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Monde du travail: des syndicalistes évoquent 15 défis pour 2020

13 janvier 2020, 18:31

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Monde du travail: des syndicalistes évoquent 15 défis pour 2020

La grande reprise dans le monde du travail ayant eu lieu, les syndicalistes identifient les défis qui guettent cette nouvelle année. «L’express» a donné la parole aux présidents des fédérations syndicales du public et du privé.

Le tant attendu «Public Service Bill»

L’introduction du Public Service Bill en vue de donner une bouffée d’air frais à la fonction publique. «Ce projet de loi devrait aussi délimiter les pouvoirs des politiciens, des hauts fonctionnaires et des conseillers. Il s’agit d’une démarche très importante pour la santé de la fonction publique. Il faut qu’il y ait un ombudsperson qui traite les plaintes pour non-respect de la loi», affirme Radhakrishna Sadien.

Pour des recrutements transparents

Une refonte de la Public Service Commission (PSC), de la Disciplined Forces Service Commission et de la Local Government Service Commission. Ce, par rapport à leur fonctionnement, leur composition et les paramètres dans lesquels sont réalisés les entretiens. L’objectif : effectuer les recrutements en toute transparence. C’est l’avis de Radhakrishna Sadien. Dans la foulée, il réclame l’annulation de la délégation de pouvoirs de la PSC car il y a trop d’abus. Si, au niveau de cet organisme, on laisse entendre que c’est essentiellement le recrutement de ceux au bas de l’échelle qui se fait par délégation de pouvoirs, le syndicaliste affirme le contraire. D’ajouter que le Public Bodies Appeal Tribunal doit aussi être doté de davantage de pouvoirs.

Salaire minimum : Le réajustement tarde trop

Le salaire minimum a été introduit en janvier 2018 et le montant a récemment été revu à la hausse. Il est passé de Rs 9 000 à Rs 10 500 dès janvier 2020. Cependant, des fonctionnaires attendent toujours que leur salaire soit réajusté, car il y a une disparité. Les syndicalistes, dont Rashid Imrith, ont tiré l’alarme depuis l’introduction du salaire minimum. En vain.

Conditions de travail : Pour des discussions gouvernement-syndicats

La mise sur pied d’une instance de négociation nationale où seront discutées les conditions de travail des fonctionnaires. C’est ce que réclame Radhakrishna Sadien. «Ce comité sera appelé à donner des directives au Pay Research Bureau (PRB). Au lieu que celui-ci nous impose des conditions, comme c’est le cas actuellement. L’instance devrait regrouper le gouvernement et les syndicats», préconise-t-il.

Comité national tripartite : un secrétariat permanent réclamé

Il faut encourager la démocratie participative. Le dialogue social doit être renforcé. «Pour cela, il faut que le comité national tripartite obtienne un secrétariat permanent et que celui-ci fonctionne», déclare Radhakrishna Sadien.

Construire en harmonie avec l’environnement

Oui au développement, mais pas au détriment de l’environnement. Comme c’est le cas depuis un moment. Radhakrishna Sadien souligne qu’en vue du changement climatique, on ne peut pas parler de la protection de l’environnement uniquement lors de la journée qui lui est consacrée, le 5 juin. «On coupe les arbres et on plante des arbustes à leur place. Ceux-ci vont prendre des années à grandir et remplacer ces arbres qu’on a sacrifiés. Entre-temps, on continue à rencontrer plusieurs problèmes environnementaux, en raison du manque de verdure. On est arrivé au point de saturation en ce qui concerne la construction en béton au détriment de l’environnement.»

Les fléaux sociaux préoccupent

Les problèmes de société tels que la violence conjugale, les meurtres, les vols, la dégradation des mœurs, l’alcoolisme, la toxicomanie, entre autres, préoccupent la classe syndicale. «C’est au-delà de la politique. À quoi bon aspirer à devenir une économie à haut revenu alors que le social se dégrade ? Il y a eu des évolutions à plusieurs niveaux de notre société. Mais en ce qui concerne la mentalité, un gros travail reste à faire», soutient Radhakrishna Sadien.

Comment ça 10 000 emplois ?

