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Aux Jeux de Tokyo en 2021: Dylan Chellamootoo, l’or olympique à l’accent mauricien
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Aux Jeux de Tokyo en 2021: Dylan Chellamootoo, l’or olympique à l’accent mauricien
Après le nageur sudafricain Chad le Clos et le footballeur français Vikash Dhorasoo, allons-nous vibrer pour un autre grand sportif d’origine mauricienne dans un proche avenir ? Cette fois il est question de taekwondo, discipline encore peu médiatisée chez nous, et des Jeux olympiques de Tokyo 2021.
A 25 ans, Dylan Chellamootoo est en fait le numéro 1 français du taekwondo dans sa catégorie, les moins de 68 kg, depuis 7 ans et évolue en équipe de France depuis 9 ans. Lorsque nous l’avons contacté, il s’est dit surpris et flatté que les médias de son pays d’origine s’intéressent à lui car Maurice garde une place à part dans son coeur. Très humble, il n’est d’ailleurs pas du genre à ramener la couverture à lui.
«J’ai des gênes mauriciens, c’est le nom de ma famille. Maurice est important pour moi ! J’aimerai beaucoup représenter Maurice, ce serait une fierté. Mes origines sont mauriciennes. Mon père était de Rose-Hill et a quitté le pays sur ses 17 ans avec ses deux soeurs et un frère, pour venir vivre à Cergy Pontoise (département 95, en région parisienne)», s’emballe-t-il. Venu deux fois dans l’île en vacances, il se rappelle surtout de Flic-en-Flac. Mais Maurice c’est aussi pour lui les savoureuses histoires contées par son père…
Sponsorisé par la SNCF
Même s’il fait partie de l’équipe de France, Dylan Chellamootoo aimerait ‘servir’ Maurice. Aider son pays. «Pourquoi pas venir faire un stage à Maurice, raconter mon parcours, aider les jeunes du pays à découvrir cette discipline ? Je ne sais pas comment faire… Je sais qu’il y a quelques clubs. J’aimerais aider à développer ce sport là-bas», confie-t-il. Proposition lancée ! La balle est à présent dans le camp du ministère des Sports ou de ceux que cela pourrait intéresser…
Son CV ? Vice-champion du monde junior en 2012, six fois champion de France senior, vice-champion du monde militaire 2019 et 3e fois troisième aux Championnats d’Europe (notamment l’année dernière). S’il n’est pas encore le n°1 au monde, il y travaille…
«Les Coréens ce sont eux les boss, c’est leur sport…», rigole Dylan. «Dans les grands tournois, le niveau est très élevé. Il y a des années où je suis moins en réussite que d’autres. Mais mes derniers résultats sont très bons et je suis en bonne forme.»
«Mon grand objectif c’est la qualif’ olympique pour 2021 pour le tournoi préolympique», poursuit-il. «On ne connaît pas encore la date… C’était prévu pour le mois d’avril en Italie mais cela a été repoussé à cause du confinement. Du coup, toute ma préparation est tombée à l’eau… Mais je suis confiant de me qualifier et de viser l’or pour Tokyo 2021 et aussi remettre ça pour nos Jeux à domicile, en 2024, à Paris…» Selon la hiérarchie des têtes de série, Dylan devrait passer le cap pré-olympique menant vers les JO.
Coup de foudre avec Magda à L’INSEP
Sponsorisé par la SNCF (compagnie des chemins de fer français), Dylan a déjà assuré sa reconversion. «Dès que j’arrête ma carrière, je travaillerai avec eux. En France, pour tous les sportifs de haut niveau, c’est dur d’avoir des contrats et vivre de sa passion. On est obligé de faire des études ou travailler en même temps. Là, grâce à la SNCF, je suis totalement libéré et je peux me concentrer uniquement sur mes objectifs sportifs.»
Pour ce faire, il s’entraîne à l’INSEP, l’institut du sport d’élite en France, qu’il intègre en 2013. La crème de la crème du sport français (voir hors-texte)… «Au début cela fait bizarre de croiser des gars comme Teddy Riner…», glisse-t-il. Son meilleur ami dans la place est le judoka Walid Khyar, entra autres.
