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Des fonctionnaires de la Public Service Commission dénoncent l’ingérence politique
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Des fonctionnaires de la Public Service Commission dénoncent l’ingérence politique
Voilà une situation qui interpelle plus d’un. On parle souvent des cas d’injustice dans le recrutement et la promotion des fonctionnaires, mais voilà qu’un groupe d’employés de la Public Service Commission (PSC), par voie de lettre à plusieurs institutions, dénonce l’ingérence politique dans la récente promotion de maîtres d’école, dans le primaire.
Ces employés parlent de parlementaires fraîchement élus et ciblent en particulier un ministre qui aurait, à maintes reprises, téléphoné à des fonctionnaires et même à des commissaires de l’institution étatique, pour qu’une de ses proches, une Deputy Head Mistress (DHM), soit promue maîtresse d’école.
Nous avons contacté le ministre dont le nom est cité dans la lettre de dénonciation. Il dément toute ingérence dans les travaux de la PSC. «C’est une lettre anonyme, dont j’ai une copie en ma possession. Je ne veux rien dire à ce stade, car c’est sans doute l’œuvre de ceux qui pensent me faire du mal.» Nous avons aussi tenté d’en savoir davantage à ce sujet auprès de la PSC mais personne ne veut en parler. En tout cas, selon nos recoupements, l’assistante maîtresse d’école concernée n’a pas été promue jusqu’ici.
Cet exercice de promotion des maîtres d’école a commencé il y a quelques mois. Auparavant, c’est sur le critère de l’ancienneté que les assistants maîtres d’école étaient promus au poste de chefs d’établissement. Donc, il était facile de connaître en avance, à travers leurs dates d’entrée dans la fonction publique comme instituteurs, ceux qui allaient être promus. Or, malgré une certaine résistance des syndicats, qui ont par la suite accepté le nouveau mode opératoire, le critère de promotion a changé depuis quelques mois.
Droits lésés
L’exercice se fait désormais par le biais d’une entrevue menée par la PSC. Ce ne sont plus seulement les DHM ou les Officers in Charge qui sont concernés mais aussi leurs juniors, qui doivent, selon le cas, compter un minimum de 18 années d’ancienneté et détenir le Diploma in Educational Management, ou, avoir 12 ans de service et un diplôme universitaire (degree).
Ainsi, le 16 décembre dernier, 154 maîtres d’école ont été nommés selon les nouveaux critères : 53 étaient des Officers in Charge, 81 des DHM et 20 des Primary School Educators. Cependant, en début d’année, 56 DHM qui assumaient déjà le poste de maître d’école, mais qui n’ont pas été sélectionnés, estimant que leurs droits ont été lésés, ont fait appel de la décision de la PSC auprès du Public Bodies Appeal Tribunal (PBAT). L’affaire suit son cours.
De janvier à ce jour, plusieurs maîtres d’école sont partis à la retraite et il y a actuellement un exercice de promotion pour remplir ces postes vacants. Or, après l’exercice de nomination, en décembre, seule la PSC disposerait d’une liste établie selon les critères des interviews réalisées l’an dernier.
Ni la Government Teachers’ Union (GTU), syndicat défendant les intérêts des instituteurs, ni le ministère de l’Éducation ne connaîtrait la teneur de cette liste.
Un fonctionnaire nous a expliqué que des employés et des commissaires de la PSC veulent se protéger contre toute éventuelle critique concernant le prochain exercice de promotion. D’où cette lettre de dénonciation envoyée à plusieurs institutions.
Comment se passe l’exercice d’embauche dans la fonction publique ?
Ils sont nombreux à croire que, faute de transparence, la méritocratie ne prime pas au niveau du recrutement dans la fonction publique. Sauf dans les cas de recrutement des employés à des postes mineurs, qui passe par les «delegated powers» confiés aux ministères, c’est la Public Service Commission (PSC) ou la Disciplined Forces Service Commission (DFSC) qui est appelée à recruter des fonctionnaires. Comment se fait l’exercice d’embauche ?
Nous avons contacté un ancien commissaire de la PSC à ce sujet. Il nous explique que la commission est composée d’un président, de deux vice-présidents et de quatre commissaires. Ils sont à la PSC à plein-temps. La PSC dispose aussi d’une centaine de fonctionnaires, notamment de secrétaires, d’un Deputy Permanent Secretary et d’un Assistant Permanent Secretary. Il y a aussi des cadres pour l’administration. La DFSC a, à sa tête, le même président que la PSC, mais a quatre autres commissaires. Ces derniers se rendent à leur bureau quand il y a des interviews. Ils sont tous des nominés politiques.
Toutes les lettres de candidature à un poste spécifique sont reçues par une unité spécifique, à la PSC. Une fois la date limite pour se porter candidat passée, toutes les demandes sont épluchées et étudiées. Celles qui ne ré- pondent pas aux critères de base sont mises de côté. Les candidats retenus sont appelés pour une interview.
Répondre aux questions
Notre interlocuteur explique que si un poste ne requiert comme qualification de base qu’un School Certificate (SC), avec cinq «credits», et si une personne possède cette unique qualification, elle sera appelée au même titre que le détenteur d’un diplôme universitaire. Est-ce que ce dernier aura un avantage sur celui qui possède uniquement le SC ? Pas nécessairement, répond l’ancien commissaire.
Chaque candidat appelé à l’entrevue aura à répondre aux questions de deux commissaires et d’un représentant du ministère où le poste est vacant. Chaque assesseur accordera des points aux candidats. Par contre, ce sont les points accordés par les deux commissaires de la PSC qui comptent le plus. Car, en cas de contestation, ce sont les commissaires qui devront répondre.
Finalement, tous les points sont examinés par un comité réunissant le président, les deux vice-présidents et les quatre commissaires de l’instance. C’est ce comité qui fait la sélection finale des recrues. Pourrait-il y avoir contestation entre les commissaires sur le choix d’une recrue ? «Pas à mon avis», soutient notre interlocuteur, qui ajoute également qu’il n’a jamais reçu d’appel émanant d’un politicien pour favoriser le recrutement d’un quelconque candidat.
«Je me demande pourquoi il faut faire appel à des ministres et à des politiciens pour un poste quand on a les qualifications requises et, surtout, quand on répond correctement aux questions lors d’une interview.» L’ancien commissaire de la PSC avoue que beaucoup de candidats échouent à l’interview. «Certains ne connaissent même pas le ministère où ils seront appelés à travailler et encore moins leur scheme of duties. Ils ne se sont pas documentés avant de venir à l’entrevue.»
À noter qu’un candidat non retenu pour un poste peut faire appel auprès du PBAT. S’il perd, il peut toujours avoir recours à la Cour suprême. Même la PSC peut faire appel à la Cour suprême si elle est désavouée par le PBAT.
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