Une cinquantaine de pays n’a pas enregistré de cas confirmé de Covid-19 à ce jour, selon le Dr Laurent Musango, dont Maurice. Le délégué de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Port-Louis, que nous avons sollicité hier, mardi 17 mars, va plus loin. «Maurice, qui figure parmi les 13 pays identifiés dès le départ par l’OMS comme les plus à risque en Afrique, en raison de leurs liens directs ou du volume important de voyages vers la Chine, se trouve également parmi les quatre de cette liste où aucun cas n’a été recensé à ce jour.» Cela, avec l’Angola, l’Ouganda et la Zambie. A contrario du reste, à savoir, l’Afrique du Sud, l’Algérie, la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, le Ghana, le Kenya, le Nigeria, la République démocratique du Congo et la Tanzanie, où des cas ont déjà été répertoriés.

Comment Maurice s’y est pris depuis le début de la propagation du virus ? Il faut remonter au 23 janvier. Jour du début du confinement à Wuhan, en Chine, alors épicentre du nouveau coronavirus. Cette province recensait, à ce moment, 500 contaminations et 17 décès.

Déjà, la veille, à Maurice, trois passagers membres d’une même famille débarquant à Plaisance, de Wuhan, et qui n’étaient pas malades, ont été placés en observation à l’hôpital de Souillac. Par mesure de précaution, deux autres passagers y ont aussi été conduits. Le Dr Vasantrao Gujadhur, directeur des services de santé, affirmait alors que d’autres touristes chinois arrivés au pays pour la fête du Printemps, même s’ils ont été autorisés à se rendre à leur hôtel, étaient suivis de près par une équipe de la Santé.

Aucune restriction n’était encore en vigueur sur les liaisons aériennes. Six jours après, soit le 29 janvier, les autorités renforcent les contrôles. Dépistage de la température corporelle obligatoire pour tous les passagers en provenance de et en partance pour la Chine. Un Fast Track pour l’évacuation des cas suspects est aussi mis en place au Health Desk de la Santé, à l’aéroport.

Le 2 février, 12 étudiants mauriciens de Wuhan, qui ont manifesté le souhait de rentrer au pays, sont évacués, d’abord, en France, avec l’aide de ce pays. Au départ comme à l’arrivée, ils sont soumis à des tests et à 14 jours de quarantaine. Ces derniers sont rentrés au bercail depuis le 17 février.

Concernant le contrôle sanitaire des passagers et membres d’équipage des bateaux de croisière et de yachts privés, c’est le 3 février, en réponse à une première Private Notice Question d’Arvin Boolell, et qui porte sur le nouveau coronavirus, que le ministre de la Santé Kailesh Jagutpal en parle. Il évoque le dépistage automatique de la température pour cette catégorie de passagers, à leur arrivée comme au départ, au port. Pour les membres d’équipage de cargo, dont les bateaux de pêche, le ministre parle alors de «surveillance».

Le 5 février, l’hôpital de Souillac compte déjà 36 personnes en quarantaine et un en isolement. Dès le lendemain, un deuxième centre de quarantaine, à Anse-La-Raie cette fois, ouvre ses portes, avec 25 admissions. Aujourd’hui, le pays compte sept centres de confinement.

Le 2 mars, l’Operational Plan du ministère de la Santé, pour faire face à la menace du Covid-19, est présenté aux responsables des hôpitaux et au représentant des cliniques privées. Ce plan fait état d’un protocole renforcé au port. C’est ainsi que le Sun Princess, qui projetait de faire escale à Port-Louis, n’est pas autorisé à le faire. En provenance de l’Afrique du Sud, le paquebot avait accueilli, en cours de traversée, cinq nouveaux membres d’équipage provenant d’Italie. Le même jour, le plan opérationnel de la Santé est diffusé à la presse.

Le 3 mars, quarantaine automatique aux passagers en provenance de trois régions françaises, Auvergne-Rhône-Alpes, Haut de France et Ile de France et qui présentent des symptômes comme la toux, la fièvre ou des difficultés respiratoires. Dès le lendemain, avec l’aggravation de la situation en France, cette mesure est étendue à toute la France mais aussi à l’Allemagne.

Le 13 mars, la Santé informe que le bateau de croisière Costa Mediterranea n’a pas embarqué à La Réunion, avant que le bateau ne jette l’ancre à Port-Louis, des passagers étrangers provenant des pays à risques et ceux qui n’ont pu fournir des détails satisfaisants sur leurs déplacements les derniers 14 jours.

À lundi, 413 personnes au total avaient été mises en quarantaine depuis le début de la veille sanitaire, le 22 janvier. De cela, 205 ont été autorisées à rentrer chez elles. À hier, seuls 121 tests avaient été effectués par le Central Health Laboratory basé à l’hôpital Victoria, à Candos. Seuls les patients qui présentent des symptômes (toux, grippe, fièvre) les subissent.

Tous ses ont révélés négatifs, y compris ceux effectués le 17 février sur deux diplomates américains résidant à Maurice et qui revenaient de croisière sur le Westerdam – à bord duquel une Américaine de 83 ans a été testée positive au virus. La Santé précise, en outre, que des tests aléatoires envoyés au National Institute on Communicable Diseases de l’Afrique du Sud, pour contre-vérification, ont eu les mêmes résultats.

Depuis le premier comité interministériel sur le coronavirus présidé par le Premier ministre, le 31 janvier, il y en a eu au moins une dizaine à ce jour. Avec pour résultat, notamment, la fermeture de nos frontières aux non-résidents venant de la Chine, Hong Kong, Corée du Sud, l’Iran, l’Italie, La Réunion, le Royaume-Uni, la Suisse et les pays de l’Union européenne, dont la France (à compter de minuit ce soir), principal pourvoyeur de touristes. L’on retiendra le mécontentement de la Corée du Sud, après que 15 couples de ce pays ont vu leur lune de miel démarrer et finir en quarantaine à Souillac et à Anse-La-Raie.

Comme Maurice, une poignée d’autres pays n’ont à ce jour aucun cas officiel de Covid-19. Dans un article en ligne intitulé «Top Trips: The holiday destinations around the world with no cases of coronavirus», publié lundi, le journal britannique The Sun évoque le Cap-Vert, Madère au Portugal, l’île de Man, Les Bermudes ainsi que les îles grecques Santorin, Mykonos et Corfou.

159 pays, régions et territoires ont, selon, l’OMS, enregistré, à hier, des cas de Covid-19. Comme le rappelle le Dr Laurent Musango, «le plan d’action présenté par le ministère de la Santé et qui contient trois étapes, avant, pendant et après le Covid-19est là, mais le risque zéro n’existe pas».