Du jour au lendemain, Sharvanand Ramkaun est passé du statut de député à une star du Net. Sa notoriété survient alors qu’il entame sa… sixième année au Parlement. Le premier mandat du député de la circonscription n°5 (Pamplemousses-Triolet) a été un long fleuve tranquille, et ce deuxième – qui lui assure une confortable pension – allait suivre le même chemin. C’était sans compter un extrait de sa participation aux débats sur le discours-programme…

Comment s’est-il retrouvé sous le feu des projecteurs ? Tout a commencé le 24 février. Pendant les débats sur le discours-programme, Sharvanand Ramkaun invente le mot «décrapitude» pour parler de l’état d’un bâtiment qui se trouve dans sa circonscription. Sa langue a aussi fourché sur quelques autres mots. Il a fallu que la terrible équipe de «OneTV» aux aguets tombe dessus et les inclut dans son «News Show».

L’extrait de l’intervention de Sharvanand Ramkaun a vite été isolé et circulé en solo sur WhatsApp et les réseaux sociaux. Sauf que dans un premier temps, l’orateur laissait les Mauriciens perplexes. Personne ne semble le connaître, même après qu’il a servi le pays pendant de longues années. C’est un député ? De quelle année ? Ki parti li été? Kouma li apélé? Bref, kaun hai? (NdlR, qui est-ce ?)

Nous sommes en 2014. Sharvanand Ramkaun fait ses premiers pas dans l’arène politique. Il est candidat dans la circonscription no5, là où Navin Ramgoolam avait toujours l’habitude d’être élu depuis qu’il s’est lancé en politique. D’aucuns pensaient que Sharvanand Ramkaun avait été sacrifié par l’électorat et que sa carrière allait être de très courte durée.

À la proclamation des résultats, c’est la surprise. L’inconnu au bataillon de la politique a récolté 23 589 voix, soit quelque 3 000 de plus que le «Roi Lion». Il entre au Parlement et est nommé Parliamentary Private Secretary. Puis, Sharvanand Ramkaun sombre très vite dans l’oubli.

Sur ParliamentTV, il ne fait que de brèves apparitions en arrière-plan quand ses collègues sont debout. Il n’attire pas l’attention, ne dort pas en live, ne s’excite pas face à l’opposition… C’est un homme de l’ombre qui ne fait de l’ombre à personne. Durant la campagne pour les législatives de 2019, il est de nouveau sur les affiches à Pamplemousses-Triolet. Ailleurs, les gens pensent qu’il est un novice. Les férus de politique anba laboutik ne donnent pas cher de sa peau encore une fois. Mais il passe. Cette fois-ci, il est en deuxième position.

Ceux qui connaissent le député affirment qu’il a été actif sur le terrain. Ils citent sa présence après les inondations successives, notamment. Il suit de près les projets de drains, maîtrise ses dossiers, s’assure que tout est fait selon les règles et dans les temps.

Les polémiques impliquant Sharvanand Ramkaun étaient tellement «petites» comparativement à celles dans lesquelles étaient empêtrés ses camarades qu’elles ont vite été mises aux oubliettes. Assurant ainsi l’anonymat du parlementaire. Jusqu’à la «décrapitude».