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Synthé: ils ont vaincu l’addiction
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Synthé: ils ont vaincu l’addiction
Tawfik, 23 ans, «On m’appelait ‘Figir sinté’»
Cet habitant de la capitale, employé d’une compagnie de transport depuis janvier, a commencé à explorer l’univers infernal de la drogue alors qu’il n’avait que 13 ans. «À l’école, nous avions d’abord commencé avec la cigarette, après le cannabis, pour ensuite, à l’âge de 15 ans, finir avec les psychotropes et les sirops pour la toux et le synthétique. C’était moins cher. Il fallait Rs 300 seulement par jour pour planer. Du moins, à mes débuts», souligne Tawfik (prénom d’emprunt), 23 ans.
Par la suite, pour qu’il se sente bien, il lui fallait jusqu’à 12 doses par jour. Ses parents s’en sont aperçus rapidement. «Je travaillais à un moment dans une imprimerie après ma scolarité, je me payais ma drogue. Il ne me restait plus d’argent.» Puis un jour, son père l’a surpris en train de fumer à la maison. «Li finn donn mwa enn ta sans, ziska li nepli kapav. Il a alors menacé de me dénoncer à la police. C’est là que j’ai décidé de chercher de l’aide.»
Le jeune homme se tourne vers le centre Idrice Goomany. Il y passe neuf mois en réhabilitation. «Le premier mois a été très dur. Je ne pouvais plus aller aux toilettes ni manger convenablement. On a dû me donner des médicaments.» Pendant son traitement, Tawfik n’a fait que suivre les instructions du centre et dormir. «J’avais démissionné de mon travail et mes parents refusaient que je sorte.» Il finit par vaincre ce fléau pour de bon, après une longue bataille.
«Tantasion-la, li revini. Mais j’essaye d’être fort. Aujourd’hui, dans mon quartier, tout le monde sait que j’en consommais. ‘Figir sinté’, c’est le nom que je portais. Désormais, je lutte pour ne plus être stéréotypé. Quand je marche dans la rue, d’anciens amis me proposent de venir les rejoindre. Pou ris enn ler. Mo pa alé...»
Son but : regagner la confiance de ses parents. Chose difficile. «À un moment, j’ai tout vendu dans la maison. Je n’avais moi-même plus rien. Tablette, laptop, tout est parti à des prix dérisoires, juste pour que je puisse me procurer ma dose quotidienne.» À l’heure actuelle, le jeune homme doit demander la permission pour sortir de chez lui. S’il finit tard au travail – il n’a pas voulu que l’on donne des indices à ce propos – sa mère l’appelle constamment pour s’assurer qu’il n’est pas en mauvaise compagnie. «Je ne sors plus d’ailleurs. Apar si al kot fami.»
Son conseil aux jeunes ? «Tousel li difisil pou sorti. Pa ezité rod led. Pa gagn traka dimounn ki pou dir. Pens zot.» Tawfik n’a pas souhaité que l’on publie sa photo.
Benjamin, 29 ans, «Enn droger pa res enn droger...»
Cet habitant de Bambous livre un poignant témoignage sur son vécu. «Clean» depuis deux ans, Benjamin a été entraîné dans l’univers du synthé alors qu’il avait 16 ans. «Aujourd’hui, je prends conscience que c’était par manque de loisirs dans le quartier mais aussi par manque d’encadrement.» Pour faire passer le temps, il se retrouve avec des amis pour fumer du gandia, pour être «in». Puis, il y a eu l’apparition de la drogue synthétique, plus disponible, moins chère. «J’ai tout essayé...»
Il passe alors par des épreuves traumatisantes. Aujourd’hui encore, la douleur se lit sur le visage de Benjamin, 29 ans. «J’ai côtoyé la mort de près, des dizaines de fois.» Quand il consomme cette drogue, Benjamin perd la mémoire et tout contrôle. «C’est une sensation difficile à expliquer. Une fois, j’en avais consommé sous la varangue d’une boutique, je me suis littéralement évanoui. Je ne me souvenais de rien. Heureusement que les gens du quartier m’ont porté secours.»
Sa santé s’est aussi détériorée. Il maigrissait à vue d’œil, même s’il mangeait. «J’avais des hallucinations, l’impression de vivre des choses qui ne s’étaient jamais produites. Mo tann dimounn pé kriyé mwa toul’tan.» Il finit par se rabattre sur la drogue dure, l’héroïne. «Mo ti dan enn doub vis. Sinté plis leroinn.»
