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Procréation assistée par fécondation in-vitro: la clinique du St Esprit et son centre BIOLIFE poursuivent leurs sessions
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Procréation assistée par fécondation in-vitro: la clinique du St Esprit et son centre BIOLIFE poursuivent leurs sessions
Il faut dire que les Drs Mario et Brigitte Ng Kuet Leong, fondateurs de la clinique du St Esprit, ont su s’entourer des meilleurs spécialistes en la matière, à savoir le gynécologue français Guy Baroche, le biologiste médical français Jean-Marie Verrougstraete, cofondateurs du centre de FIV à la clinique Jeanne d’Arc au Port à La Réunion, le Dr Brigitte Vandamme, principale embryologiste clinique à l’hôpital GZA Antwerps en Belgique et membre de l’European Society of Human Reproduc-tion and Embryology et le gynécologue obstétricien mauricien Ah Fat Wong Ten Yuen.
La première FIV mauricienne s’est faite en mai 1996 et les premiers jumeaux sont nés en février 1997. Ils ont aujourd’hui 22 ans. Si à La Réunion, le centre de FIV a fait naître plus de 5 000 bébés, à Maurice, la clinique du St Esprit et son centre BIOLIFE ont permis à 500 femmes de devenir mère grâce aux techniques de fécondation in-vitro.
Si le Dr Brigitte Ng Kuet Leong a continué à opérer la clinique du St Esprit et le centre BIOLIFE après la disparition de son mari, c’est parce qu’une session de procréation assistée avait déjà été programmée avant la mort de celui-ci pour mars 2019. Et elle ne voulait pas briser les espoirs des couples souffrant de troubles d’infertilité, qui s’étaient fait enregistrer auprès de la clinique. De plus, elle savait pouvoir compter sur l’amitié et le soutien indéfectible des Drs Baroche, Verrougstraete, Vandamme et Wong Teng Yuen.
Ce qu’il faut savoir, c’est qu’à la clinique du St Esprit et au centre BIOLIFE, la FIV n’est pas proposée en première intention aux couples présentant des problèmes d’infertilité. Le Dr Ng Kuet Leong procède d’abord à une vérification médicale incluant un frottis cervical, un examen de l’utérus à l’ultrason, tout en examinant les dossiers gynécologiques antérieurs de ses patientes. Elle vérifie les trompes de Fallope pour voir si celles-ci sont suffisamment ouvertes et conseille un test sanguin approfondi s’il y a lieu. Et si les conditions sont propices, elle fait de la stimulation ovarienne par médication chez la femme afin de voir comment réagissent ses ovaires. En parallèle, elle procède aussi à un examen de la qualité des spermatozoïdes du mari ou partenaire.
À ce propos, elle et le Dr Verrougstraete disent avoir noté une diminution de la qualité des spermatozoïdes chez les Mauriciens. «En 50 ans, la qualité du sperme a chuté de 75 %», avance le Dr Verrougstraete. Fait que confirme le Dr Baroche, qui ajoute que cela est dû aux perturbateurs endocriniens tels que le surdosage de pesticides dans les légumes et fruits, de même que celui des agents conservateurs dans les aliments. Un scénario qui n’est guère différent dans le monde. «Lorsque j’ai commencé mes études il y a 50 ans, il y avait 80 millions de spermatozoïdes ayant 50 % de mobilité progressive. Aujourd’hui, il y en a 20 millions avec 20 % de mobilité progressive. Et ça, c’est encore les meilleurs. Il y a un réel problème avec la qualité des spermatozoïdes», déclare le Dr Verrougstraete.
Si la stimulation ovarienne fonctionne et que la qualité des spermatozoïdes est correcte, le Dr Ng Kuet Leong procède à l’insémination en trois cycles. Si au bout de deux semaines, la femme a ses règles, cela signifie que l’insémination a échoué. Brigitte Ng Kuet Leong propose alors un autre essai de stimulation ovarienne et d’insémination. «Parfois, le couple accepte. D’autres fois, il veut passer directement à la FIV», dit-elle.
Aspiration
Les préliminaires de la FIV consistent en une stimulation ovarienne par injections, à raison d’une injection par jour sur sept jours dans l’optique de favoriser la maturation des ovocytes (œufs). L’équipe d’experts étrangers fait alors le déplacement à Maurice. La patiente est mise sous anesthésie générale. Le Dr Ng Kuet Leong va alors ponctionner les follicules pour aspirer entre cinq et 15 ovocytes. Procédé qui dure 15 minutes et la patiente peut regagner son domicile deux heures après. Les ovocytes sont remis au Dr Verrougstraete qui est alors au laboratoire.
Celui-ci a le choix entre deux techniques de procréation assistée. Il y a d’abord la FIV qui consiste à mettre les ovocytes et les spermatozoïdes en contact dans une boîte et laisser le sperme le plus rapide pénétrer un ovocyte et le féconder. L’autre option qui s’applique généralement aux femmes de plus de 35 ans, c’est l’Intra Cytoplasmic Sperm Injection (ICSI) ou Micro-injection intracytoplasmique où le Dr Verrougstraete va injecter un spermatozoïde dans un ovocyte et répéter l’exercice sur le nombre d’ovocytes obtenus. Il surveillera l’évolution pendant cinq jours. «Dans 99 % de cas, l’ICSI donne des embryons. Deux ou trois embryons seront réintroduits dans l’utérus de la femme pour que la nidation ait lieu et le reste des embryons sera congelé. Par exemple, si une femme de 30 ans a six embryons, nous allons réimplanter deux embryons dans son utérus et congeler ou vitrifier les quatre autres. L’intérêt de la vitrification (congélation) est que si la nidation se passe mal et que la femme n’est pas enceinte, elle dispose toujours de quatre embryons sains congelés que l’on pourra replacer sans traitement préalable», précise le biologiste médical belge. Et même si la femme est enceinte, ajoute-t-il, elle pourra à l’avenir disposer de ses embryons congelés, qui seront conservés à sa demande pendant un certain nombre d’années.
