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Squatteurs de Curepipe & Riambel: le froid mais toujours pas de toit
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Squatteurs de Curepipe & Riambel: le froid mais toujours pas de toit
Sous leurs tôles ou leurs toiles, ils bravent la fraîcheur de Curepipe et de Riambel depuis une dizaine de jours. Ces occupants de terres de l’État s'y accrochent : ils n’ont nulle part où aller pour vivre. Même si les vêtements d’hiver leur font défaut, l’espoir de jours meilleurs se profile à l'horizon et le réseau de solidarité qui s’est créé autour d’eux leur réchauffe le cœur...
Ce sont des situations qui fendent le cœur, même celui des plus robustes. Le froid de ces derniers jours a fait trembler presque tout le monde. Beaucoup de personnes, blottis dans leurs pulls ou couvertures, ont eu une pensée pour ces personnes qui se sont retrouvées sans toit depuis le 1er juin : celles de Riambel et le 28 mai celles de Curepipe. Leur quotidien, à la merci du vent et de la pluie, a ému plus d'un...
Elle tremble dans ce froid d'hivrs, et pourtant il n’est même pas encore 16 heures. Alison Duval esquisse un petit sourire. Un faible rayon de soleil illumine pendant quelques minutes sa maison à cité Tôle, à Malherbes. Maison confectionnée avec des feuilles de tôle trouées et comportant des fentes qui laissent entrer le vent glacial de Curepipe. Le regard de la jeune femme va vers son enfant, âgé d’un mois, qui repose dans la chaleur de ses bras. «Je ne sais pas où aller. Et maintenant, le 30 juin, on va venir tout démolir.» Cette mère raconte qu’elle n’a ni eau, ni électricité depuis qu’elle occupe sa maison, installée sur les terres de l’État.
«Par moments, je n’ai pas de quoi nous nourrir. Ni de lait pour les petits. Ils sont obligés de boire du thé pur.» Il faut savoir qu’hormis son bébé d’un mois, elle a aussi un autre petit d’un an.
Cette dernière demande l’indulgence des ministres, plus précisément celui du Logement et des Terres. «Nous sommes des êtres humains nous aussi.» Elle confie que les vêtements chauds commencent à lui faire défaut. «Il fait extrêmement froid actuellement à Curepipe. Nous n’avons pas de vêtements adéquats. Par moments, surtout le soir, les feuilles de tôle bougent et laissent encore plus d’air frais pénétrer. Et avec l’eau qui rentre dans la maison, la situation est très difficile à vivre.» Mais le pire est que malgré la boue et l’eau, ses enfants doivent dormir à même le sol.
Anastasia, mère de jumeaux, est peinée de devoir faire subir cette situation à ses enfants. «La situation est très difficile. En plus, les enfants sont quelquefois piqués par les moustiques. Parfois, je n’arrive pas à regarder mes enfants. Je sais qu’ils souffrent. J’ai mal au cœur.» Elle éprouve toutefois de la gratitude envers ceux qui lui donnent de la nourriture. «Il y a des gens qui m’aident.» Mais, comme beaucoup d’autres qui se retrouvent dans la même situation qu’elle, elle implore les autorités à lui tendre la main. «Aidez-moi !»
Natacha Buckland a, elle, profité des lueurs du soleil pour rendre visite à ses petits-enfants. Elle en a cinq qui vivent à cité Tôle. «C’est toujours un plaisir de venir les voir.»
À Riambel, la situation est identique. Il y a ceux qui dorment à la belle étoile. Depuis plus d’une semaine, ils essayent de braver le froid qui s’est installé sur l’île. Pour Annaelle Gaspard, les jours ne sont plus aussi beaux qu’avant. «Hormis la fraîcheur, c’est la pluie qui tombe durant la nuit , ce qui est pire. Toutes nos affaires sont mouillées, bonnes pour la poubelle.» Cette dernière essaye tant bien que mal d’oublier la situation dans laquelle elle se trouve. «Du coup, je m’occupe des enfants qui se trouvent ici. Nous jouons toute la journée, histoire de tout oublier.» Les problèmes qui la confrontent ce sont ceux des adultes, pas les siens.
Le jeune Christeven Philogène essaye, lui aussi, de mettre ses ennuis de côté. Sans succès toutefois. «Entre le matelas mouillé, les linges qui suivent le même sort. Le plastique que nous avons installé comme couverture contre la pluie n’aide pas du tout», déplore-t-il. Le plus dur étant qu’il a un bébé. Et pourtant, il essaye de sourire.
