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L’horreur frappe à nouveau aux portes de Cité Anoska

30 juin 2020, 19:34

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L’horreur frappe à nouveau aux portes de Cité Anoska

Cinq ans après le calvaire vécu par Eleana Gentil, une fillette de trois ans a été victime d’une agression sexuelle à son domicile, ce dimanche 28 juin. Outre l’atrocité de l’agression, un autre point les unit : Cité Anoska. C’est une tragédie qui non seulement choque mais qui rappelle de douloureux souvenirs aux habitants de cet «endroit laissé pour compte».

Il y avait une impression de déjà-vu à Cité Anoska, à 16e Mille, hier, lundi 29 juin. Y poser les pieds rappelait glacialement les souvenirs du 15 avril 2015, le jour où le corps sans vie d’Eleana Gentil, 11 ans, avait été retrouvé. C’était comme si le temps s’était figé depuis. Ce sont les mêmes regards hagards, remplis de colère et de désarroi, qui défilaient les étroits couloirs entre les bicoques en tôles. Alors que les habitants es- sayent toujours de se remettre de la mort d’une des leurs, survenue il y a cinq ans, c’est une autre tragédie qui s’abat.

Cette fois-ci, une fillette de trois ans a été agressée sexuellement dans l’après-midi de ce dimanche 28 juin. La petite a été admise à l’hôpital Jawaharlal Nehru, à Rose-Belle. Quant au suspect, Cliff Richard Perrine, 36 ans, habitant aussi Cité Anoska, il a été arrêté par le sergent Gopeechand, les caporaux Laurent, Beegadhur et le constable Seenundun de la Crime Intelligence Unit hier matin. Il était recherché depuis dimanche soir.

Selon Marie Ange Perrine, la propriétaire de la maison dans laquelle le drame s’est joué, c’est un voisin, après avoir vu les vêtements et les jambes entachés de sang de la fillette, qui a alerté les autorités. «Avant cela, je dormais, je ne sais pas quand et comment cela s’est produit.»

Sur place, hier, un autre visage familier : celui de Mirella Gentil, la mère d’Eleana. Il y a un mois, elle a décidé de quitter Cité Anoska car c’était trop dur pour elle d’y rester. D’autant plus qu’à ce jour, justice ne lui a pas encore été rendue. Mais, hier, en apprenant la terrible nouvelle, elle est retournée sur les lieux. «Mo ankoler. Mo latet fatigé. Mo konn sa tifi-la é so mama bien. Mo finn perdi mo zanfan, mo konpran sa douler-la…»

Mais comment expliquer que cet endroit se retrouve à nouveau au centre d’une telle horreur ? Pour Anooradah Poorun, la présidente de l’Association pour l’éducation des enfants défavorisés, qui se rend à Cité Anoska chaque semaine, c’est une nouvelle qui choque. Elle concède toutefois que les familles sont en manque cruel d’encadrement. «Quelque 300 familles vivent ici dans la pauvreté absolue et plusieurs fléaux sociaux y sont condensés. Cité Anoska se trouve dans une circonscription avec quatre députés, y compris ceux de l’opposition. Pendant la campagne, ils sont omniprésents. Mais après, l’endroit est laissé pour compte. Ce n’est pas quelques causeries qui aideront ces familles. Il est temps de traiter le problème dans le fond.»

Malini Sewocksingh, ancienne députée au no 17, dit regretter que Cité Anoska se retrouve une nouvelle fois sous le feu des projecteurs pour de mauvaises raisons. «Ce sont des familles vraiment vulnérables mais dont les habitants sont capables d’accomplir de belles choses. Malheureusement, une bonne partie finie par choisir la mauvaise voie, faute d’encadrement approprié. J’ai attiré l’attention à ce sujet à de multiples reprises au Parlement. Ensemble, c’est possible d’empêcher un nouveau drame. Trop, c’est trop !»

Hier,lundi 29 juin, le député de l’opposition et élu de la circonscription no 17, Michael Sik Yuen a tenu à se rendre sur place pour rencontrer les habitants. «C’est une nouvelle chagrinante. Atroce même. Il faut comprendre que cela aurait pu toucher n’importe quelle famille. Je suis prêt à aider, mais il faut l’aide du gouvernement.»

