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«Anouchka a tout fait pour enfoncer la porte mais elle n’a pas pu se frayer un chemin pour se sauver»

8 mars 2020, 10:00

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«Anouchka a tout fait pour enfoncer la porte mais elle n’a pas pu se frayer un chemin pour se sauver»

C’est au son de la ravanne que le convoi mortuaire d’Anouchka Gukhool-Seetohul a quitté à l’église St-François Xavier, à Plaine-Verte, hier. Paroisse au sein de laquelle elle chantait dans la chorale. Les funérailles de cette victime de l’incendie qui a eu lieu à Lab 51, à Pailles, mercredi, ont été marquées par l’émotion. Proches, amis et connaissances lui ont rendu un dernier hommage. 

Mireille Martin, la mère d’Anouchka Gukhool-Seetohul, qu’elle appelle affectueusement «Rasta», affirme que sa fille s’est battue jusqu’au bout pour trouver un moyen de sortir du bâtiment dans lequel elle a été prise au piège. «On m’a remis ses vêtements et on peut constater que ses jeans, au niveau des genoux, étaient déchirés. Je pense qu’elle a tout fait pour enfoncer la porte, mais qu’elle n’a pas pu se frayer un chemin pour se sauver. Je garde les bons souvenirs d’elle, c’est cette image d’une fille battante que je garde précieusement pour ne pas sombrer dans la dépression.»

Pour elle, sa fille est partie trop tôt. Anouchka jonglait entre ses diverses passions : la moto, la musique, le social et la plongée. Elle avait tout de la fille idéale, dit la mère. «La dernière fois qu’on s’est parlées, c’est le jour de l’incendie vers les 15 heures. Elle s’était rendue à Port-Louis pour des démarches bancaires et là elle m’a dit : ‘Maman, j’ai pris une permission pour sortir et je dois reprendre le boulot. Je te rappelle après’.»

Parmi les qualités qu’elle retient de sa fille, Mireille Martin dira que c’était une bosseuse. Elle faisait régulièrement des heures supplémentaires, affirme-t-elle. «Aux alentours de 19 heures, un de ses amis m’appelle pour m’informer que ma fille est coincée dans le bâtiment Lab 51 et qu’elle a essayé de la rappeler mais en vain. J’ai essayé de l’appeler de mon côté, mais elle ne répondait pas. Je me suis rendue tout de suite sur les lieux et je n’avais qu’une chose en tête: d’entrer à l’intérieur du bâtiment afin de l’en sortir. Les pompiers m’ont empêchée et quelques minutes après, c’est un premier corps qui sort, c’était celui de ma fille car elle était près de la porte du workshop qui était bloquée. Les deux autres étaient un plus loin.»

Elle explique que sa fille était toujours en vie lorsqu’on l’a sortie. «Ma fille respirait encore jusqu’à l’hôpital, c’est une heure après qu’elle a rendu l’âme, dû à trop de fumée dans les poumons.»

Après sa perte soudaine, Mireille Martin s’accroche à de bons souvenirs de sa fille. Dont ses débuts dans la musique à 12 ans, lorsqu’elle l’a inscrite à la chorale de l’église St-François Xavier. «Elle a été à l’Atelier Mo’Zar pour apprendre du piano ainsi que la ravanne et le djembé. Elle n’avait pas suivi de cours de vocaliste mais elle avait une très belle voix.»

Anouchka Gukhool-Seetohul était également une brave monitrice de plongée depuis 2006. Elle possédait tous les certificats requis pour initier les novices et accompagner les amateurs. «Elle avait plongé en 2013 lors des flash floods du 30 mars pour sauver des vies quand le Caudan avait été submergé par l’eau. Elle avait plongé pour retirer les corps du parking du Caudan», affirme la mère de la victime.

Elle a aussi été pompière. Mais cela n’a duré que quatre mois car elle avait fait un accident de moto qui l’avait empêchée de travailler pendant plus de deux semaines, poursuit notre interlocutrice. «Elle venait de faire ses débuts et l’employeur ne pouvait accepter autant d’absences, elle s’est donc retirée. Elle aimait les gros bolides. D’ailleurs, elle en a un en ce moment qui est resté au Lab 51 le temps de l’enquête.» Pour Mireille Martin, l’aventure a été trop courte pour sa fille qui n’avait pas froid aux yeux et qui était une fonceuse, avec le goût du risque.