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PTr: les dessous des cinq expulsions
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PTr: les dessous des cinq expulsions
Il faut remonter à plus de quatre décennies pour voir le Parti travailliste (PTr) sanctionner autant de ses membres. Certes, c’est en 1978 que des députés avaient été expulsés du parti, mais la sanction récente contre cinq membres relève quand même d’une décision qui mérite qu’on s’y attarde.
L’exécutif du PTr, réuni mercredi, n’avait aucun agenda, surtout pas une éventuelle sanction de cinq de ses membres. C’est quand Navin Ramgoolam a mentionné les cas d’indiscipline de certains membres qu’une majorité de ceux présents (ils étaient une cinquantaine) ont lancé : «Fou zot dehors!» Ces «zot» sont: Krishna Molaye, Yatin Varma, Balkissoon Hookoom, Raj Pentiah et Prateebah Bholah. Le sort a voulu que les quatre derniers mentionnés ont tous été impliqués dans la campagne électorale au no 7 (Piton-Rivière-du-Rempart). Le leader du PTr s’est évidemment bien renseigné avant de réclamer des sanctions contre eux.
Que s’est-il passé dans cette circonscription, où beaucoup de personnes pensaient que le PTr allait faire élire ses candidats, nommément Anjanee Bhowon, Satish Faugoo et Sanjeev Chengappa-Naidu ? Selon des agents rouges à qui nous avons parlé mais qui préfèrent garder l’anonymat, il y a eu un «affrontement» entre ceux qui travaillaient la circonscription à la veille du Nomination Day. Raj Pentiah est celui qui s’est exprimé haut et fort. Il a été prié par le leader du PTr de retirer sa candidature en indépendant, mais il a donné une banale explication selon laquelle il s’est trompé de centre pour effectuer le retrait de sa candidature. Dès lors, la direction du parti rouge est arrivée à la conclusion qu’il jouait un «vilain rôle».
Déception
Balkissoon Hookoom, déçu de n’avoir pas obtenu d’investiture, s’en est pris à Anjanee Bhowon dans des réunions privées, ce qui a été vite découvert. Prateebah Bholah, dès qu’elle a appris qu’elle était hors-jeu, s’en est prise à la direction sur sa page Facebook. Elle se disait déçue. Même si elle a tenté de mener campagne en faveur des trois candidats et qu’elle était présente à un congrès durant la campagne au collège Universal où Navin Ramgoolam a pris la parole, elle n’est pas montée sur un podium du PTr après le Nomination Day.
Reste Yatin Varma, celui qui, aux dires de beaucoup de partisans du PTr, a freiné la campagne des trois candidats, surtout celle de Satish Faugoo. Même quand il a été nommé campaign manager, il n’a pas jeté tout son poids dans la bataille. «Il s’est contenté d’être présent sur une base et de donner des directives sans se mouiller à fond», nous confie un fidèle du PTr. Lui, qui pourtant a présidé le même congrès auquel a assisté Prateebah Bholah au n°7 durant la campagne, a eu au moins en deux occasions une prise de bec avec Satish Faugoo. «À un certain moment, les jurons fusaient entre les deux et je craignais même des coups entre les deux.»
Nos interlocuteurs déclarent que, même s’il n’a pas obtenu de «ticket», l’ancien ministre Sutyadeo Moutia a soutenu les candidats et il n’a donc subi aucune sanction. Tous ces incidents, nous ont affirmé nos interlocuteurs, ont été racontés au leader. Celui-ci, qui voyait déjà en Yatin Varma une menace pour son leadership, surtout après sa fameuse tribune, a quand même attendu son heure pour agir.
Les expulsés: «donnez-nous des preuves que nous avons travaillé contre le parti»
<p style="text-align: justify;">Quatre des cinq membres expulsés du PTr, nommément Yatin Varma, Raj Pentiah, Balkissoon Hookoom et Prateebah Bholah, démentent avoir travaillé contre les trois candidats rouges dans la circonscription no 7. Lors d’une conférence de presse hier, les quatre politiciens ont lancé un défi à Navin Ramgoolam de produire des preuves selon lesquelles ils ont mené campagne contre Anjanee Bhowon, Satish Faugoo et Sanjeev ChengappaNaidu. <em>«Nous sommes des boucs émissaires et la direction du parti a tort de nous attribuer la défaite de ces candidats.»</em> Raj Pentiah, qui dit avoir démissionné du PTr bien avant les élections, explique comment Navin Ramgoolam l’a traité, lui qui a démissionné de son poste de magistrat et qui a été toujours aux côtés du leader du PTr depuis son arrestation en 2015. Yatin Varma, citant l’article 14 de la constitution du PTr, soutient que son expulsion et celle des autres sont illégales. Selon lui, la direction aurait dû mettre sur pied un comité disciplinaire composé de pas plus de cinq membres du parti pour les entendre et mener une enquête pour établir s’ils sont coupables d’indiscipline. Pour l’heure, à l’exception de Krishna Molaye, les quatre expulsés disent constituer une force et qu’ils décideront bientôt de leur avenir politique. Ils prévoient aussi d’autres démissions au sein du PTr. À une question de la presse, Yatin Varma a affirmé qu’après mercredi, il a eu une conversation avec Arvin Boolell et Shakeel Mohamed.</p>
Rama Valayden «ignoré» par le Parti travailliste
<p style="text-align: justify;">Le comité exécutif du Parti travailliste a sanctionné plusieurs de ses membres, à l’exception de Rama Valayden qui avait intégré le parti en 2015. Pourtant, l’avocat avait publié une opinion dans les colonnes de l’express du 15 novembre 2019, ayant pour titre <em>«Navin Ramgoolam must go now».</em> <em>«J’ai l’impression qu’ils m’ont mis à l’écart. Je ne sais pas ce qui se passe au sein du parti. Je présume que c’est suite à ma lettre publiée dans la presse. Pourtant, j’avais exprimé mon opinion avec quelques cadres du PTr avant les élections leur disant qu’on allait perdre s’il n’y avait pas de changement. C’est dommage. J’étais très actif pour le PTr pendant la période noire après les élections de 2014.»</em> Pour lui, ce sont ceux qui n’apprécient pas les personnes qui ont le sens de la critique et de la liberté de pensée qui l’ont écarté. <em>«Le Parti travailliste doit aller de l’avant. C’est un parti qui a une histoire et un ADN. Ce n’est pas juste une personne. Je ne dis pas qu’il faut mettre qui que ce soit à l’écart, mais il faut réorganiser le parti pour préparer un programme bien défini après des consultations.»</em> Sollicité par <em>l’express,</em> le président du PTr, Patrick Assirvaden, affirme que les Rouges sont en contact avec l’avocat. <em>«Il a été absent lors des dernières activités. Nous présumons que c’est pour des raisons de santé mais on est en contact avec lui.»</em></p>
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