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Accident à Quartier-Militaire: même la mort n’a pu séparer Ridwan et son père

19 juillet 2020, 21:00

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Accident à Quartier-Militaire: même la mort n’a pu séparer Ridwan et son père

D’habitude, un ami de Zaheed Rohoman récupère Ridwan à l’école. En ce jeudi fatidique, c’est son père qui s’en est chargé. Mais la mort les attendait sur la route, à Quartier Militaire. Cynique et cruelle, elle a fauché ce papa de 42 ans et son fils de 12 ans, qui étaient tout l’un pour l’autre…

La nuit, l’humidité, le froid et la tristesse ont posé leurs ailes sombres sur le cimetière d’Alma, lorsque sont arrivées les dépouilles de Zaheed et Ridwan Rohoman, jeudi vers 23 h 15. Le père de 42 ans et son fils de 12 ans, inséparables dans la vie, l’ont été aussi dans la mort. Un violent accident survenu en fin d’après-midi, le même jour, les a conduits dans la tombe. La voiture que conduisait Zaheed Rohoman, une Toyota, a percuté de face un autobus de la Compagnie nationale de transport (CNT), à Higginson Road, Quartier-Militaire.

Le petit Ridwan a été tué sur le coup. Son père, bloqué derrière le volant, a été extirpé par les pompiers, avant d’être pris en charge par le personnel du Service d’Aide Médicale d’Urgence (SAMU). Il a rendu son dernier souffle à l’hôpital de Flacq, à 18 heures. Le Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du département médicolégal de la police, a autopsié les deux cadavres dans la soirée de jeudi. Il a attribué la cause du décès de Ridwan à une fracture du crâne et celle de son père à des blessures multiples.

Le village de Quartier-Militaire, plus précisément Railway Road, où habitaient les Rohoman, est en émoi. Cette nouvelle tragique a anéanti les proches des deux victimes, tout comme les habitants, qui connaissaient bien Zaheed Rohoman et sa famille, qui sont propriétaires de snacks.

Bashir Rohoman, 69 ans, le père de Zaheeb, peine à contenir ses émotions. Vers 16 h 40, en ce jour fatidique, un de ses neveux lui a annoncé que Zaheed avait été impliqué dans un accident et lui a demandé de l’accompagner sur les lieux. Arrivé sur place raconte-t-il, «on ne m’a pas autorisé à m’approcher. On m’a simplement dit que c’était très grave». On lui a dit que son petit-fils avait été évacué vers l’hôpital. Bashir Rohoman affirme avoir vu que la voiture de son fils était dans sa voie gauche et que c’est l’autobus qui aurait quitté sa route pour percuter la voiture.

Rouge et noir…

Son fils, s’attriste-t-il, était aimé de ses clients et c’était réciproque. Dans son snack, il vendait du briani, de l’halim et des gâteaux, entres autres. Bashir Rohoman pleure aussi son petit-fils Ridwan, un enfant obéissant. Ce dernier suivait sa scolarité dans une institution privée de Quartier-Militaire, pour refaire le Grade 6. Il avait obtenu une place au State Secondary School de Quartier-Militaire, mais son père avait préféré qu’il reprenne part aux examens.

Zaheed Rohoman était issu d’une famille de trois enfants, dont deux sœurs. Comme son père, sa mère, âgée de 62 ans et sa grand-mère paternelle, de 92 ans, sont noyées par le chagrin.

Son oncle, Goolam Mohamed Rohoman, et son cousin Faryad Rohoman, gardent tous deux de bons souvenirs de Zaheed et de son fils. Faryad Rohoman ne veut pas croire que son cousin et Ridwan soient partis si brusquement. D’habitude, explique Faryad Rohoman, c’est un ami de Zaheed qui déposait et récupérait Ridwan à l’école. Ce jeudi, comme cet ami était malade, c’est Zaheed lui-même qui s’en est occupé.

Père et fils étaient inséparables, encore plus depuis que Zaheed s’était séparé de son épouse, il y a cinq ans. Il avait la garde de Ridwan depuis quatre ans. Zaheed, se remémore Faryad, accompagnait toujours son fils dans ses sorties. Celui-ci jouait dans une équipe formée par la Liverpool Football Club Academy. Ridwan s’entraînait le mercredi après-midi, sur le terrain de foot du village. Zaheed se faisait un devoir d’être avec lui. Il s’intéressait également au football. Il encourageait les amis de son fils à y jouer, en les emmenant avec lui. Hélas, au rouge des Reds, a succédé le noir du deuil.

Le chauffeur du bus libéré sous caution

<p>Habitant Riche-Mare, le chauffeur de l&rsquo;autobus, âgé de 59 ans, a été blessé au pied gauche. Il a quitté l&rsquo;hôpital de Flacq durant la journée d&rsquo;hier. Il a été présenté devant le tribunal de ce village, sous une accusation provisoire d&rsquo;homicide involontaire par imprudence. Il a été libéré sous caution. Comme lui, le receveur qui était dans l&rsquo;autobus a expliqué que la voiture doublait une série de véhicules. À ce moment, elle a eu une collision frontale avec le véhicule de la CNT. L&rsquo;alcootest, effectué sur le chauffeur après l&rsquo;accident, s&rsquo;est révélé négatif. Une passagère de 17 ans a également été blessée. Elle a reçu des soins à l&rsquo;hôpital et a pu rentrer chez elle, à Brisée-Verdière. L&rsquo;enquête est encore en cours pour faire la lumière sur les circonstances exactes de ce drame.</p>

La majorité des passagers étaient des jeunes

<p>Elle s&rsquo;est réveillée sur le plancher de l&rsquo;autobus, juste après la collision. Cette adolescente de 17 ans, qui fréquente le collège Lorette de Rose-Hill, revient sur cet accident. Par le biais de son père, elle relate qu&rsquo;elle dormait pendant le trajet. Cet autobus de la CNT assure la route 222 pour Rivière-du-Rempart, en passant par St-Pierre, Quartier-Militaire, St-Julien d&rsquo;Hotman, St-Julien Village, Lallmatie, Belvedère et Brisée-Verdière. Ce jeudi, il a démarré de la gare de Rose-Hill peu après 15 heures. A cette heure-ci, la majorité des passagers sont des élèves. A bord : des collégiens, des étudiants de l&rsquo;université de Maurice, entre autres. Peu avant 16 heures, alors que certains dorment ou ont leurs écouteurs branchés sur les oreilles, le bruit des freins les fait sursauter. Des cris retentissent. Certains passagers sont projetés au sol. C&rsquo;est l&rsquo;affolement. Heureusement, il n&rsquo;y a pas de blessés graves. La collégienne de 17 ans n&rsquo;a qu&rsquo;une blessure au pied. Des témoins oculaires racontent avoir vu la voiture qui arrivait en sens inverse, doubler un véhicule avant de percuter l&rsquo;autobus de la CNT. D&rsquo;habitude, l&rsquo;autobus est bondé, avec des personnes debout, jusqu&rsquo;au village de St-Julien. Heureusement, ce n&rsquo;était pas le cas le jour de l&rsquo;accident. La situation aurait été encore plus catastrophique avec des gens debout, commentent des passagers.</p>