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PNQ rejetée: l’opposition évoque un trou dans le NPF
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PNQ rejetée: l’opposition évoque un trou dans le NPF
«C’est une entorse à la démocratie», «Du jamais vu»! C’est en ces termes que le leader de l’opposition a qualifié la décision du speaker de l’Assemblée nationale de rejeter la Private Notice Question (PNQ) adressée au ministre des Finances, hier, mardi 9 juin. Question portant sur la réforme proposée de la pension. Arvin Boolell voulait obtenir plus de détails sur les changements qui sont proposés par le gouvernement et, surtout, savoir dans quelle mesure ils impacteront la pension d’invalidité ou encore la pension pour les veuves. Un rejet qui suscite encore plus d’interrogations sur les dessous de la Contribution sociale généralisée (CSG) et ce qu’adviendra de l’argent qui se trouve dans le National Pensions Fund (NPF).
Vers 10 heures, soit une heure et demie avant le début de la séance d’hier, la greffière (Clerk) de l’Assemblée nationale a informé Arvin Boolell que la PNQ a été rejetée. Aucune raison justifiant cette décision ne lui a été fournie. Il a alors réclamé des explications en écrit, ce qui n’a rien donné. Au début de la séance, le leader de l’opposition a soulevé un point of order, réclamant des explications du speaker Sooroojdev Phokeer. «C’est un point que vous auriez dû soulever dans mon bureau», a-t-il déclaré ce dernier sèchement.
Une attitude qui étonne l’ancien speaker et ancien président de la République, Kailash Purryag. «La question d’Arvin Boolell était basée sur des faits. Il n’y a rien dans les Standing Orders qui l’empêche de poser cette question. La moindre des choses aurait été de fournir des explications concrètes. C’est bizarre et c’est une situation sans précédent.» Un autre ancien speaker abonde dans le même sens. «C’est curieux toute cette histoire. L’Assemblée nationale est régie par des Standing Orders et la question du leader de l’opposition n’avait rien d’anormale. S’il y en avait, ce n’est pas dans le bureau du speaker que des explications doivent être fournies mais en toute transparence dans l’Hémicycle.»
Pour le Whip de l’opposition, Shakeel Mohamed, la tournure des événements confirme que le ministre des Finances et le gouvernement peinent à trouver des réponses. Avant la suspension de la séance, il a souhaité soulever un point of order mais avant même qu’il n’ait eu l’occasion d’en dire plus, le speaker l’a stoppé dans son élan. Ce qui a poussé le député à s’exprimer. «Am I being gagged? Nous avons des informations selon lesquelles il y a un trou dans le NPF. La PNQ était l’occasion de mettre tout au clair et dans la transparence. La population mérite des réponses mais ils choisissent de mettre des sparadraps sur la bouche des membres de l’opposition, en sus des masques. Bienvenu dans le cauchemar !»
Lors de son discours budgétaire, Renganaden Padayachy a vendu cette nouvelle mesure comme celle qui garantirait le plus d’avantages à nos ainés. Aucune indication n’a été donnée sur le montant qui figure actuellement sur le NPF et de ce qu’il en adviendra une fois que le fonds de pension sera aboli en septembre 2020. La seule assurance donnée par le gouvernement jusqu’ici c’est que la pension universelle de Rs 9 000 sera toujours remise aux personnes âgées, du moins jusqu’à 2023.
Pas la première question sur une annonce budgétaire
<p>Arvin Boolell n’a pas tort lorsqu’il dit que c’est la première fois qu’un tel incident se produit. Même en plein débats budgétaires, il est courant que le leader de l’opposition interpelle le Premier ministre ou n’importe quel autre ministre sur une mesure proposée durant le discours budgétaire. Il suffit de remonter au 17 juin 2019, lorsque le leader de l’opposition d’alors, Xavier-Luc Duval, avait interrogé le Premier ministre, qui occupait aussi le portefeuille des Finances, sur le transfert éventuel de Rs 18 milliards du <em>Special Reserve Fund </em>de la Banque de Maurice. Xavier-Luc Duval avait même spécifiquement mentionné dans sa question qu’il s’agissait d’une mesure proposée dans le Budget. Le lendemain, soit le 18 juin, sa PNQ était, cette fois-ci adressée au ministre de l’Agro-industrie d’alors, Mahen Seeruttun, sur une autre annonce budgétaire. Dans les deux cas cités, ni Premier ministre ni le ministre concerné, et encore moins la speaker Maya Hanoomanjee, n’avait trouvé quelconque raison de rejeter ces PNQ. Qui plus est, l’article 22 (1) des <em>Standing Orders</em> de l’Assemblée nationale énumère une quinzaine de cas où des questions ne peuvent pas être posées. Le contenu de la PNQ d’Arvin Boolell ne semblait pas les contrevenir.</p>
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