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Sportive de l’année 2019: l’haltérophile Roilya Ranaivosoa ou la régularité primée

6 janvier 2020, 15:30

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Sportive de l’année 2019: l’haltérophile Roilya Ranaivosoa ou la régularité primée

Ils ont été nombreux cette année encore à se bousculer au portillon et à avoir réalisé des performances hors normes. Toutefois, la rédaction de «l’express» a porté son choix sur Roilya Ranaivosoa. C’est la deuxième année consécutive qu’elle est plébiscitée par nos journalistes.

Si le choix a une nouvelle fois été difficile tant le talent et les performances de nos athlètes ont une nouvelle fois été au rendez-vous, nous avons décidé de primer la régularité et la détermination à toute épreuve de cette Mauricienne aux ascendances malgaches. À 29 ans, elle est plus que jamais décidée à vivre son rêve olympique comme ce fut déjà le cas en 2016. Une belle sortie peut-être ? D’autant qu’elle avait déclaré à l’issue de son sacre aux Jeux des îles (JIOI 2019) qu’elle ne pourra pas toujours rester au haut niveau et qu’il faudra laisser la place aux jeunes.

En tout cas, si elle décide un jour de laisser tomber la fonte, il n’y aura certainement pas de regrets tant son palmarès demeure éloquent. 2019 a été l’occasion pour Roilya Ranaivosoa de tutoyer les sommets une fois de plus.

Pourtant, rien ne laissait présager une grosse année en termes de performance car 2019 avait démarré de manière laborieuse pour cette athlète qui concoure désormais chez les -49 kg. Engagée dans les Championnats d’Afrique au Caire au mois d’avril, elle est un peu passée à côté de son concours en prenant la médaille d’argent. Ce sommet continental est pourtant un peu son jardin pour s’y être imposée trois années durant (2016, 2017 et 2018). Elle est tout de même parvenue à réaliser 71 kg à l’arraché, 93 kg à l’épaulé-jeté pour un total olympique de 164 kg.

Déclic égyptien

En fait, le passage en Egypte a été le déclic pour cette habitante de Cité L’Oiseau qui a ensuite enchaîner les stages, les entraînements et bien évidemment les sacrifices. Surveiller constamment son poids et se maintenir à 49 kg vous épuise physiquement et moralement. Mais l’amour pour la fonte n’a pas de prix.

C’est pleine de détermination qu’elle s’avançait ensuite vers les JIOI 2019, sans aucune pression d’ailleurs. Pour la première fois, la catégorie -49 kg est présentée aux JIOI. Souvent précurseur, elle devient la première à graver son nom dans cette catégorie aux Jeux. Sans peine, elle avait enlevé les trois médailles d’or au gymnase James-Burty-David et devant un public en délire avec des performances de 80 kg à l’arraché, 97 kg à l’épaulé-jeté et 177 kg comme total olympique.

Elle participera ensuite aux Jeux africains de Rabat. Un tout autre niveau mais dans les codes pour notre sportive de l’année qui s’adjugera les trois médailles d’or (75 kg à l’arraché, 94 kg à l’épaulé-jeté et 169 kg au total olympique) avant de lâcher cette phrase lourde de sens : «J’avais dit que plus jamais je ne laisserai les Algériennes, les Egyptiennes et les Nigérianes passer devant moi après avoir perdu aux Championnats d’Afrique. C’est chose faite

Il y aura aussi cette triple consécration sur sa terre natale au cours des Championnats d’Afrique de la Zone 3. Des sacres au goût d’inachevé car pour celle qui veut toujours aller plus loin et qui se présente comme la favorite pour les «Sports Award», ce sont les Jeux olympiques qui sont désormais dans sa ligne de mire. La route vers Tokyo est encore longue et semée d’embûches mais elle s’y approche lentement mais sûrement et à la force de son courage et de sa détermination.

Haltérophilie : un bilan mi-figue, mi-raisin

Doushka Gopaloodoo commence à se frayer un chemin sur la scène internationale.
Espérons qu’il y aura une amélioration dans les relations entre athlètes et dirigeants.

Cette année encore, les performances livrées par les athlètes demeurent exceptionnelles. Records et médailles ont une nouvelle fois été au rendez-vous. C’est fort logiquement que la Fédération mauricienne d’haltérophilie (FMH) récolte une partie du mérite. Mais il ne faut pas se voiler la face, dans le petit monde de l’haltérophilie local, les problèmes ont toujours été légion. C’est même inscrit dans l’ADN de cette discipline depuis qu’elle existe sur le sol mauricien.

Les sorties sur la scène internationale n’ont pas manqué l’année dernière. Par ricochet, les médailles non plus. Le point d’orgue, si l’on peut le dire ainsi, au- ra été le rendez-vous régional que constituent les Jeux des îles (JIOI 2019).

Avec une sélection composée de vingt athlètes – 10 dans chaque genre – Maurice se lançait à l’assaut avec une confiance supplémentaire mais surtout avec un groupe constitué d’athlètes expérimentés et de la jeune garde. Bilan : 21 médailles d’or récoltées sur les 60 en jeu. À y voir de près, c’est une petite performance sachant qu’il y avait 24 médailles d’or en jeu. On peut même parler de régression car en 2015, il y avait 48 médailles d’or en jeu et les quadricolores avaient fait main basse sur 21 titres. Loin de nous l’idée de minimiser les efforts de nos leveurs de fonte. Au contraire. Mais les chiffres ne mentent pas. Il y avait donc la possibilité de mieux faire.

Summum

Roilya Ranaivosoa a une nouvelle fois été au summum. Outre les trois médailles d’or acquise sans peine aux JIOI, elle a brillé de mille feux à Rabat lors des Jeux africains où elle a récolté les trois titres. Ce fut aussi le cas à Madagascar où elle s’était alignée aux Championnats d’Afrique de la Zone 3.

Ketty Lent et Doushka Gopaloodoo, symboles de la jeune génération, n’ont pas été en reste. La première nommée s’est illustrée aux Jeux africains en récoltant trois médailles de bronze. La seconde a obtenu ses premiers lauriers dans une compétition d’envergure. Alignée aux Championnats d’Afrique de la Zone 3, elle y a obtenu une médaille d’or et une autre en argent.

On citera les frères Madanamoothoo, Anthony et Dorian, toujours ambitieux. Le retour de Cédric Coret au plus haut niveau après deux années d’absence pour cause de blessure ou encore la hargne de Yovin Gyadin et du jeune Khelwin Juboo sont aussi à saluer.

Ça c’est au rayon de ce qui a marché. Il y a aussi eu du moins bon. Tout n’a malheureusement pas bien fonctionné et c’est devenu une habitude. Déjà, le pont a été coupé entre athlètes et dirigeants. La rivalité est d’ailleurs tangible entre l’entraîneur national et un petit groupe d’haltérophiles.

Amateurisme

Et quand ce ne sont pas les dirigeants qui affichent leur amateurisme au grand jour, ce sont les athlètes qui se tirent dans les pattes. Une bien mauvaise publicité lorsque l’on sait qu’à Maurice, le sportif a toujours été mal considéré. Alors au lieu d’être solidaire et de faire front face au manque d’attention de la part du MJS et de la FMH, l’on préfère encore être à couteaux tirés.

Plusieurs rendez-vous majeurs seront une nouvelle fois au programme en 2020. On citera évidemment les Jeux olympiques. Les Championnats du monde Junior ou encore les Championnats d’Afrique seront aussi des compétitions intéressantes à suivre. Gageons que les performances seront aussi de la partie et que les esprits seront plus apaisés.

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