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PADCo sur l’affaire St-Louis: «On nous piétine dans une lutte qui ne nous concerne même pas»
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PADCo sur l’affaire St-Louis: «On nous piétine dans une lutte qui ne nous concerne même pas»
C’est lui, le fondateur de PADCo, la firme dont le nom est cité avec insistance depuis deux semaines, soit depuis l’éclatement du St-Louis Gate. Lui, c’est Philippe Hao Thyn Voon, 79 ans. Il confie son ressenti face à toute cette affaire.
Depuis plus de deux semaines, le nom de PADCo est lié au scandale appelé le «Saint-Louis Gate». Qu’avez-vous à dire à ce sujet ?
C’est triste pour la famille. C’est une période très dure et le moral est à zéro. Même nos employés et la trentaine d’athlètes qui travaillent à nos côtés sont bouleversés. C’est la première fois depuis la création de l’entreprise que nous faisons face à un problème de cette envergure. C’est dommage surtout parce qu’on nous piétine dans une lutte qui ne nous concerne même pas.
Pourquoi pensez-vous que l’opposition insiste sur la mise sur pied d’une enquête au sujet de PADCo ?
Je ne comprends vraiment pas. En tant que sportif, j’ai côtoyé tous les partis politiques et je n’ai jamais eu un quelconque souci avec qui que ce soit. Nos relations ont toujours été cordiales avec tout le monde. En tout cas, moi, je n’ai rien à cacher. J’ai toujours fait mon travail dans l’honnêteté et dans la transparence. Demandez à n’importe lequel de mes employés, il vous le confirmera.
Le fait que PADCo soit associée à la compagnie danoise BWSC depuis plus de 15 ans ferait sourciller. Comment expliquer qu’à chaque fois, vous décrochiez des contrats ?
Nous travaillons dur et nous sommes guidés par l’esprit sportif. À l’époque, il y avait un représentant de la compagnie danoise qui nous avait contactés et nous avait demandé des informations. On les lui a données. Le représentant était satisfait et la compagnie nous a sollicités à chaque fois parce que notre travail lui a plu. C’est aussi simple que ça. Il n’y a eu aucune maldonne.
Pourquoi n’envisagez-vous pas des poursuites si ces allégations sont fausses ?
Je n’ai rien à dire de plus à ce sujet. Je n’ai rien à justifier. Et je ne vais rien dire qui ne soit susceptible de compromettre l’enquête lancée par la commission anticorruption. Tout ce que nous souhaitons à notre niveau, c’est que la vérité triomphe. En tout cas, je reste à la disposition des autorités si besoin est.
Focus : Philippe Hao Thyn Voon, de chauffeur de camion à directeur de PADCo
Avant de se lancer dans le monde des affaires, Philippe Hao Thyn Voon, qui est issu d’une famille pauvre, était connu pour être sportif dans l’âme. Lorsqu’il était jeune, ses proches lui avaient conseillé de se consacrer davantage au tennis de table. D’ailleurs, entre 1963 et 1975, il a dominé cette discipline au niveau local et compte aujourd’hui un glorieux palmarès à ce niveau.
En 1987, il crée la compagnie Philippe Alain Didier (PAD) Co Ltd, épaulé par ses deux fils, Alain et Didier, alors qu’il n’était qu’un chauffeur de camion. En 2012, pour les 25 ans d’existence de PADCo, il fait part de sa fierté que la compagnie soit devenue un «géant dans l’industrie de la construction moderne». Aujourd’hui, c’est le même sentiment qui l’anime. Parallèlement, il continue de se consacrer au service du tennis de table mauricien.
En 2004, il est fait Commander of the Star and Key par l’État mauricien, pour le travail effectué à revaloriser cette discipline sportive à Maurice Outre le fait d’être le fondateur de la société PADCo, Philippe Hao Thyn Voon préside le Comité olympique mauricien (COM) depuis 2008. Il a également occupé le poste de vice-président du Comité organisateur des Jeux des îles de l’océan Indien. En avril 2018, le septuagénaire s’était attiré les foudres des internautes en déclarant qu’il aurait préféré que l’affaire Kaysee Teeroovengadum ne s’ébruite pas, estimant que celui qui était accusé d’attouchements sexuels serait «lui-même une victime».
Même s’il s’approche de ses 80 printemps, Philippe Hao Thyn Voon ne songe pas à la retraite et serait même prêt à assumer un énième mandat à la présidence du COM. Sa décision est surtout motivée par le report des Jeux Olympiques (J.O.) de Tokyo, cette année, face à la pandémie du Covid-19. Il dit croire fermement que le pays a le potentiel de décrocher au moins une médaille d’or aux J.O. et il voudrait être présent pour vivre ce moment historique.
Depuis de nombreuses années maintenant, Alain Hao Thyn Voon essaie de suivre les traces de son père, comme le font les fils à papa en politique. Il s’est essayé jadis au tennis de table, mais contrairement à son père, Philippe, ou son frère Didier (qui aurait choisi de prendre ses distances de la famille, en émigrant), Alain n’a pas brillé dans cette discipline. «Il fait de son mieux, mais il lui manque toujours les cinq sous pour faire une roupie», explique un politicien qui le connaît.
Contrairement au père, qui fait du relationnel avec les fédérations et partis politiques, Alain Hao Thyn Voon est plutôt perçu comme un fêtard, qui n’est ni sérieux ni profond, explique un membre de l’association des anciens du collège du Saint-Esprit, établissement qu’il avait fréquenté. Une information qu’Alain Hao Thyn Voon concède lui-même. Selon un ami proche depuis des années de la famille, père et fils sont des personnes «correctes et qui n’hésiteront jamais à aider». Par contre, ils auraient toujours pris le soin de ne pas mêler le plaisir aux affaires. «Tout le monde lit et apprend ce qui se passe mais on ne sait pas plus que ce qui est rapporté.»
Commentant les informations qui circulent au sujet de PADCo, Alain Hao Thyn Voon avance qu’il n’arrive plus à dormir. «C’est fatigant. Nous ne sommes pas là pour nous venger mais si on continue à nous piétiner, on n’aura pas d’autre choix que de fermer nos portes.»
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