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Infrastructures sportives: complexe de Côte-d’Or, à quand la rentabilité ?
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Infrastructures sportives: complexe de Côte-d’Or, à quand la rentabilité ?
Après une période de rodage, les gestionnaires du complexe sportif de Côte d’Or, site inauguré en juillet dernier qui a coûté de Rs 4,7 milliards et qui s’étend sur une superficie de 53 arpents - cherchent en ce moment à remplir plusieurs postes. En effet, la direction de la Mauritius Multisports Infrastructure Ltd (MMIL), organisme qui gère le site, est à la recherche de divers cadres pour occuper des postes spécifiques. Parmi eux, un Chief Finance Officer, des sauveteurs ou encore un Chief Executive Officer (CEO). Mais la rentabilité du complexe sportif est au centre de bien de préoccupations des autorités de même que celle d’anciennes gloires du sport mauricien.
Selon le Chairman de MMIL, Avinash Gopee, la société suit à la lettre les recommandations de la firme de consultants Portas. «Cette firme a soumis plusieurs recommandations, dont la création de plusieurs postes. Ainsi, nous suivons son business plan et essayons de tout mettre en œuvre pour y adhérer.» Toutefois, il faut savoir que ce n’est pas la première fois que MMIL lance un appel à candidatures pour le poste de sauveteurs. En juin et septembre 2019, la société responsable de ce complexe sportif avait déjà entamé des démarches pour recruter du personnel à ce poste. «Je pense que nous n’avons pas eu les candidats qu’il nous faut ou encore, il nous faut encore plus de sauveteurs car nous envisageons d’ouvrir une école de natation», dit Avinash Gopee.
Justement Ben Hiddlestone, Chief Operating Officer (COO) du MMIL, confirme ces dires. «Plusieurs écoles viennent pour suivre un programme de natation scolaire à la piscine. Nous avons enregistré pas moins de 800 élèves de la région, qui viennent d’environ 28 écoles et collèges.» Ce dernier avance que des particuliers ont aussi utilisé la piscine pour des compétitions, dont la force policière, entre autres. «Des clubs de natation viennent aussi s’entraîner régulièrement ici.»
Toutefois, l’avenir du complexe sportif de Côte d’Or interpelle, d’autant que ce sont les contriuables qui vont casquer. L’année dernière, lors de la Private Notice Question du leader de l’opposition d’alors, Xavier-Luc Duval, le 7 mai, la question de rentabilité du site a été évoquée. Xavier-Luc Duval voulait aussi avoir une idée des activités prévues dans ce complexe. Selon ses estimations, l’entretien du complexe sportif coûterait Rs 250 millions annuellement. Par contre, l’ex-ministre de la Fonction publique, Eddy Boissézon, qui répondait aux questions en l’absence du ministre des Sports, Stephan Toussaint, avait cité le chiffre de Rs 95 millions pour les coûts d’entretien sans entrer dans les détails quant aux activités qui y seront organisés, pour rentabiliser le complexe, après la tenue des Jeux des îles.
«Un projet à la va-vite»
D’autre part, les sportifs se posent aussi beaucoup de questions à ce sujet. Pour Stephan Buckland, ancienne gloire du sport mauricien, le complexe de Côte d’Or reste un éléphant blanc. «On a fait ce projet à la va-vite. C’est presque un ‘bribe’ électoral», soutient l’ancien sprinter. Ce dernier a une pensée pour le stade de Belle-Vue. «Regardez le stade Anjalay. Aujourd’hui, il est dans un état déplorable. Et cela a aussi beaucoup coûté aux contribuables.» À la question de savoir si, selon lui, le complexe de Côte d’Or sera rentable, sa réponse est claire: non! «Finalement, on utilise le parking pour y faire des concerts internationaux. Il fallait faire une étude avant de faire ce projet.»
