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Interview «baté randé» Grandcourt - Von Mally
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Interview «baté randé» Grandcourt - Von Mally
Franceau Grandcourt: «Il faut arrêter le système de favoriser “nou dimoun”»
<p>Après avoir côtoyé Nicolas Von-Mally pendant pratiquement 20 ans, Franceau Grandcourt quitte le Mouvement rodriguais avec quatre autres élus. Il a été nommé «Minority Leader» de l’Assemblée régionale.</p>
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<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/gallery/grandcourt_0.jpg" width="620" />
<figcaption>Franceau Grandcourt, nouveau Minority Leader.</figcaption>
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<p><strong>Quel genre de «Minority Leader» serez-vous ?</strong></p>
<p>J’ai 18 ans d’expérience comme élu de l’Assemblée régionale et j’ai côtoyé plusieurs chefs commissaires et Minority Leaders. J’agirai avec modestie et je serai plus aux côtés des Rodriguais. Je ferai un travail de proximité et c’est leurs problèmes que j’évoquerai à l’Assemblée régionale. D’ailleurs, nous allons ouvrir un bureau à La Ferme pour recevoir les mandants. De plus, nous mettons en place les structures nécessaires au sein du groupe pour travailler pour les Rodriguais qui pourront s’exprimer par rapport aux événements les concernant.</p>
<p><strong>Vous ne pensez pas que c’était mieux de démissionner comme membre du Mouvement rodriguais (MR) également ?</strong></p>
<p>Quand nous avons pris notre décision de nous éloigner de Nicolas Von-Mally, cela a impliqué beaucoup de choses et cela veut dire aussi beaucoup de choses. On ne nous considère déjà plus comme membres de ce parti. Nous avons toujours dans notre coeur ce parti, mais c’est pour le bien des Rodriguais que nous avons pris cette décision.</p>
<p><strong>Votre leader demande à la bande de cinq de démissionner également de l’Assemblée régionale. Que lui répondez-vous ?</strong></p>
<p>Je suis vraiment déçu et surpris qu’un politicien de carrière comme Nicolas Von-Mally tienne un tel discours. Il a été député de l’Assemblée nationale et ministre ; il sait très bien comment cela se passe en politique.</p>
<p>Nous avons juste accédé à la requête de l’électorat. Avant les élections de 2019, l’électorat du MR s’est dissocié de Nicolas Von-Mally. Nous ne faisons que le suivre.</p>
<p><strong>N’est-ce pas une trahison à son égard alors qu’il vous faisait confiance ?</strong></p>
<p>Pas du tout. Nous avons tout fait pour ce parti. Nous avons essayé de recoller les morceaux. Depuis décembre, je tente le tout. Malheureusement, Nicolas Von-Mally a fermé la porte à la réconciliation et il n’a pas voulu entendre raison. Je suis le dernier qui aurait quitté le parti. Je le fais avec le coeur gros, mais c’est dans l’intérêt des électeurs. Il y a même un membre fondateur qui a dû quitter le parti.</p>
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<p>«Il y a une demande de la part de la population pour la création d’un parti politique. Il faut un renouvellement de la classe politique.»</p>
</blockquote>
<p><strong>À partir de quand tout est parti de travers avec votre leader ?</strong></p>
<p>Nous lui avons parlé pour le convaincre de se retirer pour un moment, le temps de redonner un nouveau départ au parti après la défaite aux élections. Dans un premier temps, il était d’accord avec notre proposition. Tout de suite après, il est revenu et c’était business as usual pour lui.</p>
<p>Nous avons connu une défaite historique lors des élections générales de 2019, mais il trouve quand même le moyen de se mettre à dos des membres du bureau politique. Un père n’agit pas ainsi. C’était un manquement.</p>
<p>C’est vrai qu’il y avait cette lettre dans laquelle plusieurs membres demandaient son retrait. Personnellement, je ne l’avais pas signée. Par la suite, j’ai voulu la réconciliation.</p>
<p><strong>Le poste du leader du MR vous tente-t-il ?</strong></p>
<p>Non. On ne peut pas devenir un leader en imposant ce choix aux autres. C’est par des actions et des gestes qu’on est jugé. Le plus important, c’est quand les gens voient en vous un leader. Au sein du groupe, nous voulons faire la politique autrement.</p>
<p><strong>Vous allez donc créer votre propre pari ?</strong></p>
<p>C’est le groupe qui en décidera. Toutefois, il y a une demande de la part de la population pour la création d’un parti politique. Il faut un renouvellement de la classe politique. Après 18 ans d’Autonomie, nous ne voulons plus faire la politique comme les partis traditionnels. Il est temps d’arrêter avec le système de favoriser «nou dimoun».</p>
