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BoM: Rs 3,5 milliards pour éponger l’excès de liquidités

6 février 2020, 18:17

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BoM: Rs 3,5 milliards pour éponger l’excès de liquidités

Tous les gouverneurs de la Banque de Maurice (BoM) le soulignent, mais la problématique demeure. Le coût financier pour éponger l’excès de liquidités ne cesse de prendre l’ascenseur.

Le gouverneur de la Banque centrale (BoM), Yandraduth Googoolye, est catégorique : le coût pour éponger l’excès de liquidités a atteint un niveau record. Pour l’année financière se terminant au 30 juin 2019, la BoM a dû casquer la somme de Rs 3,5 milliards. Ce qui représente une hausse de 45,8 % par rapport à l’année financière précédente (2017-18).

Dans le dernier rapport annuel, rendu public mardi sur le site de la banque, le gouverneur insiste sur l’indépendance de son institution par rapport à l’utilisation du Special Reserve Fund pour financer la dette extérieure du pays.

Le patron de la BoM soutient qu’en dépit de ce coût élevé pour stériliser cet excédent d’argent dans le circuit monétaire, la BoM a malgré tout réalisé des bénéfices de Rs 84 millions. Et ce, par rapport à des pertes nettes de Rs 444 millions subies l’année dernière. Mais aussi tout en ramenant le taux bancaire en ligne avec le taux directeur afin d’améliorer l’efficience opérationnelle de la politique monétaire.

D’ailleurs, la BoM se propose de rehausser le cadre opérationnel de la politique monétaire en apportant un nouveau dynamisme dans le système de transmission. Brossant un tableau sur la politique monétaire, couplée aux grands indicateurs macroéconomiques, Yandraduth Googoolye rappelle la volonté de la BoM d’intervenir sur le marché de forex afin de contenir la volatilité du taux de change. Et d’assurer qu’il reflète les fondamentaux économiques, plus particulièrement les pressions du marché de forex. Il cite les recommandations du Fonds monétaire international privilégiant la politique d’intervention de la BoM, avec comme objectif la constitution des réserves en devises étrangères afin de développer la résilience du pays contre des chocs externes.

Du coup, le patron de la BoM souligne les différentes interventions de la BoM sur le marché de forex pour racheter USD 465,9 millions en 2018-19. Résultat des courses : le niveau des réserves officielles brutes a augmenté de USD 0,5 milliard pour passer à USD 7,2 milliards, soit Rs 253 millliards à la fin de juin 2019.

Par ailleurs, la BoM, selon le gouverneur, s’engage avec des experts internationaux pour améliorer la gestion de son bilan vu que cet exercice aura de larges implications macro-économiques. Il est essentiel, dit-il, d’assurer que le bilan de la Banque centrale demeure solide, permettant ainsi d’atteindre des objectifs efficacement pour pouvoir satisfaire la confiance du public.

Et quid de la performance économique ? Le gouverneur note à cet effet que l’économie domestique demeure dans l’ensemble positive, soutenue par la confiance des entreprises. Toutefois, les récents développements économiques à l’échelle mondiale pour- raient influer négativement sur ce climat de confiance. Pour cause, la croissance réelle du PIB est estimée à 3,8 % en 2019, soit le même taux que 2018, tirée par une forte croissance au niveau de la consommation ménagère et d’une hausse considérable des investissements publics.

Les perspectives de croissance à court et moyen termes qui sont tributaires aux risques, couplées à l’escalade des tensions commerciales, les risques d’une guerre des devises et de l’existence d’un «no-deal Brexit» au Royaume-Uni sont autant des facteurs qui sont susceptibles d’affecter la demande extérieure pour les exportations des biens et services, soutient le gouverneur.

Autre inquiétude de la BoM : de nouveaux défis liés au secteur d’exportation, dont l’érosion de la compétitivité extérieure, la délocalisation de Maurice des sites de production pour s’installer dans des endroits financièrement plus rentables ainsi que des perspectives sombres dans les principaux marchés d’exportation.

Dans la même foulée, l’analyse du gouverneur cite le déficit du compte courant qui continue à se dégrader en 2018-2019. Il a augmenté de 4,6 % du PIB en 2017-18 pour atteindre 5,7 % du PIB en 2018-2019. Et ce, en raison du déficit commercial qui se creuse en raison des importations liées aux projets d’infrastructure.

Indépendance

Yandraduth Googoolye persiste et signe. Il soutient que l’amendement à la Bank of Mauritius Act 2004 ne mettra pas en cause à l’indépendance de la BoM. Il faisait référence à la mesure budgétaire de 2019- 20 pour utiliser le Special Reserve Fund (SRF) pour rembourser une partie de la dette publique.

Spécifiquement, indique-t-il, le SRF est utilisé prioritairement pour renforcer le capital de la banque et faire face au coût de ses opérations monétaires. «C’est seulement après que le SRF pourrait être utilisé par le gouvernement central pour rembourser sa dette publique. Cela, à condition que cette démarche ne vienne pas affecter négativement la conduite des opérations de la banque.» Et d’ajouter que ce sont les directeurs du board qui auront la responsabilité finale de décider du transfert de ce SRF.

Pour rappel, l’express avait révélé dans son édition du 22 janvier le transfert de Rs 18 milliards du Special Reserve Fund de la BoM au Trésor public pour rembourser une partie de la dette publique avant l’échéance de juin 2021.