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Situation financière: MK devait 15 fois plus d’argent qu’elle n’en possédait
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Situation financière: MK devait 15 fois plus d’argent qu’elle n’en possédait
Si la plupart des Mauriciens ont été surpris par l’annonce subite de la mise sous administration de MK, ce n’était pas le cas pour les experts. Ces derniers affirment que la compagnie d’aviation avait du plomb dans l’aile depuis longtemps. Déjà, beaucoup avaient commencé à froncer les sourcils lorsque la compagnie avait décidé de faire l’acquisition de deux nouveaux avions sans savoir si elle avait la capacité de les financer.
Cette semaine, un ancien haut cadre a d’ailleurs déclaré que ce contrat de leasing devait être renégocié l’année dernière pour éviter ce crash. Puis, depuis quelque temps, MK n’affichait pas la meilleure santé financière. L’exercice financier pour les neuf mois se terminant au 31 décembre 2019 affichait un endettement de Rs 33 milliards, alors que les caisses de la compagnie ne contenaient que Rs 2,2 milliards. Ce qui veut dire que MK devait 15 fois plus d’argent qu’elle n’en possédait.
Quelles sont les avenues possibles pour que la compagnie prenne son envol à nouveau ? La plus probable, selon les experts, est l’arrivée d’un investisseur étranger qui injectera du capital dans la compagnie. Ce ne sera pas une vente, mais un partenariat, et l’État et les actionnaires seront toujours membres du board. Il se peut aussi qu’il y ait un dégraissage pour réduire les dépenses. En outre, les actionnaires actuels peuvent y injecter des fonds. Ou encore faire un tri parmi les filières d’activités et vendre quelques filiales et conserver uniquement le «flagship».
Pendant ce temps, il va falloir trouver les fonds pour que les opérations continuent.
La liquidation, le dernier recours
L’administration volontaire est une décision prise par le board avant que la situation ne devienne irrattrapable. Si un plan efficace est proposé aux créanciers, qui aidera à rétablir les finances de MK, celle-ci sera à nouveau remise entre les mains du board pour la suite de la gestion. En revanche, la liquidation, c’est tout à fait autre chose. Si aucun plan n’est trouvé et que les créanciers exigent les paiements, la compagnie sera alors mise en liquidation.
Les opérations cesseront et les biens de MK seront vendus pour effectuer les paiements. Mais il est entendu que la liquidation serait un dernier recours. Pour l’instant, tout est mis en œuvre pour ne pas arriver à ce point de non-retour.
À quoi servent les administrateurs ?
Le rôle des administrateurs – qui dans le cas de MK sont Sattar Hajee Abdoula et Arvind Gokhool, tous deux partenaires chez Grant Thornton – est de définir un plan pour remettre la compagnie sur les rails. Ce plan de redressement sera ensuite proposé à tous les créanciers. Tout d’abord, les administrateurs vont devoir rencontrer les créanciers, désormais les «frontliners», pour entamer les négociations. Les requêtes qu’ils peuvent formuler sont diverses.
Les administrateurs peuvent, par exemple, demander un moratoire sur les paiements, le temps que la crise du Covid-19 passe. Ou encore, ils peuvent demander que le montant des paiements soit réduit et le délai du prêt étendu. Ils ont aussi la possibilité de réclamer un autre prêt, dont le paiement commencera ultérieurement. Sattar Hajee Abdoula et Arvind Gokhool doivent rencontrer les créanciers une dizaine de jours après la mise sous administration de MK. Ils ont 70 jours pour présenter le plan de redressement. Mais il se peut que les créanciers estiment que le plan proposé ne leur convient pas ; et s’ils sont d’accord à 75 %, ils peuvent nommer d’autres administrateurs. Pour les autres, l’avenir nous le dira…
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