<p>Nous voulons faire la politique avec le peuple et pour le peuple. Nous voulons oeuvrer avec les jeunes aussi. Beaucoup de personnes adhèrent à notre idéologie . Nous sommes l’alternative.</p>
<p><strong>Vous vous rendez compte qu’avant vous, il y a eu Christian Léopold et Johnson Roussety, deux dissidents du MR, qui ont tenté vainement le coup ?</strong></p>
<p>Lors des élections générales, l’électorat du MR soit a voté pour le PMSD, soit il s’est abstenu. Depuis que nous avons pris nos distances de Nicolas Von-Mally, cet électorat revient vers nous. Nous avons eu beaucoup de félicitations. Nous avons notre place sur la scène politique rodriguaise.</p>
<p><strong>Êtes-vous prêts à travailler avec les nombreux dissidents du MR ?</strong></p>
<p>Quelques-uns veulent nous aider dans l’ombre et d’autres veulent se mettre de l’avant. Ils sont les bienvenus. Je n’ai pas eu de contact avec tout le monde.</p>
<p><strong>Et Johnson Roussety ?</strong></p>
<p>Je n’ai pas eu de contact avec lui, mais j’ai cru comprendre qu’il apprécie notre geste et notre intention.</p>
<p><strong>Comment voyez-vous votre avenir ?</strong></p>
<p>Je vais continuer à travailler pour la région où j’ai été élu et aussi pour tous les Rodriguais. Je ne veux pas les abandonner.</p>
<p><strong>Et l’avenir du MR ?</strong></p>
<p>Je crains que, si Nicolas Von-Mally ne change pas sa façon d’agir au sein du MR, ce parti va crasher. C’est triste.</p>
<p><strong>Vous pensez qu’une reconciliation est possible ?</strong></p>
<p>Je le connais. Il ne va jamais plus nous accepter au sein du MR. Il n’aime pas écouter, pour ne pas dire qu’il est têtu. Il n’a jamais accepté ceux qui ont abandonné le MR. Sauf Johnson Roussety et, là encore, c’était en alliance.</p>
<p><strong>Votre équipe sera de quell côté aux élections régionales de 2022 ? Une alliance avec le PMSD ou en regroupement avec des dissidents du MR ?</strong></p>
<p>Il nous reste deux ans encore avant les élections. Il faut voir comment les choses vont évoluer. En attendant, nous allons continuer notre travail.</p>
Nicolas Von-Mally: «Après plus de 20 ans, c’est maintenant que je fais du ‘one-man show’ ?»
C’est officiel. Il n’est plus le «Minority Leader» de l’Assemblée régionale. Face aux critiques, Nicolas Von-Mally s’explique sur les raisons qui auraient poussé certains à quitter le parti. «Je dénonce trop peut-être.»
Vous avez perdu votre poste de «Minority Leader». Qu’est-ce qui vous a mené à une telle situation ?
J’aurais démissionné depuis mardi si le groupe d’indépendants de cinq avaient moins tergiversé. Comme ils sont maintenant tombés d’accord sur quelqu’un pour me remplacer, j’ai soumis ma lettre de démission jeudi.
Vous savez, travailler en équipe fait progresser mais travailler en individualiste mène à la catastrophe. J’ai toujours assumé toutes les défaites du Mouvement rodriguais (MR) mais si la victoire a cent pères, la défaite est orpheline. Les plus paresseux ont choisi de tout me coller sur le dos.
Il faut toutefois savoir que certains ont boycotté les activités du parti dès le lendemain des élections régionales de 2017, certains n’ont organisé aucune réunion depuis 2017 et, moi, j’ai dû faire avec. J’ai essayé de les faire rentrer dans les rangs pour travailler sur une vision commune mais ils avaient déjà un agenda caché qu’on découvrira dans les semaines à venir. Il y a toute une toile d’araignée qui se met en place. Le fait est que le MR reçoit des demandes d’adhésion depuis le départ de ce groupe.
«Il y a des gens qui sont tellement riches à Rodrigues qu’on se demande ce que fait l’ICAC.»
Les membres de votre parti disent qu’il n’y a eu aucune remise en question et que le MR est un «one-man show». Que répondez-vous à cela ?
Je trouve cela étrange. Certains ont travaillé avec moi pendant plus de 20 ans et c’est maintenant qu’ils découvrent que je fais un one-man show ? Je les laisse à leur conscience. Quand on veut noyer son chien on l’accuse toujours d’avoir la rage.
Notre parti est le plus démocratique de Rodrigues, à titre d’exemple, pour les élections générales, les candidats ont été choisis par un vote à bulletin secret. Moi je n’ai même pas voté et j’ai laissé faire les membres.
Il y a une stratégie bien établie derrière ces actions pour m’éliminer ; l’après Serge Clair fait peur à certains bandits. Je suis déjà passé par là. Si quelqu’un veut me battre en politique, qu’il amène des idées nouvelles au lieu d’essayer de me détruire.
