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Développement et planification économique: EDB et le Trésor public se donnent des missions contradictoires

28 janvier 2020, 21:30

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Développement et planification économique: EDB et le Trésor public se donnent des missions contradictoires

La démarche de doter l’Economic Development Board (EDB) d’un Economic Advisory Council suscite interrogations et spéculations. Chacun cherche à comprendre la rationalité de cette mesure économique énoncée dans le discours-programme. D’autant que l’EDB est supposé être le think tank du gouvernement en matière de planification économique et industrielle. En fait, cet Economic Advisory Council vise à conseiller l’EDB, notamment sur le développement du nouveau paysage économique, selon l’item 90 du discours programme. Or, c’est justement le rôle affiché de l’EDB, comme son Chairman, Charles Cartier, avait tenté de le rappeler à l’express dans un récent article.

Tout en soutenant que la transformation économique du pays doit passer inévitablement par un renouvellement de sa stratégie d’industrialisation, le Chairman de l’EDB avait rappelé que «l’EDB est le seul organisme dont le mandat lui permet d’être le lien entre les autorités, le secteur privé et les investisseurs étrangers dans cet élan de renouvellement». Il avait ajouté que «l’élaboration de stratégies de développement doit se faire en parallèle avec la promotion de l’investissement pour assurer une croissance économique tangible et viable sur le long terme».

Pourquoi alors créer une nouvelle structure qui viendra alourdir les charges sociales de cette institution tout en se livrant à une duplication des tâches ? Le Chairman de l’EDB ne souscrit nullement à ce raisonnement. «Ce sont deux structures différentes», dit-il, en précisant qu’un Economy Advisory Council analyse les enjeux économiques d’un point de vue national et y apporte des solutions stratégiques en s’inspirant des tendances mondiales. «En Inde comme à Singapour, il y a des conseils semblables où siègent des spécialistes ayant des compétences disciplinaires. Nous privilégierons autant que possible les compétences locales mais si, dans certains secteurs, il faut faire appel à des talents étrangers, nous le ferons.» D’ailleurs, il estime que cet advisory council a besoin de thought leaders pouvant apporter une expertise internationale dans l’orientation économique et industrielle du pays. Tout en agissant parallèlement comme des précurseurs pour identifier des secteurs innovants susceptibles de générer de la croissance à l’économie du pays.

Certes, la perception que l’avènement de ces deux structures vise à caser des proches du pouvoir est forte dans l’esprit de certains observateurs économiques ou encore parmi le grand public. Cela d’autant plus que l’EDB opère dorénavant sous la tutelle du ministère des Finances et du Développement économique et que le discours-programme fait également mention de la création d’un Economic Research and Planning Bureau en son sein. «Which is which ? On ne comprend pas cette démarche gouvernementale. Il y aura deux institutions qui vont faire la planification», explique un économiste qui a préféré garder l’anonymat.

Non, rétorque un proche du board de l’EDB. «Il peut y avoir cette impression mais les fonctions du ministère des Finances et de l’EDB sont clairement définies.» L’EDB a une approche sectorielle par rapport aux secteurs économiques, qu’ils soient traditionnels ou émergents comme l’intelligence artificielle, la biotechnologie marine ou encore l’industrie de la création. «Nous intervenons en fonction des demandes spécifiques des investisseurs en essayant d’apporter des réponses à leurs interrogations. En revanche, le bureau du développement économique et de la planification, qui sera éventuellement rattaché au ministère des Finances, suit les grands indicateurs et tendances macro-économiques ainsi que des projections.»

Notre source à l’EDB indique par ailleurs que tout ce qui touche aux problématiques du déficit budgétaire, de la dette publique ou encore du coefficient de Gini relève des compétences des analystes de ce bureau. D’ailleurs, celui-ci aidera à traduire le chapelet de mesures du discours-programme en un plan d’action cohérent au sein duquel les opérateurs du public et du privé seront appelés à opérer. De plus, le Chairman de l’EDB insiste sur le fait qu’il y aura une synergie d’actions et de réflexions entre l’EDB et le bureau de la planification économique. Sollicité, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy n’a pas donné suite à nos appels. Duplication des tâches ou volonté de définir une feuille de route pour réfléchir aux enjeux économiques et sociétaux du pays ? Le débat est lancé…