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Tempête tropicale: «Un cyclone favorise le maintien de la biodiversité»
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Tempête tropicale: «Un cyclone favorise le maintien de la biodiversité»
Quels sont les effets d’un cyclone sur la nature ?
On peut distinguer, en gros, deux grandes catégories d’effets de cyclones : le premier, un effet écologique plutôt direct et sur le court terme, comme des rafales, qui cassent des branches, déciment des populations d’animaux, occasionnent des chutes de fruits, causant une pénurie de nourriture dans les jours, semaines ou mois suivants, l’érosion de sol, entre autres.
Quelle est la seconde catégorie d’effets d’un cyclone ?
La seconde a un effet évolution, qui se distingue sur le plus long terme des siècles et des millénaires, etc. où des cyclones récurrents agissent comme moteurs de sélection naturelle pour favoriser une adaptation des espèces aux cyclones, par exemple, chez les arbres endémiques ou indigènes, l’évolution de bois plus durs, de branches plus courtes, d’arbres moins hauts, etc. qui favorisent la résistance aux cyclones. C’est la raison pour laquelle les arbres indigènes comme les ébéniers, résistent beaucoup mieux aux vents cycloniques que les espèces introduites comme le tulipier du Gabon, etc.
Donc, la nature à Maurice s’est habituée aux cyclones ?
À Maurice, par exemple, les cyclones font partie des phénomènes naturels suffisamment récurrents et ce, depuis des milliers, voire des centaines de milliers d’années ou plus pour influencer l’évolution de la flore et de la faune indigènes par sélection naturelle. Si une espèce indigène était trop sensible aux cyclones, elle aurait disparu depuis longtemps. Donc, s’il existe des espèces indigènes aujourd’hui c’est qu’elles se sont suffisamment adaptées pour survivre aux cyclones. Les arbres sont aussi beaucoup plus courts. C’est ce qui fait que les forêts à Maurice sont parmi les plus denses au monde.
Un cyclone comporte aussi des bienfaits. Pouvez-vous nous expliquer ses différents bénéfices sur l’environnement naturel ?
Dans un contexte naturel, les cyclones n’ont pas autant d’effets néfastes que nous pouvons imaginer. En fait, les cyclones sont même bénéfiques à la biodiversité indigène, puisqu’ils agissent en générateurs de perturbations, qui à leur tour, favorisent la régénération et la cohabitation de diverses espèces et donc permettent leur survie. Par exemple, si on devait ne plus avoir de cyclones, nos forêts indigènes seraient graduellement dominées par un nombre d’espèces d’arbres plus restreint, par exemple les plus hautes et compétitives, causant beaucoup d’ombre en dessous d’eux et entraînant le déclin, voire l’extinction des espèces plus petites et ayant besoin de plus d’ensoleillement.
Comment l’extinction est-elle prévenue ?
Le cyclone crée des trouées occasionnelles par la chute de certains arbres dans la canopée de la forêt, permettant la pénétration de plus de lumière par endroits, afin que ces espèces moins compétitives et nécessitant plus d’ensoleillement puissent continuer à survivre dans nos forêts. Les perturbations cycloniques sont donc, dans un contexte naturel, des moteurs de maintien de la biodiversité.
L’effet positif du cyclone est toujours le même depuis toutes ces années ou ses bénéfices diminuent-ils au fil du temps ?
Depuis quelques siècles, les humains ont introduit dans l’île un grand nombre de plantes exotiques envahissantes, qui généralement produisent plus de graines et poussent plus vite que les espèces indigènes. Quand un cyclone crée des trouées dans la canopée de la forêt et augmente l’ensoleillement du sous-bois, ce sont maintenant avant tout ces espèces exotiques envahissantes, qui profitent le plus, surtout en vertu de leur croissance plus rapide. Donc, par rapport aux plantes exotiques, les cyclones représentent alors plus des coups d’accélérateur à l’invasion de nos forêts indigènes par ces plantes comme le goyavier, ce qui entraîne une accélération de perte de notre biodiversité indigène. Il est donc primordial de contrôler ces plantes envahissantes comme le font le National Park and Conservation Service et Ebony Forest, entre autres, afin de réinstaurer les effets bénéfiques des cyclones.
Qu’en est-il du changement climatique ?
Il y a aussi malheureusement l’impact du changement climatique, qui occasionnera de plus en plus des phénomènes climatiques plus fréquents et plus intenses, y compris les cyclones. C’est inévitable que de tels changements dans la fréquence et l’intensité des cyclones aient des effets négatifs sur notre biodiversité indigène, simplement parce que ce n’est pas à quoi elle s’est adaptée pendant tout le temps qu’elle a évolué. À noter aussi que la vitesse des changements climatiques actuels est bien plus grande que les changements climatiques naturels passés, et cet état de choses diminuera donc fortement les possibilités pour beaucoup d’espèces d’évoluer suffisamment rapidement pour éviter l’extinction, comme elles avaient pu le faire jusqu’à présent.
Quid des animaux ?
Il y aura certes des effets écologiques néfastes sur le court terme, les vents cycloniques pouvant détruire des nids d’oiseaux, tuer des adultes, qui peuvent aussi mourir par hypothermie s’ils restent mouillés trop longtemps et n’arrivent pas à se nourrir, etc. Il a été noté que des cyclones de diverses intensités et durée ont causé des déclins de populations d’animaux parfois très importants comme entre 60 et 90 % chez les chauves-souris frugivores, par exemple. Par ailleurs, ce qui est bénéfique aux plantes, bénéficiera aux animaux, qui en dépendent également. Il y a aussi certaines espèces d’arbres, qui fleurissent abondamment après les cyclones, comme le fameux Bois de Cyclone, ce qui peut alors représenter un apport accru en ressources alimentaires pour des animaux se nourrissant de nectar et de pollen, par exemple.
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