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Transport: autobus individuels, quand la politique s’en mêle…

18 février 2020, 20:30

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Transport: autobus individuels, quand la politique s’en mêle…

Des autobus qui ne respectent pas les horaires établis. Des routes délaissées. Du temps perdu dans des bus qui prennent plaisir à rouler lentement. Les doléances envers les autobus individuels ne manquent pas. Il semblerait que les nouveaux élus, surtout ceux des régions rurales, veulent prendre le taureau par les cornes pour ne pas frustrer l’électorat rural qui ne circule pas à bord du Metro Express. Après Alan Ganoo qui a menacé de révoquer le permis des opérateurs d’autobus individuel dans la circonscription n°14, Savanne–Rivière-Noire, l’élu du Montagne Blanche– Grande-Rivière-Sud-Est Vikash Hurdoyal est intervenu auprès de la National Transport Authority pour qu’il y ait une ligne (no 80A) des- servant Palmar et rallier Curepipe en passant par Bel-Air. Ce nouveau service est opérationnel depuis le 5 février sur une basse pilote.

D’après un proche du ministre, les étudiants ainsi que les employés de la région Plaines-Wilhems peinaient à se déplacer matin et soir. Ils comptaient donc sur des «vans privés» qui, après avoir déposé les employés d’hôtel dans la région de Trou-d’Eau-Douce, retournent au centre du pays. Mais si cette nouvelle route fait le bonheur des uns, elle fait aussi le malheur de ceux qui utilisent la ligne 80 (Flacq-Bel-Air-Curepipe). Ces derniers se plaignent de ne plus avoir d’autobus aux heures habituelles. D’affirmer que ceux-ci desservent désormais la ligne 80A au détriment de l’autre route.

Au n°14, la situation est tout autre. Vendetta politique ou menace méritée ? La question se pose car un opérateur d’autobus dans la circonscription n°14 est Perle de la Savanne. Il s’avère que son propriétaire n’est autre que Raveen Jugurnauth, candidat du MMM aux dernières élections générales et donc adversaire d’Alan Ganoo. L’homme d’affaires affirme qu’il y a un «peu» de politique dans la dé- marche du ministre, mais que le problème de transport dans la région doit être également mis sur le dos des autorités. «C’est inconcevable. Comment se fait-il que malgré le nombre grandissant de voyageurs dans la région, les autobus n’ont droit de démarrer de la gare que chaque 20 minutes ? C’est ainsi depuis 2010. Le mieux est de ramener cette fréquence entre 10 à 15 minutes.»

Une vingtaine de compagnies d’autobus regroupées au sein d’une coopérative desservent également cette région. Raveen Jugurnauth dit avoir constaté que, quand un autobus arrive à la gare de Quatre-Bornes à 7 heures, par exemple, il lui faut suivre un système de rotation. Ce n’est qu’à 8 h 50 qu’il pourra reprendre la route. Il estime que ces autobus respectent les horaires. Toutefois, selon une source, il s’avère que ce sont les autobus individuels qui ne respectent justement pas les horaires, surtout les dimanches.

Rico L’intelligent, conseiller de Chamarel et travailleur social, dénonce le «calvaire des voyageurs» qui dure de- puis plus de dix ans. «Tout récemment j’ai vu un autobus garé au bord de la route, pratiquement toute une journée à Case-Noyale. D’autres prennent une heure pour faire le trajet de Baie-du-Cap au Morne. C’est inconcevable.»

Il a aussi noté que, les dimanches, l’autobus qui doit démarrer de Chamarel pour Quatre-Bornes à 5 heures n’est pratiquement jamais au rendez-vous. Or, ce sont les bus que prennent les habitants de l’Ouest pour se rendre à l’hôpital de Can- dos. Il nous revient aussi que les conseillers de Bambous ont également dénoncé les autobus desservant la ligne Albion-Bambous.

Manque à gagner de Rs 1 milliard depuis 2013

Plus de 700 opérateurs d’autobus individuels desservent plusieurs lignes à travers le pays avec une flotte de plus de 800 véhicules. Selon Sunil Jeewoonarain, de la Mauritius Bus Owners’ Cooperative Federation, il n’y a pas eu de révision de la subvention allouée aux opérateurs de bus individuels depuis 2013. «Set an ki pann gagn ogmantasion. Nous avons informé les autorités du pourcentage des coûts d’opération et de la main-d’œuvre qui ont augmenté. Le gouvernement offre des subventions à seulement cinq opérateurs pour compenser l’écart et le manque à gagner de ces compagnies d’autobus. Il injecte l’argent public pour maintenir leurs opérations.»

S’il concède qu’il y a des abus, que les bus individuels ne respectent pas les horaires et que le public se plaint de la qualité des services, il estime que c’est justifié. Il impute cette situation à trois raisons. Tout d’abord, le manque à gagner des opérateurs de bus individuels qu’il chiffre à Rs 1 milliard.

Actuellement, les opérateurs doivent soumettre leurs comptes à la National Land Transport Authority (NLTA) pour pouvoir bénéficier des subventions allouées sous le Free Travel Scheme. Ce processus,ainsi que le paiement aux opérateurs par la NTA, est effectué sur une base mensuelle. Le gouvernement subventionne le transport gratuit et les récentes hausses de carburants à hauteur de Rs 2 milliards par an.

Sunil Jeewoonarain avance également le manque de maind’œuvre accrue qui serait un handicap pour le développement du service. «Nou bann ti antréprener. Nou fer fas a bann ka absentéism ek alkolism parmi nou bann sofer ek kontroler.» Selon ses dires, il est difficile de prendre des sanctions.

Un autre problème est la prolifération des taxis et vans marrons. Ceux-ci n’hésiteraient pas à ramasser des passagers aux arrêts d’autobus. «Le service à un prix. Bien souvent les bus sont vides.» Il déplore aussi le problème d’insécurité à bord des autobus. «Si le bus quitte Baie-du-Cap à 18 h 30, il entre en gare à Quatre-Bornes à 20 heures. Souvent on fait face à des vandales ou à ceux qui ne veulent pas payer leur trajet. Et les passagers sont souvent pénalisés.» S’il affirme qu’il y a une certaine vérité dans ce que dit le public, il faut aussi savoir dans quelles conditions les opérateurs de bus individuels travaillent. «Si nou gagn sipor gouvernma, nou pou kapav amélioré.»