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Arrestation de Rachna Seenauth: les incohérences dans l’action de la police

18 avril 2020, 15:15

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Arrestation de Rachna Seenauth: les incohérences dans l’action de la police

Quel est le locus standi de Kaushik Jadunundun ? A quelle heure a-t-il complété sa déposition contre la secrétaire d’Ameenah Gurib-Fakim ? Autant de questions se posent alors que les policiers ont débarqué chez  Rachna Seenauth, vers 13 heures, mercredi dernier. D’autant que l’on sait que le membre du board de l’Information, Communication and Technologies Authority (ICTA) a complété sa plainte peu avant 15 heures ce jour-là. C’est du moins ce qu’il a laissé comprendre dans un post sur Facebook.

«2 hours spent in casernes cybercrime. Did it for my boss and my PM and My country», écrit-il. Sollicité, Kaushik Jadunundun n’a pas voulu répondre aux questions. L’homme, qui ne cache donc pas sa proximité avec le Premier ministre s’est contenté de répéter qu’il n’a rien à dire.

L’avocat de Rachna Seenauth, Rouben Mooroogapillay, confirme que le membre du board de l’ICTA a fait une plainte vers 13 h 30. Mais que les enquêteurs ont interpellé sa cliente avant même la fin de l’exercice.

L’autre question qui se pose est pourquoi Rachna Seenauth a été arrêtée alors que dans d’autres cas, l’avis du Parquet est sollicité au préalable. «Une violation de l’ICTA est une arrestable offense», a répondu notre interlocuteur. Un autre inspecteur, lui, confie que cela se décide au cas par cas.

Questionné, Me Shakeel Mohamed affirme que si Rachna Seenauth a vraiment été interpellée avant la fin de la plainte, ce serait choquant et loin d’être normal. «On ne peut ni arrêter ni interpeller une personne avant la fin d’une déclaration. Donc, ce n’est pas normal. Puis, la déclaration ne suffit pas. Il faut aussi que l’enquête soit enregistrée avant que la police n’agisse», dit-il.

Le député se questionne aussi sur le locus standi de Kaushik Jadunundun. «A quel moment lui revient le rôle de décider de ce qui est préjudiciable au gouvernement?» se demande Shakeel Mohamed.

D’autres avocats, eux se demandent comment Kaushik Jadunundun s’est rendu aux Casernes sans être verbalisé alors qu’il n’avait pas de raisons valables de se déplacer alors que Rouben Mooroogapillay et Lovena Sowkhee, qui devaient assister Rachna Seechurn dans sa déposition, ont été verbalisés pour «breach of curfew order».

Par ailleurs, depuis l’arrestation de Rachna Seenauth, plusieurs vidéos de Kaushik Jadunundun insultant des individus, activistes et membres du Parlement ont fait surface. Dans d’autres, il s’adresse au Premier ministre comme son «frer». Est-ce qu’il sera arrêté ? «Ounn deza trouv lapolis aret bann pros MSM ? The way out dan sa péi la, sé fer vidéo pou dir Pravind Jugnauth to kontan li» répond sans rire Shakeel Mohamed.

Ce dernier précise qu’il était visé par l’une des vidéos de ce membre du board de l’ICTA et il avait prévenu le chairman de l’instance. Sollicité, Dick Ng sui Wa confirme. «Je n’étais pas au courant de l’existence de cette vidéo, mais lorsque je l’ai vu, j’ai tout de suite rappelé le membre à l’ordre et lui ai demandé d’enlever son clip», confie l’avocat. Dans la foulée, il rajoute que l’ICTA ne cautionne absolument pas ce type de contenus.

Mais est-ce que Kaushik Jadunundun sera sanctionné par rapport à ces vidéos ? Une source officielle de la police avance qu’une plainte en bonne et due forme n’est pas nécessaire pour une arrestation dans ce cas. «Si la vidéo comporte des éléments qui vont à l’encontre de la loi, nous pouvons agir.»

Sauf que la police n’a pas vu les vidéos qui font actuellement le buzz…