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Fabrice David: «Il faut du changement au sein du PTr»

8 février 2020, 17:25

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Fabrice David: «Il faut du changement au sein du PTr»

Le fils de l’ancien ministre James Burty David a fait un discours qui a été salué par l’opposition tout comme des membres du gouvernement lundi. Fabrice David reconnaît que son patronyme l’a aidé. D’autre part, il est pour le changement au Parti travailliste.

Êtes-vous fier de votre intervention au Parlement?
C’était une fierté et une responsabilité d’avoir été choisi pour être le tout premier intervenant. En tant que novice, je me suis rendu compte de la responsabilité que cela implique. J’ai toujours suivi les débats parlementaires à la télévision ou sur mon smartphone. Je me retrouve plongé dans l’arène politique participant aux débats, me mettant debout pour les électeurs et pour parler non seulement devant les élus, mais aussi devant la population.

En toute sincérité et en toute humilité, je pense avoir donné le meilleur de moi-même pour cette première. J’ai surtout voulu ne pas tomber dans le piège d’être un opposant agressif et démagogique. J’ai reconnu les bonnes mesures. J’ai fait des critiques constructives. Je n’ai fait aucune attaque personnelle. Je n’attaque jamais les hommes et les femmes. Je peux m’attaquer à une politique, à une idée ou à un projet. J’ai essayé d’être fidèle à mes convictions et à mes valeurs. Je laisse à la population et aux électeurs le soin de juger ma prestation.

Pourquoi tout abandonner en France pour venir faire de la politique à Maurice?
J’ai quitté Maurice à l’âge de 19 ans et j’ai passé 19 ans en France. J’ai vécu autant d’années dans mon pays natal que dans mon pays d’adoption. Je réfléchissais à la contribution que je voulais apporter à mon pays. Je travaillais en France, mais je me suis dit qu’il faut rentrer pour apporter ma contribution en tant que professionnel de l’environnement et de l’énergie. Ce sont des sujets d’avenir sur lesquels Maurice doit se positionner et innover pour pouvoir faire face aux nouveaux défis. En parallèle de cet engagement professionnel, l’engagement politique est venu s’y greffer tout naturellement.

Désormais vous êtes dans l’opposition. Avez-vous des regrets?
Je ne suis pas entré en politique pour être au gouvernement uniquement. Évidemment, quand on est au gouvernement, on prend des décisions. On apporte rapidement et d’une façon plus tangible sa contribution. J’entre en politique pour véhiculer mes idées, mes valeurs et ma vision pour mon pays, pour les jeunes, pour les démunis, pour les vulnérables et pour les femmes. D’ailleurs, je suis très fier d’être membre du Gender caucus, le comité parlementaire sur l’égalité des genres. En tant qu’homme, je défendrai plus passionnément la cause féminine. C’est un combat qui doit être mené par toutes et par tous.

Lorsqu’on entre dans une course, c’est pour la gagner. C’est ce que j’avais souhaité comme tous les candidats de l’Alliance Nationale. On est 26 députés dans l’opposition, nous ferons pleinement notre travail et nous critiquerons d’une façon constructive pour que notre pays en sorte gagnant.

Vous avez été élu à votre première participation. Quelle était la formulegagnante ?
Je suis élu en tête de liste dans une circonscription qui est historiquement et statistiquement difficile pour le PTr. Le dernier député du parti était James Burty David, mon père, décédé en 2009. Pendant dix ans, cette circonscription n’avait aucun député rouge alors qu’il y a eu deux élections générales. En 2010, le PTr avait même eu la majorité, mais aucun candidat au n°1. Le dernier député élu rouge en tête de liste dans cette circonscription sans le MMM remonte à l’époque avant l’Indépendance. On peut parler d’exploit historique, mais ce n’est pas un exploit personnel, mais collectif. Il y a eu toute une équipe derrière. C’est leur réussite à travers moi.

Portant le nom de David vous a aidé? 
James Burty David a laissé une empreinte indélébile dans la circonscription, où il a été député pendant 14 ans. Durant la campagne électorale, je me présentais comme Fabrice David, très souvent la réaction était: «C’est vous le fils de James Burty David.» Je répondais avec un sourire et une fierté. Les gens me parlaient si souvent de lui comme s’ils l’ont rencontré il y a une semaine. Ils m’ont tous parlé de la contribution du député David et du ministre David. Le nom David et être le fils de mon père m’ont aidé. Le nom David existait depuis 1995 quand mon père y a été élu pour la première fois en tête de liste. Il existera encore. Moi, je construis le prénom Fabrice.

«Les expulsions, ce n’est pas une décision imposée par Navin Ramgoolam, mais une décision collective.»

Est-ce que vous pensez que les expulsions au sein du PTr sont justifiées ?
J’étais présent au bureau politique et au comité exécutif du PTr. Contrairement à ce qui se dit, ce n’est pas une décision imposée par Navin Ramgoolam, mais une décision collective. La confidentialité qu’imposent des discussions dans de telles instances internes ne me permet pas de vous révéler tout ce qui a pu se dire. C’était une décision après des débats. C’était une majorité claire et nette qui a décidé de les expulser.

Vous pensez qu’il faut du changement à la tête du PTr?
Il faut du changement au sein du PTr parce que le monde change, la société change, notre pays change et la façon de faire de la politique change. Les personnes engagées en politique doivent s’adapter aux changements ou partir pour laisser la place à d’autres. Concernant la direction du parti, en octobre 2019, j’étais présent à cette assemblée du parti où le Dr Ramgoolam a été reconduit et confirmé par cette assemblée à son poste. Nous ne parlons pas d’une chose ancienne.

En octobre 2019 certes... Mais en novembre 2019, il a été battu. Navin Ramgoolam doit-il partir? Pour quelle raison le docteur Ramgoolam n’a pas été élu ? 
Il était la cible de nos adversaires. C’était l’homme à abattre. Nos adversaires ont déployé des moyens incroyables pour qu’il ne soit pas au Parlement. Quant aux moyens déployés, certains d’entre eux font l’objet d’une affaire en Cour suprême à la suite d’irrégularités. J’ai entendu l’un des expulsés qui a confirmé qu’il y a eu des irrégularités. La justice fera son travail. Je l’espère dans les plus brefs délais, pour le bien de la démocratie et pour que le pays puisse être dirigé en toute sérénité.

Vous ne pensez pas qu’il faille faire de la place aux jeunes au PTr?
J’ai eu le privilège d’être nommé nouveau président de l’aile jeune. Je suis le plus jeune élu du parti (NdlR : il a 38 ans). Depuis cette nomination, on me félicite et il y a des demandes d’adhésion. Nous allons d’ailleurs organiser une réunion pour ratifier ces demandes. Le PTr les accueille.

Le Premier ministre peut être considéré comme un jeune politicien. Quel conseil lui donneriez-vous?
Je suis bien mal placé pour lui donner un conseil. Je lui dirais qu’en tant que membre de l’opposition, je souhaite que le gouvernement et l’opposition puissent travailler en collaboration pour faire avancer et progresser notre pays, surtout dans un contexte d’urgence économique et écologique. Il faut intégrer la population dans la prise de décision. On ne peut pas prendre des décisions pour elle sans l’écouter.

Vous pensez quoi de la dynastie en politique?
On en parle beaucoup plus qu’on parle de la dynastie dans la médecine ou dans le domaine juridique. La classe politique est plus observée et plus critiquée. Les enfants des médecins font la médecine et ceux des avocats font le droit. On est influencés par nos proches et nos parents. Évidemment, la politique doit s’éloigner de toute logique monarchique. Au final, n’est-ce pas la population qui choisit ses élus?