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Gilbert Roland, bloqué en Chine: «Mo pé manz dipin sek, kouma dir siklonn klas 4 isi»

12 février 2020, 22:15

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Gilbert Roland, bloqué en Chine: «Mo pé manz dipin sek, kouma dir siklonn klas 4 isi»

Il n’en dort plus la nuit. Il a le ventre vide, l’estomac dans les talons. «Pé bizin manz dipin sek, koup enn banann an dé pou gagn manzé dé zour… Pé bizin vey gardien kan sorti pou dir li asté inpé manzé.» La situation est critique au sein de la Central South University, Changsa, capitale de la province de Hunan, à quatre heures de voiture environ de Wuhan, épicentre de l’épidémie de coronavirus en Chine. Et Gilbert Roland, 47 ans, a peur de ne plus revoir les siens, à Maurice…

Le père de famille, infirmier à l’hôpital du Nord, se trouve en Chine depuis 2018, ayant obtenu une bourse pour compléter un Mastère en Advanced Nursing and Medical Technology. «Mo ti pou graduate an mé, la. Mais au vu de la situation, je veux rentrer à Maurice, j’ai peur, je suis effrayé.»

À Changsa, il est «emprisonné» sur le campus de l’université. Comme un peu partout en Chine, la plupart des commerces sont fermés, la vie tourne au ralenti, tout est au point mort depuis que la mort rôde dans les parages… «J’ai appelé l’ambassade de Maurice en Chine, envoyé des mails, contacté les Affaires étrangères à Maurice. Zot pé fer mwa kouma boul dépi preské enn mwa! Ti mama cellule de crise, ti mama zis bann dimounn Wuhan, je ne sais plus quoi faire.» (NdlR, les correspondances expédiées aux autorités et les réponses via courriel en attestent, le dernier datant du 11 février). «Je veux revoir mes proches, ma femme…» martèle Gilbert, la mort dans l’âme.

Elle aussi ne mange plus depuis que son chéri est bloqué loin, très loin là-bas… L’épouse de Gilbert, Marie-Claire, 47 ans, cuisinière, a perdu l’appétit. «Mo gagn traka, nou kozé par WeChat mo esey rasir li… So figir in fay, mo bien inkiet.»

Inquiets, d’autres Mauriciens, de même que leurs proches, le sont aussi. «Il y avait quatre autres Mauriciens ici avec moi sur le campus. Mais tous se sont dispersés, éna pé rode sauvé. J’ai cru comprendre qu’il y a environ 180 personnes qui ont contacté l’ambassade…»

Du côté des autorités, on affirme que l’ambassade, justement, essaie de retracer les Mauriciens coincés sur place. Selon un préposé aux Affaires étrangères, «certains ne veulent pas rentrer, alors que d’autres confient que la situation empire. Nous essayons de prendre des décisions rapidement et la cellule de crise se réunit deux fois par jour ici».

Par ailleurs, le rapatriement dépend des «avions disponibles. Pour les provinces qui se situent à 600 km ou plus de Wuhan, il faudra trouver une solution à travers Emirates à Beijing». Pour rappel, Air Mauritius a suspendu ses vols vers la Chine le 29 janvier.

Qu’en est-il du cas de Gilbert, Changsa étant située à 355 km de Wuhan ? «Je ne peux pas me prononcer pour le moment, envoyez- moi un mail», souligne un responsable de la cellule de crise aux Affaires étrangères. Le mail a été envoyé, la réponse se faisait toujours attendre, à l’heure où nous mettions sous presse hier soir. Rien non plus en ce mercredi 12 février…

Gilbert, lui, carbure toujours au pain sec, à l’eau et aux rondelles de banane…