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Éliminer le plastique: un vrai défi à relever

10 février 2020, 21:00

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Éliminer le plastique: un vrai défi à relever

Le 1er janvier 2016, une loi est promulguée pour interdire l’importation, la production, la commercialisation et la distribution des sacs en plastique. Le but consiste à combattre les risques de pollution, particulièrement nocive à notre environnement, qu’une utilisation abusive et non contrôlée du plastique pourrait occasionner. 

Quatre ans après, ce n’est pas gagné. Ce produit non biodégradable obstrue les drains et est parfois à l’origine des inondations. La durée de dégradation d’un sac en plastique varie entre 100 et 400 ans. La matière première généralement utilisée est le pétrole, duquel sont extraites des molécules d’hydrocarbure. Elles sont ensuite réunies pour former des molécules comme le polymère. 4 % du pétrole sont utilisés pour fabriquer des matières en plastique. 

En outre, d’autres éléments sont rajoutés pour améliorer les propriétés chimiques et physiques du matériau, notamment la résistance aux chocs, la couleur, l’élasticité, et surtout la durabilité. 

«Un projet irréalisable» 

Les propriétaires d’usines que nous avons sollicités ne sont pas à 100 % emballés par cette loi. Ils estiment que son application condamnera leurs usines à la fermeture. Cependant, ils aimeraient que Maurice soit une île écolo. L’usine Surfrider, depuis 2002, recycle toutes les formes de plastique pour en faire des meubles, lits, tabourets, portes, fauteuils, poubelles, transats, entre autres. 

Louis Langlois, directeur de l’usine à l’époque, a réalisé que le plastique à usage unique est mauvais pour Dame Nature. Il a trouvé des solutions réalisables pour donner un nouveau souffle au plastique. 

«J’ai réalisé qu’avec le plastique, beaucoup de d’objets pourraient se transformer. J’ai investi dans des machines pour produire de belles choses», affirme l’entrepreneur. Bannir le plastique n’est pas un projet réalisable pour Louis Langlois. «100 %, ce n’est pas possible. Mais c’est souhaitable.» 

La direction d’une autre usine de recyclage du plastique se dit très contente d’avoir pris les bonnes initiatives en déve-oppant ce projet d’usine de recyclage. Le directeur est très conscient que le plastique est mauvais pour l’environnement. 

«Si le projet n’est pas un grand succès, les usines qui fabriquent le plastique seront fermées. Est-ce que le gouvernement va leur proposer des emplois ? Mais c’est une bonne initiative, car le plastique à usage unique tue les animaux ou autres espèces marines dans nos lagons.» 

«Redonner naissance au plastique, c’est faisable», explique, de son côté, le gérant d’une usine de recyclage des Plaines-Wilhems, qui a voulu garder l’anonymat. 

Amende de Rs 500 à Rs 1 000 

Depuis juin 2014, personne n’a le droit d’utiliser de sacs en plastique à Rodrigues. «Ils risquent une amende pour possession de plastique à usage unique. L’amende varie de Rs 500 à Rs 1 000. Pour la vente, l’importation et la distribution de sacs en plastique, il faut compter des amendes de Rs 2 000, Rs 5 000 ou Rs 10 000, et pour la fabrication, l’amende varie de Rs 5 000 à Rs 10 000», affirme-t-on à la commission de l’Environnement de Rodrigues. 

À Maurice, il n’y a qu’une amende unique pour la vente, l’importation et la distribution de sacs en plastique. Elle est de Rs 10 000. Et très bientôt elle augmentera.




Questions à…  Oliver Thomas: «Le recyclage n’est pas la solution ultime»

Oliver Thomas, jeune entrepreneur.

 

Quel genre de recyclage faites-vous ?
Je recycle le plastique, plus précisément le High Density Polyethylene (HDPE). C’est un polymère thermoplastique à base de pétrole. Bientôt, je recyclerai le Polytéréphtalate d’éthylène (PET), un polymère de type polyester saturé. Pour l’HDPE, je recycle les bouchons et les bouteilles et, pour le PET, je recycle la partie transparente de la bouteille. À savoir que le PET n’est pas jusqu’à présent recyclé à Maurice mais seulement transformé en plastic chips pour être exporté vers l’Afrique afin d’être recyclé.

Comment procédez-vous au recyclage ?
Je recycle l’HDPE en l’écrasant en petits morceaux, que je fais ensuite fondre pour créer des objets comme des sous-verres, porte-clefs, règles, plumes, etc.

Le recyclage est-il un bon moyen pour bannir le plastique ?
Le recyclage n’est malheureusement pas la solution ultime. La solution aurait été de ne pas créer de déchets tout simplement. Cependant, nous savons bien qu’il est impossible de ne pas utiliser le plastique, surtout pour des besoins médicaux. On retrouve le plastique dans tous les secteurs. (…) Donc, bannir l’usage du plastique à usage unique est non seulement un besoin, mais une priorité. (…)

Est-ce réalisable de bannir le plastique à l’île Maurice ?
Avec la bonne méthode, le bannissement du plastique à usage unique est clairement possible comme nous le démontre Rodrigues. N’empêche qu’il est impossible et irréalisable de bannir complètement le plastique au sens large (…)

L’alternative ?
Le mieux serait de créer une économie circulaire où le plastique déjà utilisé peut être recyclé sur l’île même. Il est possible d’utiliser le plastique déjà utilisé comme matière première dans nos industries. Il faudrait que la collecte des recyclables soit mieux organisée. (…) Et le gouvernement aurait pu enlever le montant des frais perçus sur les opérations des sociétés engagées dans le recyclage et augmenter les incitations faites à ces dernières…