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Viv Padayachy: «Notre avenir est à la fois à Maurice et en Afrique»

15 janvier 2020, 21:19

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Viv Padayachy: «Notre avenir est à la fois à Maurice et en Afrique»

Cybernaptics Ltd,  société spécialisée dans le domaine de la conception et de la proposition de solutions informatiques met le cap sur le continent par le biais  d’une nouvelle entité Cybernaptics Africa. Viv Padayachy fait le point sur cette initiative qui manifeste cette volonté à rechercher la croissance là où elle se trouve. 

Après 10 ans d’opération sur le sol mauricien, vous voilà à la veille de votre migration en Afrique. Quels sont les facteurs qui ont motivé cette migration vers le continent africain ? L’entreprise a-t-elle atteint le maximum de croissance qu’elle ne peut réaliser à Maurice ? Le marché local est-il saturé ou est-ce par pur esprit d’aventuriste ?
Une entreprise doit toujours être à la recherche de nouvelles opportunités de développement et d’expansion. L’île Maurice est le marché principal de Cybernaptics Ltd. Cependant, l’Afrique représente une terre d’opportunités dans notre secteur d’activités. D’abord, c’est un continent dont j’ai toujours voulu explorer les opportunités d’affaires  en tant qu’entrepreneur toujours à la recherche de nouvelles possibilités d’affaires.  Cette décision s’inscrit d’abord tout naturellement dans le cadre de notre ambition à aller bien au-delà de la manifestation actuelle du niveau de notre engagement. Ensuite, cette décision est en parfaite harmonie avec notre stratégie d’expansion. Nous avons toujours considéré que les possibilités d’expansion de Cybernaptics ne se cantonnent pas dans ce en quoi nous sommes en train d’y réaliser.  

Notre entreprise se porte très bien sur le marché mauricien. D’ailleurs, nous avons célébré nos dix ans d’activités et nous sommes aujourd’hui reconnus comme une des valeurs sûres dans le domaine de la technologie de l’information et de la communication. Aujourd’hui, Cybernaptics a obtenu la confiance d’une centaine d’entreprises mauriciennes dans divers secteurs tels que celui des services financiers, les différents services associés à la  logistique, la distribution ou encore le secteur  manufacturier. 

On peut généreusement évoquer également notre contribution pour que nos clients tirent profit des services évolués que des  technologies de l’information et de la communication ont rendu possible grâce à l’Internet of Things, une approche qui aura permis de réaliser  l’interconnexion entre l’Internet et des objets qu’ils soient physiques ou virtuels. Nous employons une quarantaine de personnes. D’année en année, nous enregistrons un taux de croissance satisfaisant. Cependant, en tout état de cause, l’élément qui aura été à la base de notre motivation pour bouger en direction du continent africain, c’est bien la possibilité d’explorer et d’exploiter les  perspectives de développement de nouveaux moteurs de croissance qui se manifestent. 

Votre décision de migrer vers le continent africain n’est-elle pas tributaire d’un sentiment qu’il existe  un certain nombre d’entreprises mauriciennes qui ont un même niveau de développement et qui risquent de plafonner ?
Il y a effectivement des facteurs intrinsèques qui risquent de freiner notre secteur d’activités, notamment au niveau de la disponibilité et du coût de la main d’œuvre qualifiée.  Il y a aussi certains facteurs socio-économiques qui risquent d’impacter notre avenir économique. Ce sont notamment le  vieillissement de la population, l’exode de nos jeunes professionnels, l’essoufflement de certains secteurs traditionnels tel que les secteurs agricole et manufacturier.

Quelle est la stratégie qui a précédé votre décision de vous installer sur le continent africain ?
Notre démarche s’insère dans le contexte de la mise en place d’approche  globale de développement pour Cybernaptics. Cette vision a été dévoilée en 2019 avec l’aide de nos actionnaires et de nos partenaires. Cette étape a été suivie par la mise en route d’une stratégie de développement étalée sur une période de  cinq  années. Notre investissement sur le continent africain est la manifestation d’un des principaux éléments de cette stratégie de développement. La somme d’expérience emmagasinée après dix ans d'activités nous a permis de développer de vraies solutions qui peuvent potentiellement trouver preneur sur le marché africain.

Qu’est-ce qui explique le fait que  finalement votre choix d’explorer le potentiel de développement du continent s’est porté sur l’Afrique du Sud et le Kenya ?
L’Afrique est un continent immense avec de nombreuses spécificités. Nous ne voulons commettre l’erreur d’appréciation du continent africain comme  une seule entité. Nos choix sont, une fois de plus, stratégiques. Le Kenya représente un important «hub» industriel dans la région de l’Afrique de l’Est. C’est aussi un pays qui fait preuve d’un environnement politique stable. Le secteur privé est très actif dans l’économie du pays. 

Ce sont des conditions que nous recherchions pour nous conforter dans notre conviction que l’heure était venue pour que nous engagions nos premiers pas en direction du continent africain.  Par contre, nous restons lucides. Nous nous attendons à faire face à une compétition plus rude que si nous avions initialement opté pour  évoluer dans les pays avoisinants. Nous sommes prêts à affronter les différentes facettes de cette compétition que nous ne pourrons pas éviter. Cependant, nous sommes confiants d’être en mesure d’atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés. 

