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Me Assad Peeroo: «Toute tentative de museler la presse est anti-démocratique…»
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Me Assad Peeroo: «Toute tentative de museler la presse est anti-démocratique…»
Il représente les intérêts de 22 employés d’Impact Production qui risquent un licenciement. Toutefois, lors de cette affaire portée devant le Redundancy Board, Me Assad Peeroo a reçu une mise en demeure pour diffamation.
Vous êtes l’un des avocats à défendre bec et ongles ces 22 employés. Pourquoi saisir le «Redundancy Board» ?
C’est l’employeur qui a saisi le Redundancy Board sous l’article 72 de la Workers’ Rights Act pour réduire sa work force d’environ 50 %. La notice à cet effet a été servie par Impact Production Ltd, compagnie d’évènementiel, au Redundancy Board le 13 avril.
Racontez-nous votre combat.
L’équipe d’avocats de l’étude Peeroo représente l’intérêt de ses clients avec beaucoup de conviction (…). Parmi les employés concernés, certains ont travaillé pour ladite compagnie pendant 22 ans (…) Ces mêmes travailleurs se trouvent dans une situation difficile alors que la compagnie aurait bénéficié, selon nos renseignements, de l’assistance financière de l’État pour préserver l’emploi.
Quelle est votre ligne de défense ?
Les employés ont fait comprendre que la demande de redundancy n’est pas justifiée car la compagnie est profitable et elle a les moyens de préserver l’emploi. Donc la démarche de réclamer un éventuel licenciement ne tient pas la route, étant donné que les dispositions de l’article 72 n’ont pas été suivies.
Lors de la séance présidée par Rashid Hossen devant le «board», l’avocat d’Impact Production a fait valoir qu’il a servi une mise en demeure à la presse et à vous-même pour diffamation. Est-ce une première qu’un avocat attaque son confrère ?
C’est vrai qu’une mise en demeure a été servie à La Sentinelle Ltd, son directeur des publications, Nad Sivaramen, et la journaliste Nafiisah Peerbaye, ainsi qu’à moi-même par un huissier le 29 juin. Cette mise en demeure, rédigée par l’avoué Pazhany Thandrayen, représente une sorte de pression, voire même d’intimidation par l’employeur à notre encontre.
Mais cette action me donne encore plus de courage à la fois professionnel et moral to fight till the end. Je présume que l’avocat a reçu des instructions de son client pour faire servir cette mise en demeure. Les avocats se respectent mutuellement et, par courtoisie, informent leurs confrères du barreau de telles instructions. Mais tel n’a pas été le cas. L’élégance n’est pas donnée à tout le monde !
Pensez-vous avoir fauté ?
Absolument pas, car le Redundancy Board est une institution où l’accès aux membres du public est libre et les débats s’y font avec respect et selon les traditions de la profession légale. La presse y est aussi présente. Maurice, étant un État démocratique, toutes les affaires débattues devant les tribunaux et les cours sont évidemment d’ordre et d’intérêt publics. Donc, la presse est libre et jouit de la liberté d’expression – un droit fondamental et constitutionnel. Ainsi elle est libre de rapporter les débats et l’opinion des avocats pour informer les citoyens.
Quant au second papier timbré servi à la presse, est-ce un désir de la museler ?
La presse a le devoir de rapporter correctement les faits débattus devant le board. Les journalistes sont des professionnels qui connaissent leur métier et ils agissent selon des paramètres éthiques bien définis. Toute tentative de museler la presse est clairement anti-démocratique. Elle est la garante de nos libertés. Pour terminer, je citerai François Mitterrand qui disait : «La liberté de la presse présente des inconvénients. Mais moins que l’absence de liberté.»
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