Publicité

Moins de délits?

5 avril 2020, 21:03

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Moins de délits?

Alors que l’attention est braquée sur le Moins de délits? Covid-19, les délits et faits divers du quotidien ont-ils chuté? Selon les autorités concernées, si le nombre d’accidents de la route a baissé, les malfrats, eux, ne sont pas confinés…

«En avril de l’année dernière, le nombre de victimes d’accidents de la route s’élevait à 40. Cette année, nous n’avons que 33 victimes.» Une comparaison qui, selon l’inspecteur Shiva Coothen, démontre que le couvre-feu national a servi à limiter des drames humains sur nos routes. Mis à part les accidents de la route, les forces de l’ordre ont constaté que des délits tels que fraudes, meurtres, agressions et trafics de drogue, entre autres, ont baissé. «Nou kontinyé fer nou bann patrouy pa dir péna, me linn diminié.»

Est-ce que cela veut dire que depuis le confinement national, notre seul fléau serait le Covid-19 ? Si certains le pensent, d’autres vous diront que cela a servi d’ascenseur à certains délits. Comme les vols de légumes. En effet, Kripalloo Sunghoon de la Small Planters’ Association, soutient depuis le couvre-feu, «bann planter pé trouv zékler. Tou lé zour zot kalver pé augmanté. Ti abitié tou lé tan ena vol legim ou frui me selma sa ti pé afekté zot karo selma 15 % à 17 %. La voler pé vini pa pé zis kokin légim, zot pé ras pié la ousi, pran bann ékipeman tou alé. Depi dé semenn, planter pé enrezistré 30 à 35 % pert à koz voler ena 100 % toupé.»

Kripalloo Sunghoon donne l’exemple de ce planteur de manioc, qui est tombé des nues, jeudi dernier en retrouvant «de gros trous» à la place de son manioc. Il ajoute que les vols ne sont pas tout. «Les planteurs ont peur d’aller dans leurs champs. Ils sont terrorisés. Les voleurs savent qu’une seule personne par champ a obtenu un permis de circuler. Ils viennent donc en groupe et c’est dangereux pour nos planteurs. Nous avons demandé que chaque planteur obtienne plus d’un permis afin que ses travailleurs puissent l’accompagner mais notre demande n’a pas été agréée. On nous a dit de vendre de chez nous, mais c’est impossible, car tous planteurs ne vivent pas à proximité de leurs plantations.» Les légumes ne sont pas les seuls à pâtir du confinement. L’inspecteur Shiva Coothen explique que «des individus se font passer pour des officiers du ministère pour commettre des braquages.Mais la police reste sur ses gardes».

Par ailleurs, le nombre d’agressions serait en baisse. Mais les associations, qui militent contre la violence domestique soutiennent le contraire. Le confinement, en fait, ne fait que servir de confort aux bourreaux. Même si la police dit avoir enregistré moins de plaintes pour violence domestique, ce ne serait pas nécessairement le cas. «Les femmes ne peuvent pas sortir pour porter plainte, non seulement à cause du confinement, mais aussi parce que le conjoint violent est à leur côté 24/24. Zot pé manz kou», explique Catherine Prosper de la plateforme Stop Violans Kont Fam. Quid de la hotline mise en place par le ministère de la Femme alors ? «Monn gagn enn cas kot enn madam inn telefonn hotline, la polis inn vini, inn pran plaint la, apré linn alé. Li pann kapav ni pran madam-la ni pran agreser-la akoz bann cirkonstans», ajoute notre interlocutrice.

Christelle Spéville Bégué, coordinatrice à Passerelle, abonde dans le même sens. Elle ajoute que le ministère a assuré ne pas recevoir beaucoup d’appels. «Le nombre d’appels ne veut pas dire que le problème n’est plus là. Nous aussi, nous avons reçu uniquement deux appels, mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas des femmes en train de souffrir en silence de violences physiques, sexuelles et morales.» Elle explique, qu’à cause de la contagiosité du Covid-19, il est impossible d’accueillir des femmes dans leur centre pour ne pas mettre en danger celles qui y sont déjà. «Cependant, nous avons demandé au ministère de protéger les victimes en laissant celles qui sont à l’hôpital y demeurer, en enfermant les bourreaux et d’ouvrir un centre communautaire pour femmes et enfants qui doivent fuir leur domicile. Mais nous voyons que nos demandes n’ont pas été prises en compte.» De plus, dit-elle, la violence domestique ne concerne pas uniquement des adultes mais aussi des enfants. Selon un officier de la Child Development Unit, si les cas de violence envers les enfants sont aussi en baisse, cela ne veut pas dire qu’elles n’existent pas. «Beaucoup d’enquêtes ne peuvent pas être faites à cause des circonstances. De plus, d’habitude après avoir enlevé un enfant d’un endroit, le protocole stipule qu’on l’emmène à l’hôpital jusqu’à ce qu’il trouve un foyer. Mais comme les foyers sont fermés et que les hôpitaux sont considérés à risque, beaucoup d’enquêtes pâtissent.»