre
Sa Mercedes série C180, âgée de cinq ans, est à l’agence depuis le 3 décembre. Lui, c’est Avinaash Munohur, candidat malheureux du Mouvement militant mauricien au n°17, Curepipe-Midlands, aux dernières législatives.
Il témoigne qu’après les élections générales, il a envoyé sa voiture à l’agence, pour son entretien. «C’est à l’agence que j’envoie toujours ma voiture en servicing et cette fois-ci, aussi, l’agence a conclu que tout est dans les normes», confie-t-il. Sauf que le 3 décembre, alors qu’il roulait sur l’autoroute, sa voiture commence tout à coup à vibrer de tous les côtés, avant de connaître une nette perte de vitesse.
«J’ai appelé l’agence, qui a envoyé une dépanneuse. Tout de suite, ces gens-là m’ont dit que c’est un cas fort probablement dû à la qualité de l’essence et qu’ils avaient eu plusieurs cas similaires», poursuit Avinaash Munohur. Il précise qu’il fait toujours le plein d’essence à la même station-service, à Pointe-aux-Canonniers.
Depuis, sa voiture est au garage de son concessionnaire. Et, lorsqu’il s’est renseigné auprès des responsables sur place, il a appris que de graves problèmes pourraient être causés au moteur lorsque le niveau d’octane dans l’essence est extrêmement bas.
«J’ai été à l’agence pas plus tard qu’aujourd’hui (NdlR, hier, jeudi 19 décembre) et on m’apprend qu’a priori le problème de moteur de ma voiture est directement lié à l’essence. Le concessionnaire qui a fait faire des tests ici, a reçu des résultats mais il a aussi envoyé des échantillons d’essence dans les moteurs à l’étranger, pour être testés. Si, au départ, l’autorité concernée se voulait conciliante, à cet après-midi, elle ne maintient plus son intention initiale de prendre en charge les réparations», fait valoir notre interlocuteur.
Justement, question coûts, celui-ci confie que rien pour descendre le moteur, il faut compter Rs 36 000. «Puis, dans le meilleur des cas, pour changer uniquement le piston, il faut compter plus de Rs 200 000. Autrement, c’est carrément le moteur qu’il faut changer et pour ça, il faut compter plus de Rs 600 000», déplore Avinaash Munohur.
«Nous sommes, pour l’instant, dans le flou le plus absolu concernant une action potentielle du gouvernement. Il n’y avait aucun souci technique avec ma voiture. Avec tous les autres qui sont dans le même cas, nous attendons des explications de la part des autorités. Nous engageons également, avec les autres personnes ayant souffert du même préjudice, une action concertée auprès des autorités et espérons que notre demande sera entendue et prise au sérieux. C’est inacceptable d’en être arrivés là et il y a clairement eu un souci avec l’approvisionnement en essence.»
Il espère également que le gouvernement s’engage à revoir ses procédures de contrôle quant à la qualité de l’essence importée. «Il est inacceptable qu’un tel problème se soit produit dans un pays, et je cite le Premier ministre, qui sera bientôt ‘un pays à haut revenu’.»
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