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Air Mauritius: quand le taux d’endettement explose

11 mars 2020, 21:18

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Air Mauritius: quand le taux d’endettement explose

Alors que l’épidémie du Covid-19 est susceptible d’impacter négativement le taux de remplissage des avions d’Air Mauritius, exerçant de fortes pressions sur ses finances, le niveau d’endettement de la compagnie demeure une source d’inquiétude. Alors que le ratio est de 1, selon les normes internationales, celui de Maurice est passé dangereusement à 12.

En se basant sur les derniers résultats financiers pour les neuf mois se terminant au 31 décembre 2019, on note à l’item «Interest - bearing loans and borrowings» de son bilan (balance sheet) le montant de 651,5 millions d’euros, soit autour de Rs 27 milliards, alors qu’au mois de mars 2019 pour l’année financière précédente du groupe, le niveau d’endettement s’élevait à 12 millions d’euros, soit un peu plus de Rs 500 millions.

Qu’est-ce qui explique cette différence ? Est-ce uniquement l’effet comptable de l’International Financial Reporting Standards (lIFRS) ou existe-t-il d’autres raisons ? L’ex-CEO d’Air Mauritius, Megh Pillay, estime que si l’IFRS 16 aide à révéler l’état financier d’une entreprise, comme un test de glycémie peut détecter le diabète, ni l’un ni l’autre ne peut être tenu responsable si le résultat ne plaît pas. «Quand on veut sortir du fond d’un trou, la dernière chose à faire est de continuer à creuser. Avec cette montée de dettes/obligations à Rs 27 milliards, soit par Rs 2,4 milliards en un an, il est clair que la volonté d’en sortir ne s’est pas manifestée.»

Megh Pillay ajoute par ailleurs que dans plusieurs secteurs d’activités, les entreprises avec un gearing (taux d’endettement) inférieur à 50 % est indicatif d’une bonne situation financière mais dans l’aviation, qui s’avère à forte intensité de capital, les compagnies aériennes opèrent souvent avec un gearing ratio (ratio d’endettement) élevé.

Cela, dit-il, est gérable lorsqu’elles sont en pleine croissance. En revanche, «ce qui est plus préoccupant dans le cas de MK, c’est l’augmentation rapide du niveau de son endettement par rapport à une stagnation marquée dans sa capacité à soutenir ce fardeau qui s’alourdit».

L’effet IFRS

Selon les spécialistes, le ratio dette totale/capital demeure un meilleur outil pour analyser le profil d’endettement des compagnies aériennes. «Cette mesure financière évalue les entreprises qui sont appelées à résister à des ralentissements économiques ou boursiers prolongés ainsi que des périodes marquées par des pertes de revenus ou de marges de bénéfices réduites.»

Du côté d’Air Mauritius, l’explication porte sur la nouvelle norme comptable de l’IFRS appliquée à partir du 1er janvier 2019 qui est venue impacter toutes les compagnies aériennes du monde. Elle oblige les sociétés cotées en Bourse à inclure certains contrats de location (comme la location des avions) dans leur bilan. Par conséquent, cette nouvelle norme influence les bilans financiers de toutes les compagnies aériennes à travers le monde, y compris Air Mauritius.

Aussi, comme la compagnie nationale aérienne publie ses résultats financiers en euros, tous ses actifs et passifs non-libellés en euros doivent être réévalués en euros à la fin de chaque période financière. Et d’ajouter qu’au 3e trimestre (octobre à décembre 2019), Air Mauritius a conclu un accord avec ses financiers pour le financement du tout nouveau A350-900 sur une durée de 10 ans (avec option d’achat) et ceux-ci sont classés au chapitre consacré aux «Interest - bearing loans and borrowings» impactant directement ainsi le «gearing ratio».