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Des doutes sur le profit de Rs 7 millions de la MauBank

29 janvier 2020, 22:48

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Des doutes sur le profit de Rs 7 millions de la MauBank

L’annonce d’un profit de Rs 7 millions pour la MauBank au 30 juin 2019 suscite actuellement l’étonnement et l’incompréhension. Si certains se réjouissent que cette institution renoue enfin avec la performance financière, après une accumulation de pertes, d’autres se posent en revanche des questions sur ce début de profitabilité, s’interrogeant si ce ne serait pas l’œuvre d’une comptabilité «trompeuse».

À Rivière-du-Rempart le 23 janvier, à l’issue de l’ouverture d’une succursale de la MauBank, Premchand Mungar, le Chief Executive Officer (CEO) de l’institution, annonçait fièrement les résultats financiers. Et ce, après un passage de six mois seulement à la direction de l’établissement bancaire.

Sa principale source de satisfaction, dit-on dans son entourage, est le fait d’avoir pu «turn around» cette banque qui avait subi des pertes de Rs 50 millions pendant les six mois précédents, soit pour la période correspondante du 1er juillet au 30 juin 2018.

Pour les spécialistes, le nouveau CEO aurait dû réaliser des bénéfices de Rs 100 millions pour les trois mois allant du 1er avril au 30 juin 2019 pour dégager une telle profitabilité. Vu que les résultats financiers de la banque pour les neuf mois précédents (1er juillet 2018 au 31 mars 2019, MauBank) indiquaient des pertes de Rs 93,8 millions. «Si cette tendance se poursuit durant les prochains trimestres, la banque se retrouverait avec un profit avant impôt d’au moins Rs 400 millions en 2020!», ironise un expert-comptable.

«Party-related transaction»

Or, une lecture attentive du rapport annuel de la banque  pour l’année financière se terminant au 30 juin 2019 révèlerait un «deceptive mechanism» auquel la banque aurait eu recours pour diffuser une situation financière positive.

D’abord, il y a, selon les explications d’un comptable, des transactions «party-related» à la page 149 du rapport annuel. L’annexe 5 montre que la banque a généré des revenus de Rs 323,1 millions provenant des transactions d’une société-sœur et de la holding au 30 juin 2019.

Cette «party-related transaction» concerne un prêt de Rs 3,2 milliards octroyé par la banque à sa société holding, dégageant ainsi des revenus divers pour l’établissement bancaire s’élevant à Rs 323,1 millions. Soit un «Interest Income» de Rs 113,1 millions, un «Management Fee Income» de Rs 76,4 millions, un «Recovery Fee Income» de Rs 38,2 millions et autres «Fee Income» de Rs 9,1 millions provenant de sa filiale et Rs 86,2 millions de la société holding. Soit un total de Rs 323,1 millions. Cette transaction, dit-on, entre la banque d’une part et la société-sœur et sa société holding de l'autre, était au départ «at arm’s length».

Frais augmentés

Toutefois, il ressort qu’en 2019 les différents frais auraient augmenté par trois fois pour doper les revenus de la banque. Ainsi, le Management Fee, qui était de 0,5 %, aurait augmenté de 1,5 % alors que le Recovery Fee serait passé de 1,5 % à 5 %. Résultat des courses : des revenus additionnels issus de frais (Fee Income) totalisant Rs 80 millions sont inclus dans les résultats de juin 2019. D’ailleurs, on relèvera que le «Fee Income» pour les neuf mois clos le 31 mars 2019 s’élevait à Rs 142,4 millions. Il est passé à Rs 247 millions pour l’année financière au 30 juin 2019.

Par ailleurs, le rapport annuel de la banque montre également que celle-ci a engrangé des revenus suivant la vente de ses obligations. En effet, le relevé des revenus de la banque pour l’année financière au 30 juin 2019 comparé à celui des neuf mois se terminant au 31 mars montre que le «Trading Income» était respectivement de Rs 176,2 millions et Rs 75,3 millions.

Ce qui implique, selon des spécialistes, que pour les trois mois allant du 1er avril au 30 juin 2019, les revenus liés aux activités commerciales (Trading Income) s’élèveraient à Rs 100,9 millions. Ce qui découle essentiellement de la vente d’obligations, dont le montant de Rs 75 millions devrait être traité comme un item exceptionnel.

D’autre part, il faut aussi compter sur une somme de Rs 6,97 millions, payable à la société-sœur de la banque, qui se serait retrouvée comme un revenu de la banque.

Autant d’interrogations sur le profit de Rs 7 millions qui font dire aux experts de la finance que sans l’augmentation du «Fee Income» de Rs 80 millions et le profit exceptionnel de Rs 75 millions sur la vente d’obligations, MauBank se retrouverait avec des pertes de Rs 156 millions (Rs 162 millions pour l’année financière se terminant au 30 juin 2019.

Décidément, les années passent et se ressemblent pour la MauBank...

La logique de la MauBank

Dans une déclaration à l’express, MauBank explique pourquoi les «fees» et autres recettes provenant de la vente d’obligations ont été comptabilisés. C’est le cas du montant de Rs 247 millions pour l’année financière se terminant au 30 juin 2019. La direction de la banque rappelle également des «Net Fees» de Rs 49,9 millions dans les résultats du 30 septembre 2019, soit une moyenne de Rs 16,6 millions mensuellement.

Et rappelle que, sur la base de cette tendance, la banque enregistrera une somme de Rs 200 millions sous forme de «net fee and income». Ce qui explique la rationale «behind not accounting for a sustainable fee and commission income». Quant à la vente d’obligations, la direction de MauBank soutient que cette pratique existe depuis juin 2017 et qu’elle s’est poursuivie en juin 2018 et 2019.