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Secret médical: faut-il divulguer les noms des malades ?

6 avril 2020, 20:15

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Secret médical: faut-il divulguer les noms des malades ?

Faut-il révéler l’identité de ceux qui ont été testés positifs au Covid-19. La question fait toujours débat. Si vous ne savez pas où vous situer, voici les arguments des deux écoles de pensée qui s’affrontent. 

La Corée du Sud, pays largement cité en exemple, est parvenu à inverser la tendance, après une contamination aussi rapide que massive au début de la pandémie, en faisant fi du principe du secret médical. Là-bas, qu’il soit d’accord ou pas, les détails personnels – nom, adresse, positionnement en temps réel – d’un sujet contaminé sont rendus publics.

Le Dr Deoraj Caussy, épidémiologiste mauricien qui a, entre autres, travaillé à l’l’Organisation mondiale de la santé et au Center for Disease Control d’Atlanta est admiratif. «Si une application m’indique en temps réel que je suis dans une zone potentiellement dangereuse où une personne contaminée vient de passer, bien sûr que je vais sortir de là», imagine-t-il. Les arguments pour ce type de transparence sont nombreux. Non seulement cela exposera moins de sujets vierges aux personnes contaminées, mais ce type de transparence rend moins laborieux le fameux «contact tracing». 

Ce sont de potentiels contaminés qui verront que leurs connaissances qu’ils ont côtoyées sont positives qui vont d’elles-mêmes se manifester auprès des autorités. Reste qu’il y a le secret médical. Un des principes en médecine et en droit humain, c’est que le dossier médical de tout individu lui est propre et confidentiel. Or, le Dr Caussy ne voit pas cela comme un obstacle. «En éthique tout est une question de balance. Il faut toujours comparer l’intérêt du plus grand nombre à celui de l’individu. C’est ce même principe qui rend tout à fait légal l’imposition d’un couvre-feu sanitaire alors que la Constitution garantit la liberté de mouvement.» Et puis, il avance qu’être porteur du Covid-19 n’est pas stigmatisant. «Ce n’est pas comme si on vous identifiait avec le HIV il y a 30 ans. Le Prince Charles, la femme de Trudeau et Boris Johnson ont annoncé qu’ils sont atteints du virus.»

Reste un dernier contre-argument avancé par le Dr Gujadhur, directeur de la santé qui, oubliez les noms, refuse même de révéler la localisation des foyers du virus : «Le problème , si on fait ça, c’est, qu’en n’entendant pas leurs quartiers sur la liste des foyers du Covid-19, certains citoyens risqueraient de baisser la garde.» Et puis avance-t-il, cela ne sert plus à rien désormais. «Le virus est partout dans l’île. Nous avons vu un sujet contaminé par un autre qui habite à 20 kilomètres de chez lui»