Le ministre des Finances compte bien présenter le Budget en juin. Toutefois, il est probable qu’il n’aura pas de tête-à-tête comme par le passé. Mais les propositions peuvent lui être envoyées d’ici la fin de la semaine prochaine. Des syndicats, eux, face à l’incertitude qu’entraîne la situation sanitaire et économique, voudraient reporter l’exercice de six mois. 

La préparation du Budget national se fait dans un environnement défavorable. Les affaires sont quasiment à l’arrêt, mais au ministère des Finances, une source nous fait comprendre que le ministre Renganaden Padayachy présentera bel et bien le Budget en juin, à moins d’un gros bouleversement. «En raison du confinement, il n’y aura pas probablement de tête-à-tête comme par le passé. En revanche, le ministère accusera réception des propositions pendant toute cette semaine. Nous sommes en contact avec ceux concernés, comme Business Mauritius par exemple.» D’ailleurs, le ministère des Finances a repoussé la date limite pour la soumission des propositions jusqu’à la fin de la semaine, précise notre source. 

Un proche du Business Mauritus confirme que ses membres sont en contact avec le gouvernement depuis plusieurs semaines en raison du couvre-feu mais également pour se préparer à l’après confinement. «Ce sera un Budget préparé dans un contexte difficile. S’il est vrai que, pour le moment, la priorité demeure le confinement, il faut préparer un plan pour la relance économique. D’ailleurs, nous estimons que cela devra être une partie importante du Budget. Nous en avons fait état au gouvernement.» Un autre aspect prioritaire de Business Mauritius est la sauvegarde de l’emploi, comme évoqué dans notre édition d’hier, lundi 13 avril.

Malgré la mise en marche de la machinerie pour la présentation du Budget, les représentants des employés estiment que le moment n’est pas propice pour cet exercice. Le porte-parole de la Confédération des travailleurs du secteur privé, Reeaz Chuttoo, lance un appel au ministre des Finances pour prolonger la date limite de soumission des propositions en raison du climat d’incertitude. «Il y a la menace de licenciements dans divers secteurs. D’ailleurs, je viens d’apprendre qu’une société licenciera sous peu. Nous préférons aussi attendre de voir quelles sont les propositions du gouvernement afin d’aider les employés. Il nous faudra du temps.» 

Dans le secteur public, Rashid Imrith, président de l’All Employees Federation et de la Fédération des syndicats du secteur public, propose que la présentation du Budget soit tout simplement décalée de six mois, comme l’autorise la Constitution, en raison du Covid-19. «Si le gouvernement veut présenter un Budget en se basant sur celui de l’année dernière, c’est très mauvais. Il nous faut des mesures politiques et pas un simple exercice de comptabilité. D’où notre demande pour reporter sa présentation afin de prendre en considération l’impact du confinement. D’ailleurs, il faut se demander si le Parlement sera ouvert, en juin, pour les débats budgétaires.» Il est probable que les syndicats du secteur public ne soumettent pas de recommandations au gouvernement pour cet exercice. 

Recrutement gelés  

D’après les informations obtenues, le département financier de chaque ministre a eu comme instruction de calquer le budget de leurs ministères respectifs sur celui de l’année dernière, mais en réduisant les dépenses par 10 à 20 %. Autre information : tous les recrutements dans les différents ministères ont été gelés. Aux Finances, on nous confirme qu’effectivement chaque ministère devra réduire ses dépenses par au moins 10 %. Cependant, pour le gel des recrutements ou encore la préparation du Budget 2020-2021 en se basant sur les dépenses de l’année dernière, nous n’avons eu aucune confirmation du ministère.