 

 

«Mo pa ti laba sa bann ler-la», dit le suspect aux enquêteurs

<p>La mère de la fillette a confié aux enquêteurs qu&rsquo;elle s&rsquo;était assoupie un moment. Ce n&rsquo;est qu&rsquo;à son réveil qu&rsquo;elle a constaté que sa fille saignait au niveau des parties génitales.Des taches de sang ont aussi été retrouvées sur les draps et le sol. Les soupçons se sont portés sur Cliff Richard Perrine, un proche connu des services de police qui a l&rsquo;habitude de passer chez eux.</p>

<p>Le suspect a déjà écopé d&rsquo;amendes pour <em>&laquo;breach of conditional release&raquo;</em> et a déjà été inquiété par la justice pour <em>&laquo;damaging property&raquo;. </em></p>

<p>Le trentenaire avait déserté sa maison dimanche. Il a été arrêté dans une autre maison, à quelques mètres de son domicile. Conduit dans les locaux de la Criminal Investigation Division (CID) de Curepipe, Cliff Richard Perrine, en présence de son homme de loi, a nié les faits qui lui sont reprochés. &laquo;<em>Mo pa ti laba sa bann ler-la&raquo;, </em>a dit le suspect aux enquêteurs.</p>

<p>Il a comparu devant la justice, avant d&rsquo;être reconduit en cellule. La police est en présence d&rsquo;informations selon lesquelles Cliff Richard Perrine était sous l&rsquo;influence de l&rsquo;alcool dimanche. L&rsquo;enquête est menée par l&rsquo;inspecteur Rughoonundun et la CID de Curepipe, sous la supervision de l&rsquo;assistant surintendant de police Omrawoo et de l&rsquo;assistant commissaire de police Rassen.</p>

<p><strong>Le frère du suspect :&laquo;so lavi korek, mé si vrémem linn fer sa li bizin péyé&hellip;&raquo;</strong></p>

<p>Consternation à Cité Anoska. Les proches de Cliff Richard Perrine disent ne pas être au courant de ce qui a bien pu arriver. <em>&laquo;La famille de la fillette a mentionné son nom à la police. Nous ne savons rien pour l&#39;instant&raquo;</em>, confie le frère aîné du suspect, âgé de 39 ans. &laquo;<em>Li enn dimounn korek, so lavi korek, mé si vrémem linn fer sa li bizin péyé&hellip; Nou pa pou dakor&hellip;&raquo;</em></p>

<p><strong>Eleana Gentil : l&rsquo;enquête judiciaire en suspens</strong></p>

<p>En novembre 2019, le Directeur des poursuites publiques a initié une enquête judiciaire en cour de Curepipe dans le but de connaître les circonstances dans lesquelles Eleana Gentil, a trouvé la mort, en avril 2015. Le corps de cette dernière avait été retrouvé dans une région boisée et peu fréquentée de Lapeyre, à Nouvelle-France, à quelque deux kilomètres de son lieu de résidence, à Cité Anoska. Elle avait été retrouvée neuf jours après sa disparation, suivant une fête organisée par un proche.</p>

<p>L&rsquo;affaire avait choqué tout le pays, d&rsquo;autant plus que le Dr Sudesh Kumar Gungadin avait privilégié la thèse de l&rsquo;agression sexuelle. Malheureusement, l&rsquo;examen post-mortem n&rsquo;avait pas pu déterminer la cause exacte du décès, la décomposition du corps étant trop avancée. Seul(s) le ou les coupables sont aujourd&rsquo;hui en mesure de raconter ce qui s&rsquo;est réellement passé.</p>

<p>Dans un premier temps, Arnaud Boodram, âgé d&rsquo;une trentaine d&rsquo;années, avait été arrêté pour ensuite être exonéré de l&rsquo;accusation. Ensuite, l&rsquo;ADN retrouvé sur les sous-vêtements d&rsquo;Eleana Gentil a permis à la police de mettre la main sur un dé- nommé James Ramaswamy, 27 ans. Vingt et un des 68 témoins retenus avaient été convoqués le 10 avril, mais l&rsquo;affaire a été renvoyée à cause du couvre-feu. Selon Me Taij Dabycharun, avocat du suspect, aucune nouvelle date n&rsquo;a encore été fixée pour le début des travaux de l&rsquo;enquête judiciaire. <em>&laquo;Il faut que les deux parties concernées finalisent un itinéraire en commun.&raquo;</em></p>

<p><strong>Il y a 15 ans. Le corps sans vie de Marie Anita Jolita, deux ans et demi, retrouvé</strong></p>

<p>L&rsquo;histoire de Marie Anita Jolita avait également bouleversé tout le pays. Le 3 juillet 2005, le corps de cette fillette de deux ans et demi, balancé à la mer après avoir été victime d&rsquo;abus sexuel, est retrouvé. L&rsquo;autop- sie avait révélé que la petite, une ha- bitante de Cité Tôle, Mahébourg, était morte des suites d&rsquo;une exsanguination provoquée par l&rsquo;agression sexuelle dont elle avait été victime. Elle avait également été blessée à la poitrine et au visage. En 2011, Jean Mervyn Roberto Lotoah, alors 19 ans, et son complice, Ludovic Prodigue, quant à lui 14 ans au moment du drame, sont condamnés à 40 et 26 ans de pri- son respectivement. Ils purgent toujours leur peine respective, même s&rsquo;ils ont tenté de clamer leur innocence.</p>