C’est la mère de Benjamin qui l’aidera à sortir de cet enfer. Elle l’avait su par des voisins. «Mais elle voyait mon état aussi. Je n’avais plus de vie sociale. J’avais les yeux jaunis, pas d’hygiène de vie, je n’avais plus de courage d’aller travailler et je commençais à tout voler dans la maison. Mo finn vann tou pou kapav gagn mo doz.» Sa mère l’a alors conduit au centre de solidarité à Rose-Hill où il a été interné pendant six mois. «J’ai appris à m’aimer. J’ai été suivi, encadré par des professionnels.» Il en est sorti guéri. «Je n’ai pas fait de rechute ni succombé à la tentation.» Il a même changé de fréquentations. Benjamin suit désormais des cours en social leadership. Il a trouvé un travail dans le domaine de la construction. Il a aussi retrouvé l’amour... Son conseil aux jeunes ? «Ekout zot paran. Si vous êtes tombé dans ce piège, fixez-vous un objectif et luttez pour vous relever. Enn droger pa res enn droger, li ena swa…»
Vincent, 25 ans, «Mo trouv lazwa lor figir mo mama...»
Il est lui aussi en pleine adolescence lorsqu’il suit des «amis du quartier» sur le chemin de la mort. «Je passais tout mon temps avec eux. Nou ti pé kas poz ansam. C’est comme ça que j’ai commencé le cannabis pour ensuite me tourner vers le synthé. Cela pour des raisons, évidemment, purement financières. Le synthétique se vend à Rs 100, en général.»
Depuis qu’il est enfant, Vincent est renfermé sur lui-même, ayant grandi au sein d’une famille brisée. Il habite dans un faubourg de la capitale. «Je n’ai connu que la violence à la maison. Ensuite, mes parents se sont séparés quand j’étais en cinquième. Cette drogue, au début, me faisait me sentir bien. Mais après, cela a été la dégringolade. J’étais dans un autre monde.»
Le synthé lui donne des hallucinations. Il n’est plus le même. «Je ne parlais même plus à ma mère.» Sa chambre étant la seule pièce à l’étage, il s'enfermait toujours pour prendre sa drogue. «Enn fwa, mo finn fini konsomé, mo’nn vomi, mo ti pé mor, mo’nn dormi dan sa vomi lamem, personn pa finn koné...» À maintes reprises, les proches ont dû enfoncer la porte des toilettes pour le secourir. «Sinon mo ti pou fini mor andan.»
Sa mère s’en est aperçue. «Sak fwa mo finn dir li samem dernié fwa. Mé mo leker ti fini vinn ros.» Malgré les larmes de sa maman, il continue. «Je voyais qu’elle souffrait. Mais ça ne me faisait aucun effet. Je me disais toujours qu’elle allait mourir par ma faute.»
Ce mois-ci, cela fera un an que le jeune homme de 25 ans n’a plus touché à cette drogue. «Un jour, ma mère m’a supplié d’intégrer le centre de solidarité de Rose-Hill. J’y suis resté six mois durant, coupé de tout. J’y ai même passé les fêtes de fin d’année.» C’est là-bas qu’il a eu le déclic. Il a ouvert les yeux. «La vie est belle. Et il faut la vivre à fond. Il a fallu que je touche le fond pour en prendre conscience.» Aujourd’hui, c’est avec plaisir qu’il se lève chaque matin. «Je passe énormément de temps entouré de mes proches. Mo trouv lazwa lor figir mo mama. J’ai retrouvé l’amour d’une mère. Même un simple déjeuner avec elle est un cadeau.»
Son conseil aux jeunes ? «Met lipié lor koltar, fer tou mé pa tous ladrog. Si zot ladan, trouv volonté pou sorti, lavi, bizin konn aprésié li.»
Vincent, ayant heureusement un casier judiciaire vierge et son SC en poche, a aujourd’hui pris de l’emploi dans une compagnie privée. Il s’occupe de la livraison de produits. «Désormais, j’ai coupé le contact avec les fréquentations toxiques, pour ne pas succomber à la tentation. Mo finn met enn lakrwa lor mo pasé pou avansé.»
Parti trop tôt
<p><a href="https://www.lexpress.mu/article/370025/overdose-jai-perdu-mon-fils-fleur-lage-dit-mere-victime">Il n’avait que 16 ans</a>. Cet habitant de Floréal était en Grade 11 (ex-Form V) dans un collège des Plaines-Wilhems. Il a rendu l’âme le lundi 10 février, alors qu’il était admis à l’unité des soins intensifs de l’hôpital Victoria, à Candos, depuis le 1er février. La police d’Eau-Coulée, qui est chargée de l’enquête, soupçonne un cas d’overdose. Le mineur avait, semble-t-il, consommé de la drogue synthétique. L’autopsie pratiquée par le médecin légiste de la police, le Dr Maxwell Monvoisin, a attribué le décès de la victime à une nécrose du cerveau. Des prises de sang ont été effectuées et envoyées à un labo à des fins d’analyses.</p>
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