D’autres encore sont d’avis que c’est votre présence dans le parti qui empêche le MR de prendre le contrôle de l’Assemblée régionale…
Est-ce moi ou la présence de requins dans le parti qui empêche des gens de bonne volonté de s’unir à nous ? Est-ce une coïncidence si je reçois des demandes d’adhésions après leur départ ? Bientôt je vais les présenter à la presse. Ceux qui parlent ainsi de moi sont ceuxlà même qui veulent prendre le pouvoir à n’importe quel prix.
Je préfère perdre dans l’honneur que de gagner dans le déshonneur, je n’empêche personne de devenir riche s’il le fait honnêtement, je quitterai la politique les mains propres. Je ne suis pas prêt à m’acoquiner avec n’importe qui pour prendre le pouvoir. Je ne vendrai jamais mes mandants et la lutte politique rodriguaise. Si certains pensent acheter la conscience des Rodriguais avec leur argent, je continuerai à les combattre car j’ai fait cela toute ma vie et la dignité rodriguaise n’a pas de prix.
Vous parlez de «magouilles». Dites-nous en plus.
Quand vous voyez un petit centre social coûter environ Rs 18 millions en termes de réparation à Petit-Gabriel ou encore à Terre-Rouge alors qu’auparavant les Rodriguais construisaient ces centres volontairement et qu’ils coûtaient moins de Rs 1 million, il faut se poser des questions. Quand un dosd’âne coûte Rs 146 000, un petit abri bus coûte Rs 500 000, une toilette en tôle à Rivière-Banane, Rs 1,3 million, entre autres, ne faut-il pas se poser des questions ? S’il n’y a pas là des magouilles, ça s’appelle comment ? Quand un chef de la fonction publique étant propriétaire de la plupart des quincailleries de l’île devient le principal fournisseur de matériaux de l’Assemblée régionale comment appelle-t-on cela ? Il y a des gens qui sont tellement riches à Rodrigues qu’on se demande ce que fait l’ICAC.
Ces personnes déstabilisent la scène politique rodriguaise. Ce n’est pas difficile de savoir pourquoi je suis leur cible. Je dénonce trop peut-être.
Rodrigues fait face encore et toujours aux mêmes difficultés dont l’accès à l’eau. Comment vous battezvous pour l’aider à sortir de cette impasse ?
Le MR a été le seul parti à venir de l’avant avec un programme étoffé pour résoudre ces problèmes. Malheureusement, c’est le dernier des soucis du gouvernement régional aussi bien que du gouvernement central. Quand Maurice mange du pain, Rodrigues ne récolte que quelques miettes qui tombent. Le MR avait en premier proposé le projet d’agrandissement du port et de l’aéroport, mais nous avons déjà perdu 10 ans sur ce projet. Le MR voulait donner à chaque famille un petit réservoir de captage d’eau. On voulait nettoyer les petits barrages pour aider à faire de Rodrigues le grenier agricole de Maurice.
On a proposé la mise sur pied d’une université spécialisée en économie bleue à Montagne-Malgache. Les bateaux acquis pour la pêche dorment dans le port. On a proposé la relance du projet de salines à Baie-Topaze pour la fleur de sel, mais rien n’a été fait. Ce n’est pas travailler pour le pays, ça. Si quelqu’un donne une idée même s’il n’est pas de votre parti politique, il faut la prendre.
Avec une opposition déstabilisée, les Rodriguais n’en sortent pas gagnants. Comment appeler à la réconciliation ?
La réconciliation doit se faire sur la base de principes. Si chacun cherche son intérêt personnel pour se remplir les poches sans se soucier du développement de Rodrigues, je ne crois pas dans cette réconciliation. Ceux ayant à coeur l’intérêt de Rodrigues sont les bienvenus au MR.
Les élus à Maurice font leurs premiers discours de ce mandat chacun. Que souhaitez-vous voir pour Rodrigues ?
Je souhaite qu’ils parlent plus du développement de la République et non seulement de Maurice. On doit penser globalement à la République, il faut penser à Agalega, St-Brandon et Rodrigues. Et j’espère entendre parler du développement de l’économie bleue, qui passe par l’utilisation optimale de toutes les îles de notre République.
Les élus doivent garder en tête que Rodrigues doit rattraper son retard, surtout en termes de fourniture en eau et il faut plus de facilités pour nos élèves, particulièrement ceux n’ayant pas eu les cinq credits. Les établissements techniques devraient également disposer d’une branche à Rodrigues.
Comment aiderez-vous à faire que ces souhaits deviennent réalité ?
En essayant de regrouper le plus de personnes intègres et de bonne volonté que possible. Le travail en équipe avec discipline, en se respectant les uns les autres, est important. Je vais aider en apportant mes idées régulièrement à l’Assemblée régionale et dans les médias, entre autres, comme je l’ai toujours fait.
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