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Le Morne: les pêcheurs se sentent mis sur la touche
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Le Morne: les pêcheurs se sentent mis sur la touche
Le Morne, village de pêcheurs, ne réjouit plus ces derniers car la pêche est devenue difficile.L’association des pêcheurs professionnels du Morne évoque les conditions difficiles de leurs membres.
Rien ne va plus pour les pêcheurs du Morne. C’est du moins ce qu’affirme Antoine Louis Verloppe, président de l’association des pêcheurs professionnels du Morne. Ce dernier martèle que cela fait plus de dix ans qu’il n’y a pas eu de rencontres consultatives entre le ministère de la Pêche et les acteurs du secteur. D’où sa question : «Existe-t-il vraiment un ministère de la Pêche?»
Le président de l’association revient sur les difficultés auxquelles sont confrontés les pêcheurs. «La pêche, ce n’est pas un métier pour tout le monde. C’est un métier rempli d’incertitudes. Nous sortons le matin et nous ne savons pas si nous aurons suffisamment de prises pour gagner notre vie», raconte-t-il. Shamah Lallingh, secrétaire de l’association, abonde dans le même sens. Ce dernier compte plus de 47 ans d’expérience en tant que pêcheur. Ils sont 49 pêcheurs enregistrés, incluant quatre femmes du village. «Nous tenons absolument à rencontrer Sudheer Maudhoo, le nouveau ministre de la Pêche. Prem Koonjoo, son prédécesseur, n’a jamais jugé utile de nous rencontrer. Et pourtant, nous avions tant de choses à lui dire.»
Aux dires des deux représentants de l’association, les pêcheurs du Morne se sentent délaissés et disent ne pas bénéficier de grand-chose. Ils citent le bad weather allowanceet soutiennent que cette somme est insuffisante. «Le dimanche et les jours fériés ne sont pas considérés. Nous ne bénéficions que d’une détaxe sur les moteurs hors-bord. Les lignes, les filets, les casiers et d’autres pièces de bateaux sont coûteux. Après le passage des cyclones, les pêcheurs doivent trouver des sous pour réparer leurs casiers abîmés et parfois leurs bateaux lorsqu’ils n’ont pas eu le temps de les retirer de l’eau et les mettre à l’abri. Nous ne gagnons presque rien», déplore-t-il.
Cela dit, Antoine Louis Verloppe reconnaît l’existence du Fishermen Welfare Fund, qui est un fonds pour les pêcheurs et leurs familles. Toutefois, aux dires de ce dernier, jamais un pêcheur au Morne n’a pu en bénéficier. «Si nous allons à la banque pour un prêt, on nous dit qu’il nous faut un garant qui travaille dans le secteur public. Mais pour nous, notre seule garantie c’est notre carte de pêcheurs.»
Les pêcheurs ne peuvent travailler après la retraite car dès qu’ils atteignent l’âge, leurs cartes de pêcheurs leur sont enlevées. Ils ne reçoivent pas non plus de boni de fin d’année.
«Nous n’avons jamais eu de 13e mois. Pourtant les fonctionnaires du ministère de la Pêche ont leur boni de fin d’année tous les ans. Et si nous n’existions pas, le ministère de la Pêche n’aurait pas existé. C’est triste à dire, mais nous n’avons pas la vie facile», avance Shamah Lallsingh.
Sollicité, Sudheer Maudhoo, le nouveau ministre de la Pêche, a fait ressortir qu’il a pu rencontrer quelques pêcheurs lors de la cérémonie marquant l’abolition de l’esclavage, le 1er février, au Morne. Il avance qu’il a l’intention d’aller à la rencontre des associations de pêcheurs dans les jours à venir et qu’il tiendra compte des revendications et autres demandes des pêcheurs du Morne.
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