Les motivations et les raisons qui vous ont incités à vous installer sur le marché kenyan sont-elles les mêmes qui ont modulé votre choix pour l’Afrique du Sud ? 
Le choix de l’Afrique du Sud est surtout dû à des raisons logistiques. Ce pays est mieux connecté au reste du continent que Maurice. Un bon nombre de nos partenaires y sont d’ailleurs basés. Un bureau dans ce pays, nous permettra, de toute évidence,  de rayonner sur toute la région de l’Afrique sub-saharienne bien plus facilement que si l’exploitation du potentiel de cette région du continent devait se faire directement à partir de Maurice.  Pour renforcer ce positionnement, nous venons donc de recruter deux directeurs africains. Peter Mc Lachlan sera le Head of International Sales de Cybernaptics Africa. Il sera affecté dans notre bureau basé en Afrique du Sud. Il possède une excellente connaissance de toute la région de l’Afrique sub-saharienne. Dans le sillage de  l’expérience acquise auprès de  Zebra Technologies, le leader mondial dans ce domaine, Peter Mc Lachlan a acquis un savoir-faire incontestable en matière de propositions de solutions de traçabilité. Quant à Collins Omondi, il sera notre Business Developer. Il va opérer à partir du  Kenya. Nous lui confions une mission de prospection de l’Afrique de l’Est.

Cybernaptics se propose-t-elle de se lancer dans de nouveaux secteurs d’activités sur le continent ?
La compagnie compte exploiter les domaines où elle possède déjà un savoir-faire, notamment dans le domaine de la traçabilité, de la mobilité et l’Internet des objets. Ce sont ces solutions que Cybernaptics Africa présentera, en priorité, sur le marché africain, notamment aux opérateurs engagé dans la vente au détail, le secteur manufacturier, la santé et les chaînes d’approvisionnement. Nous pourrons déployer, à plus grande échelle, nos solutions inspirées de l’Internet des Objets notamment dans les domaines de l’agriculture raisonnée, des énergies et la gestion des eaux. Nous sommes en mesure de soutenir une grande diversité des secteurs industriels. 
 
Quels sont les principaux obstacles qu’une société mauricienne désireuse de s’installer en Afrique doit-elle se préparer à affronter ?
L’obstacle principal reste la gestion des risques. Pour une société mauricienne, l’investissement en Afrique comporte beaucoup de risques. Il faut donc évaluer au mieux la portée de ces risques et mettre en place une méthode efficace capable de nous permettre à protéger le reste de l’activité commerciale de l’entreprise. Si jamais les choses tournent mal, c’est important de s’assurer que l’entreprise locale ne soit pas affectée. Les autres obstacles sont d’ordre financier. On peut évoquer entre autres le rapatriement des profits en devises ou encore la gestion du recouvrement. Notre capacité à gérer les différences culturelles, à maîtriser les   pratiques commerciales différentes et à assimiler le fonctionnement de la logistique notamment au niveau du service de dédouanement et du transport entre autres sera mise à rude épreuve. 

Quelle est la situation au niveau de la prédisposition mentale de vos ressources humaines ? 
On ne sera jamais assez «fully prepared». Parfois, il faut juste se jeter à l’eau et accepter certains risques. C’est une situation que tout entrepreneur doit vivre. Cependant, je réitère que les risques doivent être mesurés. Nous avons choisi de ne pas nous précipiter. Au cours de ces dix dernières années, nous avons acquis une certaine connaissance du marché africain. On travaille déjà au Malawi depuis plus de cinq ans avec un partenaire local. Aujourd’hui, nous passons à la vitesse supérieure.

Quelles sont les difficultés auxquelles vous serez confronté de façon inévitable dans un premier temps ? Que faites-vous pour vous protéger contre l’imprévisible et l’imprévu ?
Les problèmes logistiques et financiers représenteront notre plus grand défi. L’acheminement des équipements et des ressources nécessaires pour l’exécution des projets pourraient être délicat  dans certains pays. Nous devrons aussi absolument maîtriser la gestion du recouvrement.

Le monde de la technologie avance à grand pas. Quels types de technologies qui seront à la base de vos opérations ?
A Maurice, notre offre de services est basée sur quatre piliers. Il s’agit de l’IT Managed Services, de l’Infrastructure, du Software Development et du Business Solutions. Sur le continent africain, nous allons nous concentrer sur les solutions de traçabilité basées sur la technologie de codes à barres et les puces pour ce qui est de l’identification par radiofréquence. Ces solutions ont un domaine d’application très vaste. Elles peuvent couvrir les secteurs tels la vente et la distribution, la santé, la finance et le secteur manufacturier. Nous mettrons l’accent également sur la technologie dite l’Internet des Objets qui concerne l’utilisation de capteurs et l’analyse de données pour le contrôle industriel. 

Lorsqu’une société de votre calibre décide de migrer dans un pays étranger où commence et où s’arrête ses obligations envers l’Etat mauricien ?
Il faut comprendre que «Cybernaptics Ltd» en tant que compagnie locale n’émigre pas en Afrique. En fait, Cybernaptics reste bel et bien à  Maurice. C’est une nouvelle entité, appelée «Cybernaptics Africa» qui sera notre fer de lance en Afrique. Les deux compagnies sont, bien évidemment, deux compagnies sœurs. Elles seront appelées à travailler en étroite collaboration. Notre avenir est à la fois à  Maurice et en Afrique.