La mesure annoncée, jeudi, dans le Budget a été applaudie certes. Mais pas par tous. Car, si elle concerne les policiers et médecins, entre autres, d’autres «frontliners» ont l’impression d’avoir été laissés sur le banc de touche.

Rs15 000. C’est la prime à laquelle auront droit certains de nos «frontliners». Mais certains seulement. Policiers et personnel de santé seront ainsi remerciés à juste titre pour leur lutte courageuse contre le Covid-19. Mais d’autres, qui étaient également en première ligne dans cette bataille contre la pandémie, déplorent le manque de considération du gouvernement à leur égard.

«Nou pann fer sakrifis nou? Nou pann kit nou fami nou? Nou pa ti exposé nou?» Des questions, de l’incompréhension, mais aussi une bonne dose d’amertume depuis l’annonce de Renganaden Padayachy. Pompiers, éboueurs, employés de supermarché et ceux du transport, entre autres, ne figurent pas sur la liste.

«Li pa korek fer diskriminasion», soutient Radhakrishna Sadien, président de la Government Servives Employees Association. S’il est vrai que le personnel de santé et les policiers méritent amplement cette prime, d’autres y ont droit aussi. Comme ceux qui travaillent dans la sécurité sociale, les médias, les pompiers, les éboueurs ainsi que des employés de supermarchés ou encore les garde-chiourmes. «Ils ont aussi bossé dur alors que la population était chez elle, bien au chaud. Li injuste.»

Il est d’avis qu’il faudra définir qui sont ceux qui sont éligibles ou pas. Par exemple, pour le personnel de santé, il n’est pas mentionné qui touchera ou pas les Rs 15 000. «Mem bann inspekter saniter? Tou? Éna ki finn travay direk ek pasian ek lézot non? Kisannla ki pou gagn sa?» Et puis, Radhakrishna Sadien soutient que le gouvernement devra dire d’où viendra l’argent qui financera les primes. «Kot kasla pou sorti? Peut-être du Covid-19 Solidarity Fund ?»

De leur côté, la plupart des pompiers sollicités affichent grise mine. «Rs 15 000 li pa enn bel kas, mé omwin ti pou gagn enn ti zafer pou tou zéfor ki nou finn doné, nou finn met fami dé koté, nou zéfor pa mem rékonet.» D’autres soutiennent qu’avec ou sans prime, le travail a été fait et c’est le plus important au final. «Le public sait ce qu’on a fait, dans l’intérêt du pays. Nous sommes formés pour cela. Nou finn manz ar li.»

Pour ce qui est des employés de supermarchés, Rs 15 000 auraient été une motivation certaine. «Cela aurait été une façon de nous valoriser et de montrer que nous avons aussi mis notre santé entre parenthèses pour servir la population. Zordi pé fer favoritisme !» fustige une jeune caissière.

Ceux du transport public n’en démordent pas. «Bis finn donn enn servis toulézour. Nou finn gagn problem ékipman, nou finn expoz nou lavi. Zordi zéro ! Rs 15 000 li pa enn ti kas», soutient un receveur d’autobus de la CNT.