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Covid-19: en transit à l’étranger, la détresse des Mauriciens

20 mars 2020, 21:13

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Covid-19: en transit à l’étranger, la détresse des Mauriciens

«Nou pé gagn pousé Dubaï. Maurice ousi aster pé pous nou. Kot nou pou ale, lor lil Plat?» se demande Marie. Avec son époux, Gérard, elle a travaillé pendant quatre ans à Dubaï. Lui était dans la restauration et elle exerçait comme hôtesse d’accueil. Hélas, la baisse drastique de visiteurs à Dubaï a obligé plusieurs restaurants et centres commerciaux à licencier ou diminuer les salaires des employés. Résultat: le couple n’a eu autre choix que de rentrer au bercail, ne pouvant plus y vivre à cause du coût de la vie trop élevé. Sauf qu’avec l’interdiction d’accès au territoire par l’État mauricien, ces deux citoyens ne peuvent plus le faire.

Comme eux, Krystal, 35 ans, employée à bord d’un bateau de croisière, est anéantie. Coincée à Miami, elle n’a même pas droit à un billet d’avion de son employeur. Ses espoirs se sont envolés quand elle a appris la fermeture de nos frontières, hier matin. «Quoi, je ne peux même plus rentrer chez moi à cause de la décision de l’État mauricien ? C’est vraiment dingue cette situation. À ce stade, on est confiné sur le navire jusqu’à la réouverture des frontières», déclare-t-elle, furieuse. Au total, indique-telle, 25 bateaux de croisière sont bloqués à Miami.

«Pas d’explication»

Et Krystal est loin d’être la seule face à ce problème. C’est aussi le cas d’une soixantaine de Mauriciens, qui se sont tous retrouvés à l’aéroport d’Istanbul, en Turquie, en provenance de Miami et de la Malaisie. Ils travaillent tous à bord de différents paquebots de croisière.

Manita Bapamah confie que ce n’est que dix minutes avant d’embarquer que tout a été chamboulé pour eux. «On avait nos bagages à main avec nous et on se dirigeait vers la porte d’embarquement. Et, d’un coup, les responsables au comptoir nous ont dit que le vol était annulé. Sans plus de détails, on nous a demandé de vider la salle.» Cette habitante de Quatre-Bornes et ses autres collègues sont restés sans voix. «On a demandé des explications que nous n’avons pas eues. Et depuis hier (NdlR, mercredi), nous sommes toujours dans la même attente.»

Elle avance que la direction de Turkish Airlines leur a offert des bons de nourriture, mais «plusieurs échoppes ne sont pas ouvertes. Nous ne savons pas quoi faire, est-ce que le gouvernement mauricien peut nous venir en aide ? Nous n’avons pas de logement, nous ne savons plus quoi faire surtout que la direction de Turkish Airlines nous a fait comprendre que c’est à l’État de prendre une décision»

Manita Bapamah ne peut cacher sa détresse. «Nous sommes tous découragés, surtout que nous voyons que nos autres camarades de croisière ont pu regagner leurs pays sans problème.» Elle ajoute également que son vol était prévu à 2 heures et que cette équipe aurait dû atterrir vers 13 h15.

Hans Ozeer, son épouse et ses deux enfants sont, eux, bloqués à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle, en France, depuis mercredi également. Ils s’y étaient rendus pour l’enterrement de sa mère. «Notre vol a été programmé à 19 h 30. Mais on nous a dit qu’il y aurait du retard et, à 22 heures, on devait s’en aller. Toutefois, nous sommes restés coincés car le gouvernement l’a décidé.» De soutenir qu’il ne sait plus où sont ses valises. «Nous ne pouvons nous changer et nous devons dormir à même le sol. Et il fait froid.»

Les déboires ne s’arrêtent pas là. Ridge Bhugeloo est, lui, bloqué à Bali, d’où il devait prendre l’avion en Malaisie ce samedi pour regagner le pays. À présent, ce Mauricien risque de prolonger son séjour de 15 jours. Toutefois, il confie que son visa expire dans neuf jours. Il aura deux choix, soit demander un allongement de son visa de séjour ou regagner un autre pays asiatique pour quelques jours. Selon lui, il n’y a pas d’ambassade ni de consulat pour demander de l’aide. «Si j’attends que les frontières s’ouvrent de nouveau, il faudra rembourser les frais qui peuvent s’élever entre Rs 20 000 et Rs 50 000 pour le logement, entre autres.»

À hier, 14 Mauriciens se sont retrouvés coincés à l’aéroport de Dubaï, alors qu’ils étaient en transit. Ils revenaient notamment de la Thaïlande, de la Nouvelle-Zélande, de la France et des États-Unis. Ils ne savent plus à quel saint se vouer aujourd’hui.

Par ailleurs, le ministre Nando Bodha a tenu une conférence de presse ce vendredi 20 mars pour expliquer les démarches que le gouvernement a entreprises pour le rapatriement des Mauriciens  sont bloqués ailleurs, dans d'autres pays.