Ce sera une année intéressante à suivre, d’autant que deux ministres concernés par le monde du travail, Vikram Hurdoyal, ministre de la Fonction publique, et le Grand argentier, Renganaden Padayachy, font, tous deux, leur baptême de feu. Du moins, c’est l’avis de Rashid Imrith. «Ils doivent, par exemple, nous dire comment et où va-t-on créer les 10 000 emplois promis par l’Alliance Morisien. Sans compter qu’il faut remplacer les fonctionnaires qui partent à la retraite, au nombre de 1 500. Vikram Hurdoyal doit, lui, nous dire comment il va transformer la fonction publique. À ce sujet, le discours programme du Premier ministre est d’ailleurs, très attendu.»

Formation des fonctionnaires

Le Civil Service College pour la formation des fonctionnaires ne devrait pas voir le jour de sitôt. «Là où il devait être situé, on n’a même pas encore construit les routes d’accès. Le collège est dans un trou», fait ressortir Rashid Imrith. Le contenu du curriculum, les fonctionnaires titulaires à suivre des cours, entre autres, restent encore à déterminer.

L’évaluation des ministres

L’instauration d’un Performance Appraisal System pour les ministres. Tout comme les fonctionnaires qui sont, eux, sujets au Performance Management System. «L’évaluation des ministres doit se faire chaque six mois. Au vue de leur performance, si besoin est, il faut procéder au remaniement ministériel», explique Rashid Imrith. Pourquoi évaluer les ministres ? «Le fonctionnaire attend la vision du ministre afin de définir les objectifs du ministère. S’il n’y a pas de vision, comment le fonctionnaire va-t-il atteindre cet objectif ?»

Projets nationaux : Que les syndicats soient consultés

La mise sur pied de comités conjoints regroupant le gouvernement et les syndicats lorsqu’il s’agit de projets de développement. C’est ce que demande Narendranath Gopee. «Il n’y a pas de consultation sur des thèmes à portée nationale tel le métro. Nous ne sommes pas contre le développement, mais plutôt contre la manière de faire du gouvernement.» Sur des sujets tels que le changement climatique, «le gouvernement n’a pas le monopole de l’intelligence. Le ministre n’est pas habilité à prendre toutes les décisions. Au sein des fédérations syndicales, des gens peuvent participer aux débats. Des hommes de terrain doivent être appelés à contribuer pas uniquement des universitaires», déclare Narendranath Gopee.

Compte tenu des facteurs tels que les promesses électorales (augmentation de la pension, gratuité des manuels scolaires pour les Grade 7 à 9, entre autres) ou encore le Brexit, l’économie du pays est au rouge. C’est l’avis de Narendranath Gopee. «Il va falloir exploiter de nouveaux marchés en Afrique. Ce sera dans l’intérêt du gouvernement d’appeler toutes les parties prenantes, dont des syndicats, autour d’une table afin de dégager une stratégie pour remonter la pente. Nous sommes un État insulaire isolé du monde et dépourvu de produits bruts ou autres ressources. Ce sera difficile pour une personne seule de trouver des solutions.»

Travailleurs étrangers

La mise sur pied d’un Migrant workers resource centre. «Celui-ci servira de one-stop shop où les travailleurs étrangers bénéficieront de toutes les informations concernant leurs droits. Car, souvent, des patrons abusent, allant même jusqu’à les renvoyer du pays sans passer par les autorités», explique Reeaz Chuttoo.

Surveillance électronique

Des employés qui travaillent sous la surveillance des caméras subissent une violence. «Ce ne sont pas des prisonniers qu’il faut surveiller à tout moment. Il n’y a aucune loi à ce propos à Maurice. On prépare un dossier. Et on en a déjà parlé à Soodesh Callichurn afin de présenter une législation», soutient Reeaz Chuttoo.

De meilleures conditions de travail

L’amélioration des conditions de travail des secteurs négligés reste un cheval de bataille. «Cinq ans se sont écoulés depuis qu’on a soumis des propositions en vue de réaliser des législations pour les éboueurs. En vain. Des employés du bâtiment n’ont pas droit à l’utilisation de toilettes. Les ouvriers agricoles sont toujours exposés aux produits toxiques, alors que les morsures chez ceux engagés dans l’élevage d’animaux ne sont pas considérées comme des notifiable accidents», explique Reeaz Chuttoo.