Même son de cloche de la part de l’ancienne badiste, Karen Foo Kune. «C’est un gaspillage des fonds publics.» Cette dernière, qui a eu l’occasion de défendre les couleurs du pays à l’étranger, parle de déjà-vu. «Nombre de pays investissent dans des infrastructures pour les grands évènements et après, qu’est-ce qui se passe? Ces infrastructures sont laissées à l’abandon.» Pour elle, il fallait penser aux moyens de rentabiliser le complexe avant de le construire et non pas y penser une fois qu’il est déjà sur pied.
Pour Judex Lefou, ex-athlète, il fallait profiter de l’ambiance autour des derniers Jeux des îles pour promouvoir ce complexe sportif. «Les gens étaient encore dans cette atmosphère de fête et il fallait tabler là-dessus.» Toutefois, il reconnaît que cela ne sera pas chose facile de rentabiliser le complexe. «Cela va prendre du temps. Selon moi, il faudrait encourager les collégiens et les élèves à fréquenter le site. L’école a un rôle à jouer. Il faudrait organiser des activités scolaires pour familiariser les enfants avec le complexe et les inciter à l’utiliser.» Il ajoute également, qu’il faudrait bâtir d’autres structures autour de ce complexe, qui encourageaient les gens à le fréquenter. «Des espaces pour que les jeunes puissent se retrouver entre eux.» Il se prononce aussi pour l’organisation de concerts pour rendre le complexe profitable.
Interrogé, Ben Hiddlestone soutient que la rentabilité du complexe est à l’étude au sein de MMIL, avec plusieurs options envisagées. «Nous avons fait plusieurs projets. Il y a la commission féminine qui va organiser une journée d’activités au gymnase. Il y aura aussi des cours de zumba qui seront donnés à quelque 400 personnes. Nous allons aussi organiser des galas, comme celui du Duke of Edinburgh International Award. Le 8 mars, il y aura une journée dédiée au yoga. Nous voulons promouvoir le complexe pour qu’il soit reconnu comme un ‘Sports and Events Hub’. Nous avons une grande salle qui sera utilisée pour cette activité et nous allons aussi recommander un prix abordable pour le public.»
Le COO précise qu’il travaille également avec un groupe de personnes sur les compétitions internationales que Maurice pourrait accueillir dans les prochaines années. «Cela prend du temps avant de tout finaliser mais nous pensons que cela nous aidera sur le plan économique à devenir plus rentable. Nous avons fait des bids pour accueillir des compétitions d’athlétisme et de natation à l’échelle internationale.» En ce qui concerne le terrain de foot, il fait comprendre que pour le moment, c’est la Liverpool Academy qui en est le principal utilisateur. «Nous allons faire un autre terrain près du stade d’athlétisme, qui pourra être utilisé pour les rencontres régionales et pourquoi pas même des matchs de la Mauritius Football Association.» Pour le moment, le complexe n’est pas encore ouvert au public. «Nous attendons que le stade d’athlétisme soit terminé pour ouvrir les portes au public.»
De son côté, l’Economic Development Board a fait mention de son intention de faire du sport un nouveau pilier économique. Dans une déclaration à l’express, le Deputy CEO, Ken Poonoosamy, avance qu’il veut encourager l’utilisation des infrastructures aux normes internationales dont le pays dispose, tel le complexe national sportif de Côte d’Or, pour y organiser des meetings internationaux, par exemple.
Le stade d’athlétisme opérationnel à la mi-mars
<p>Quelque temps après la tenue des derniers Jeux des îles, les travaux pour compléter le stade d’athlétisme ont entamé leur dernier tour de piste. S’il devait être initialement livré fin 2019, tel n’a pas été le cas car les intempéries ont causé beaucoup de tort à la pose de la piste synthétique. Il nous revient qu’il faudrait au minimum trois semaines de temps ensoleillé, en continu, pour que la piste soit dans une condition optimale et satisfaisante. Toutefois, du côté de MMIL, l’on se veut optimiste. D’ici la mi-mars, si le temps ne joue pas encore de mauvais tours, le stade devrait être prêt pour accueillir les premiers athlètes.</p>
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