Mais celle dont il est le plus proche c’est évidemment Magda Wiet-Henin, sa compagne dans la vie. Rencontrée sur les tatamis. Il n’y a pas de hasard ! Dylan flashe même tout de suite sur elle lorsqu’elle débarque à l’INSEP en 2014. «Elle, dès que je l’ai vue, j’ai dit ‘houlala’, il faut que je sois le premier à l’aborder…»
Féroce compétitrice, cette dernière est aussi affûtée que lui. Championne du monde jeune, vice-championne d’Europe, médaillée de bronze aux derniers Championnats du monde senior l’année dernière… Avec Magda, originaire du Surinam et dont les parents sont champions du monde (de boxe et MMA respectivement !), c’est l’amour fou et une formidable complicité. Manger, dormir, s’entraîner, traverser la planète pour participer à des tournois avec les Bleus : rien ne les sépare.
Entraînement en confinement
Au point d’être comparés au couple de boxeurs français Estelle Mossely-Tony Yoka, qui s’était paré d’or aux JO 2014 au Brésil… «Oui c’est flatteur !», rigole Dylan. «RMC Sport a fait un reportage sur nous l’année dernière après les Championnats du monde à Manchester où on avait brillé tous les deux.»
En attendant de marcher sur les traces de leurs glorieux aînés, Dylan et Magda s’entraînent en confinement, dans la maison familiale à Nancy. Covid- 19 oblige. «Au mois de mars, on était en tournée tous les deux avec les Bleus à Cuba, au Costa Rica et aux Etats-Unis. Lorsqu’on est revenu on ne comprenait pas ce qui c’était passé. On est rentré lundi, confiné mardi ! Du coup, je suis allé chez ma copine et on s’entraîne ensemble.»
Efficace ? «On s’entraîne tous les jours à 16h30, on fait de l’opposition, de combats, de la technique. On a de la chance, on a mis des tapis dans une salle et la fédé nous a envoyé un sac de frappe : une cible pour frapper dessus. Vu que je ne m’entraîne qu’une fois par jour au lieu de deux, j’ai un peu perdu et pris du poids. Mais j’ai la forme et j’attends la reprise comme tous les sportifs la semaine prochaine !» Pour tout déchirer, c’est tout ce qu’on leur souhaite.
Dylan Chellamootoo raconte son parcours
<p><em>«J’ai commencé le taekwondo à Cergy à 8 ans. Le club était juste à côté de chez moi, du coup je pouvais m’entraîner et rentrer tout seul à pied chez moi. A 12 ans, j’ai fait deuxième aux championnats de France. Mon premier gros résultat. Puis, j’ai été repéré par l’équipe de France vers 13-14 ans. A 14 ans, on m’a ensuite demandé de rejoindre l’équipe de France Espoirs, à Toulouse, pour deux ans. </em></p>
<p><em>Très dur moralement les six premiers mois. J’étais super triste, j’appelais mon père tous les soirs et je voulais rentrer. Je suis très famille. Mes cousins me manquaient. Je ne pouvais pas rentrer tous les weekends, seulement pendant les vacances scolaires. </em></p>
<p style="text-align:center"><img alt="" src="/sites/lexpress/files/images/article/saute.jpg" /></p>
<p><em>Aujourd’hui cela fait 9 ans que je suis en équipe de France. J’ai intégré l’INSEP en 2013, la plus grosse structure en France. Mes débuts ont été difficiles, c’est un rythme très dur. Deux entraînements par jour, un à 11 heures et un autre à 17heures, ce qui fait 25 heures d’entraînement minimum par semaine. Voire plus si tu fais des séances perso ou si tu travailles en individuel. On a trois coaches : un préparateur physique et deux sur le tapis. C’est vraiment le très haut niveau en France. Faut rester concentré pour garder le rythme. Il faut bien gérer et avoir une bonne hygiène de vie pour durer. </em></p>
<p><em>J’ai fait trois fois troisième aux championnats d’Europe (2014, 2015 et 2019), échouant trois fois en demi-finale. Vice champion du monde junior et vice champion du monde militaire en 2019. Ce qui manque à ma carrière et le plus important pour un sportif ce sont les JO. C’est la compétition la plus prestigieuse. J’espère que cela sera pour 2021. Et aussi en 2024 car on sera à domicile à Paris. D’ici là je vise un titre de champion du monde et d’Europe…»</em></p>
<p style="text-align:center"><img alt="" height="373" src="/sites/lexpress/files/images/article/tab_7.jpg" width="650" /></p>
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