Le taux de réussite de la FIV est de 35 %. Cela peut paraître faible mais le Dr Verrougstraete faitres sortir qu’ aux premiers temps de cette méthode de procréation assistée en 1978, ce taux était de 3.7 %. «Et à l’époque, ils l’affichaient triomphalement. Aujourd’hui, on a multiplié ce pourcentage par dix», dit le biologiste médical français, qui tient à remettre les choses en perspective en précisant que le taux de réussite de la fécondation naturelle n’est que de 23 %.
À quoi peut-on attribuer les 65 % d’échecs? Il explique qu’il peut y avoir une anomalie génétique de l’ovocyte que le corps rejette naturellement mais aussi de la mauvaise qualité de l’ovocyte en raison de l’âge avancé des femmes. Le Dr Ng Kuet Leong estime que les Mauri-ciennes d’aujourd’hui sont devenues car-riéristes et prennent trop de temps avant d’avoir leur premier enfant en oubliant que leur horloge biologique tourne. Et puis, ajoute-t-elle, «les médecins attendent trop avant de référer les femmes aux centres de la FIV.» Les femmes demandeuses de cette procréation assistée à la clinique du St Esprit et au centre BIOLIFE ont généralement 35 ans à monter. «Les femmes doivent prendre conscience de leur âge», insiste le Dr Verrougstraete.
Le Dr Baroche qui supervise ces sessions de procréation assistée par FIV à la clinique du St Esprit et qui intervient en cas de transferts compliqués, fait ressortir qu’en France, une femme de 25 ans qui n’a pas eu d’enfant pendant deux ans, est immédiatement référée à un centre de FIV. «Si elle a 35 ans, on attend six mois et en l’absence de grossesse, on la réfère à un centre de FIV.»
Combien de FIV une femme qui souffre de troubles d’infertilité peut-elle faire? Le Dr Baroche indique qu’en France, les femmes ont le droit d’en faire quatre. Celles-ci sont gratuites car remboursées par la Sécurité sociale. «Et avant 35 ans, avec quatre FIV, la femme a 80 % de chances d’avoir un enfant».
À Maurice, c’est surtout le coût de cette procréation assistée qui détermine le nombre de FIV car le package pour cette méthode de procréation assistée coûte environ Rs 250 000. Ce package comprend les consultations, les échographies, les médicaments, les frais de l’anesthésiste, du biologiste, la vitrification, les cultures, les tests hormonaux. «Le plus coûteux dans ce package», dit le Dr Verrougstraete «ce sont les médicaments.» L’ICSI coûte 40% plus cher que la FIV car le matériel est onéreux.
Les Drs Verrougstraete, Baroche et Vandamme suivent de près toutes les évolutions technologiques par rapport à la FIV qu’ils étudient et ramènent ensuite à La Réunion et à la clinique du St Esprit et au centre BIOLIFE. «La technique, les réactifs, les milieux de culture ont changé. Ceux qu’on utilise à Bruxelles, nous les ramenons à La Réunion et à Maurice, avant que certains centres européens de FIV ne les aient eus. L’ICSI par exemple date de 20 ans et vient de Belgique. Avant on utilisait une technique de congélation lente des embryons qui prenait une heure et trente minutes. En 2012, Bruxelles a mis la vitrification moderne au point. L’embryon est directement congelé à moins 196 degrés, qui est la température de l’azote liquide. On fige l’embryon et le résultat est que quand l’embryon est réchauffé ensuite, il est de meilleure qualité. Les milieux de culture aussi se sont améliorés. La clinique du St Esprit et son centre BIOLIFE n’ont rien à envier aux centres les plus sophistiqués de la FIV en Europe.
Une vie normale
Malgré le fort désir d’enfant, le Dr Ng Kuet Leong décourage les couples à prendre un emprunt pour la FIV. «Car si cette procréation assistée échoue, ils auront de lourds remboursements frappés d’intérêts à faire pendant des années.»
Une femme qui réussit à être enceinte avec la FIV devrait-elle prendre davantage de précautions durant cette grossesse? Si les Drs Verrougstraete et Baroche ne le pensent pas car ils ont eu des patientes enceintes par FIV qui pratiquaient notamment le triathlon et la plongée sous-marine sans aucune incidence sur leur grossesse, le Dr Ng Kuet Leong déconseille le vélo, les courses, l’équitation à ses patientes qui ont fait la FIV, non pas parce que ces sports posent un danger pour leur grossesse mais en raison d’une éventuelle culpabilité en cas de fausse couche. «Si elles saignent après le sport, elles s’en voudront toujours et leur entourage les blâmera. Ce n’est pas bien.»
Sent-on une différence entre un enfant conçu par fécondation naturelle et un autre qui l’a été par procréation assisté? Aucune, selon le Dr Baroche. «Je trouve les enfants nés par procréation assistée même plus éveillés que ceux conçus par fécondation naturelle. La raison est que leurs parents ont eu tellement de mal à les avoir, qu’ils s’occupent davantage de leur enfant, surtout durant la petite enfance et cela les fait se développer davantage.»
Finalement, pour démystifier totalement la procréation assistée par FIV, le Dr Verrougstraete souligne que les spécialistes de la FIV n’ont rien inventé. «Nous ne faisons que favoriser la rencontre entre l’ovocyte et le spermatozoïde. On ne modifie rien. Nous ne sommes pas dans les embryons OGM.»
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