Aide: les réseaux du cœur
<p><em>«Je te promets pas le grand soir... Mais juste à manger et à boire... Un peu de pain et de chaleur... Dans les restos du cœur.»</em> Ces paroles, depuis 1986, retentissent sur les ondes des chaînes françaises. À Maurice, à des milliers de kilomètres, des jeunes et moins jeunes ont décidé en cette période hivernale de venir en aide aux moins fortunés. C’est le cas de la leveuse de fonte Roilya Ranaivosoa. <em>«C’est venu du cœur. Il ne faut pas qu’il y ait de la publicité derrière ce geste. Il faut également que ceux qui aident les moins fortunés pensent qu’il n’y a ni compétition, ni concurrence dans ce geste.»</em></p>
<p>Derrière son sourire se cache la dure réalité de la vie que l’athlète a endurée. <em>«Je connais le monde de la pauvreté. J’y suis passée. Ma mère lavait nos vêtements à la rivière.»</em> Pourtant, la jeune femme a persévéré dans le sport devenant même la meilleure sportive de Maurice pour 2019<em>. «J’ai envie d’aider les jeunes issus de cette pauvreté. Peut-être que l’on peut en tirer de très bons athlètes.»</em> Il ne faut pas juger son prochain. <em>«On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve.»</em></p>
<p>En plus d’avoir rencontré ces jeunes squatteurs, elle a aussi lancé un appel à l’aide. <em>«Une dame en Irlande m’a proposé de m’aider. Il ne faut pas tomber dans la fatalité. Il faut essayer de s’en sortir. Il faut un plan d’action pour combattre la pauvreté.»</em></p>
<p>Ce sont aussi les appels lancés à plusieurs reprises par le père Gérard Mongélard. Il a, dans une vidéo, demandé aux politiciens, surtout de l’opposition, de ne pas faire de la politique sur le dos des démunis. <em>«Où étaient-ils quand on détruisait les maisons de ces gens? Aster la ki zot lizie ouver?»</em> Avec le soutien du père Laurent Rivet, ils ont réussi à venir en aide aux familles qui ont des enfants. <em>«31 enfants issus de 17 familles se retrouvent à l’école Henri Souchon. Les responsables n’ont pas hésité à ouvrir l’établissement pour hébreger ces personnes. On aurait voulu que tous ces enfants puissent dormir dans des lits mais dans les salles de classe, nous ne pouvons que mettre des matelas, que le Père Rivet est allé acheter.»</em> Ce dernier soutient qu’un comité a déjà été mis en place pour aider ces personnes. <em>«Il est faux de dire que ces gens n’ont pas de mets chauds. Tous les jours, on leur donne à manger. Nous avons même emmené un docteur auprès de ces personnes pour faire un bilan de santé. C’est aux autorités de leur donner un toit, nous ne pouvons en faire plus.»</em></p>
<p>Le plus important, c’est que ces appels sont entendus de toutes parts. Le président de Platform Ti Travayer, Stephane Maurymoothoo, a aussi déjà commencé à aider ces sans-abri. <em>«Nous avons collecté et distribué de la nourriture depuis que l’on a détruit leurs maisons.» </em>Une distribution de vêtements aussi s’est faite à Riambel. <em>«Il fait très froid là-bas. Et nous demandons aux gens qui ont de vieux molletons ou des couvertures de nous les donner. Nous allons les porter à ces compatriotes.»</em> Stephane Maurymoothoo, de par son travail, est amené à être sur les routes. <em>«Que les gens me contactent sur le 54814821, et je viendrai récupérer nourriture et couvertures pour être distrbué.»</em></p>
<p>Être à l’écoute des jeunes, c’est le choix et le vœu de la députée Joanna Bérenger. Ce samedi, elle ira, avec l’aile jeune, de la circonscription n°16, à la rencontre des plus démunis. <em>«On demande aux gens s’ils peuvent amener de la nourriture, des produits hygiéniques, des vêtements chauds. S’ils n’arrivent pas à les déposer sur place, ils peuvent les laisser avec moi ou quelqu’un de l’équipe de Vacoas. On peut aussi s’organiser pour les récupérer.»</em> En cette période de fraîcheur, un peu de chaleur humaine est la bienvenue.</p>
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