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Réduction des dépenses des ministères, un moyen pour redresser la fonction publique
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Réduction des dépenses des ministères, un moyen pour redresser la fonction publique
Le ministère des Finances a donné des directives aux différents ministères de réduire leurs dépenses par au moins 10 %. C’est ce qu’a affirmé le Premier ministre, Pravind Jugnauth, lors d’une conférence de presse au sujet du Covid-19, mercredi 5 mars.
S’il n’y a pas de directives taillées sur mesure, ce dernier devait expliquer qu’il revient à chaque ministère de voir comment s’y prendre. «Par exemple, on réduit les voyages des ministres. Quant à moi, aucun déplacement à l’étranger ne figure sur mon calendrier. Si besoin est, on va faire plus d’économies», a déclaré le chef du gouvernement.
Tout en exprimant son appréciation de l’intention gouvernementale, le président de la Federation of Civil Service and Other Unions (FCSOU), Narendranath Gopee, souligne : «Cela veut dire que le ministère des Finances est au courant des dépenses superflues dans les ministères. Rien n’est fait lorsque le rapport de l’audit relève qu’il y a trop de dépenses. Et là, on se sert du Covid-19 comme prétexte pour le faire.»
Rémunération des élus
Selon lui, l’exemple devrait venir d’en haut. Soit, à travers une diminution de la rémunération des membres de l’Assemblée nationale. «C’est l’occasion pour eux de démontrer leur patriotisme ainsi que leur loyauté envers l’État. Beaucoup d’argent va rester dans les caisses de l’État», affirme Narendranath Gopee.
Pour sa part, le président de la State Employees Federation (SEF), Radhakrishna Sadien, est d’avis que c’est une «opportunité» pour revoir plusieurs secteurs où il y a des dépenses. À titre d’exemple, le transport public où les compagnies d’autobus décrochent de grosses sommes fixes chaque mois alors qu’elles laissent les bénéficiaires du transport gratuit sur le pavé, littéralement.
Ou encore l’outsourcing massif auquel le gouvernement a recours, notamment pour la réparation de ses véhicules. «Sans compter le nombre de conseillers dont dispose chacun de ces ministères. Ont-ils besoin de tout ce monde ? Et puis, il faut aussi revoir la pension dont bénéficient les politiciens après avoir servi pendant deux mandats. Il y a aussi ces grosses cylindrées qu’on achète lorsqu’un nouveau gouvernement arrive au pouvoir», cite-t-il comme exemples.
Tout en saluant cette initiative, Radhakrishna Sadien estime que, s’il y a des dépenses qui peuvent être réduites, il y a aussi celles qui sont inévitables, telles que le paiement des heures supplémentaires, des équipements médicaux, entre autres.
Objectif
Rashid Imrith, président de la Federation of Public Sector and Other Unions (FPSOU), abonde dans le même sens. «Il ne faut pas aveuglément réduire les dépenses par 10 %. Chaque ministère a un objectif. Il faut respecter l’engagement en termes des services offerts ainsi que des protocoles et conventions internationaux. Il y a aussi des institutions qui ont des responsabilités constitutionnelles, telles que le bureau de l’audit. Cette mesure ne doit pas empêcher ces institutions de fonctionner», souligne-t-il.
Il rappelle qu’en 2005 et 2014, il y avait une politique d’apporter des coupures drastiques aux dépenses courantes. «Le gouvernement n’avait pas été en mesure d’opérer à son plein potentiel», laisse entendre le syndicaliste.
Du côté des corps paraétatiques, c’est un tout autre son de cloche. Selon Deepak Benydin, président de la Federation of Parastatal Bodies and Other Unions (FPBOU), «on a toujours été les parents pauvres. Et on opère déjà avec un budget restreint. Ce sont les corps paraétatiques business oriented de l’État qui doivent être appelés à réduire leurs dépenses. Les welfare funds, par exemple, ne pourront pas exécuter cette mesure».
D’ajouter que des professionnels doivent être impliqués dans le travail de terrain au lieu de leur demander de rester au bureau. Cela aidera à diminuer des dépenses liées à l’outsourcing.
10 % sur… trois ans
La mesure annoncée par Pravind Jugnauth s’insère dans le cadre des propositions budgétaires pour les années financières 2020- 2021, 2012-2022 et 2022-2023. Du moins, c’est ce qui ressort d’un communiqué intitulé «2020-2021 Budget Circular», émis par le ministère des Finances, le 2 mars.
Ainsi, compte tenu des «incertitudes grandissantes dans l’économie mondiale», les propositions budgétaires doivent notamment être faites en assurant «an efficiency gain of 10 percent in recurrent expenditure».
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