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Délinquance juvénile: au moins un mineur interpellé par jour
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Délinquance juvénile: au moins un mineur interpellé par jour
Les autorités ne savent plus quelle stratégie adopter pour faire entendre raison à certains jeunes. Malgré les causeries qu’organisent la police et les travailleurs sociaux pour les sensibiliser, le nombre de jeunes délinquants ne semble pas diminuer. La preuve, depuis le début de l’année, au moins un mineur par jour se fait interpeller par la police. Vols, attouchements sexuels ou encore fugues, la liste des délits commis par les jeunes depuis le début de l’année ne cesse de s’allonger.
Le 8 janvier, deux frères de six et neuf ans ont été interpellés par la Criminal Investigation Division de Pamplemousses pour vol de caméras et d’appareils solaires. Ils ont été interrogés en présence de leur mère, qui était visiblement dans tous ses états. «Mo latet fatigé mo pa koné ki pou fer ar zot», a-t-elle déploré.
Puis, il y a eu ce garçonnet de sept ans qui, la semaine dernière, a commis un vol sur les instructions de son père, âgé de 41 ans. Les deux se trouvaient dans un magasin et, à un moment, le propriétaire des lieux a laissé son téléphone sur le comptoir. Le quadragénaire aurait alors demandé à son fils de le subtiliser avant de sortir du magasin. En constatant la disparition de son téléphone, le propriétaire est vite remonté jusqu’aux suspects après avoir visionné les images des caméras de surveillance.
Le petit garçon a été interpellé et a expliqué à l’équipe du sergent Forod du Field Intelligence Office avoir agi sous les instructions de son père. Ce dernier a été placé en détention et il a comparu en cour le lendemain sous une accusation de 'giving instructions to commit larceny'.
Qu’est-ce qui explique ce rajeunissement de la délinquance? Ashitah Aujayeb-Rogbeer, chargée de cours en Criminal Law et Criminal Justice à l’université de Maurice, explique qu’un enfant qui commet un délit n’est pas conscient de l’acte et qu’il doit lui-même avoir été témoin au préalable de tels faits. Idem pour des cas d’attouchements. «Un enfant qui commet un acte sexuel n’en connaît pas la gravité. Il a dû avoir été témoin dans son entourage. Ce sont des enfants qui ont besoin d’encadrement et de suivi», explique-t-elle.
Concernant les vols, Ashitah Aujayeb-Rogbeer avance que c’est souvent l’enfant démuni qui cherche un peu d’argent ou quelque chose de valeur et qui pense que pour avoir ces choses-là, il faut forcément les voler. Et d’ajouter que «la justice est indulgente envers ces enfants, car ils n’ont pas conscience de la portée de leurs actes».
Et qu’en est-il des jeunes violents, dont des élèves du primaire ou des collégiens, qui s’acharnent sur leurs camarades et des personnes sans défense ? Mercredi, un collégien de 14 ans a été arrêté. Il est soupçonné d’avoir agressé un homme de 63 ans avec un bâton. C’était lors d’une bagarre à Bel-Air. Trois hommes ont aussi été appréhendés et ont comparu en cour sous une accusation de 'serious assault'.
L’adolescent a, lui, été autorisé à rentrer chez lui après un interrogatoire.
«C’est souvent le manque de valeurs, leurs conditions de vie ou parce qu’ils ont eux-mêmes été témoins ou victimes de ces actes qui les poussent à agir comme cela. Et ils ne savent pas comment gérer», commente Ashitah Aujayeb-Rogbeer.
De son côté, un officier de la brigade des mineurs fait ressortir que les offenses perpétrées par des mineurs ont toujours existé. Toutefois, il est d’avis que cela prend de l’ampleur de nos jours car ces délits sont davantage médiatisés. Il ajoute que les lois et procédures sont bien définies maintenant. «Après leur interrogatoire, certains enfants sont libérés sur parole, une enquête est menée et le dossier est soumis au bureau du DPP, dépendant de la gravité du délit. Le cas est aussi référé à la Child Development Unit. Dans d’autres cas si c’est nécessaire, l’enfant est placé dans un foyer», explique le policier.
Toujours selon notre interlocuteur, des adolescents sont, pour leur part, placés dans un centre de détention pour jeunes délinquants et comparaissent, par la suite, en cour. «C’est le magistrat qui décide s’il sera libéré ou pas, dépendant de la gravité du délit commis.»
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