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Inculpés pour agression: Josué et Jonathan Dardenne reviennent sur leur nuit en cellule

24 août 2020, 11:05

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Inculpés pour agression: Josué et Jonathan Dardenne reviennent sur leur nuit en cellule

Forte mobilisation policière devant la cour de Mahébourg dans la matinée de ce lundi 24 août. Des barrières ont été érigées autour de la cour alors que les policiers étaient postés un peu partout pour empêcher les rassemblements. Aujourd’hui, aucun agent du gouvernement n’était attendu, mais les autorités craignaient une vague de soutien aux frères Dardenne, qui ont dû se présenter devant le tribunal pour payer leur caution de Rs 5 000. 

Ils ne s’attendaient pas à se voir mêler à une histoire d’agression et encore moins à passer la nuit en cellule policière. Traumatisés et ayant vécu dans la peur depuis leur arrestation, les deux frères Dardenne, Josué et Jonathan, se sont confiés à l’express. Ils expliquent leur présence à Mahébourg, vendredi, qui a mené à leur inculpation pour vagabondage et agression avec préméditation. «On avait eu une information comme quoi il y avait une traînée d’huile s’échappant à nouveau de l’épave du vraquier. Du coup, on a pris notre bateau et on s’est rendus à Mahébourg, pour filer un coup de main et on a pu aider à pomper plus de 40 tonnes d’huile», racontent les deux plaisanciers, que nous avons rencontrés à leur domicile à Trou-d’Eau-Douce. 

Or, poursuivent-ils, comme ils voulaient connaître le déroulement du procès intenté par l’activiste Bruneau Laurette contre les ministres Maudhoo et Ramano, ils décident d’aller faire un tour au tribunal de Mahébourg. «Une fois sur place, on découvre une foule de gens qui portaient des banderoles orange et criaient : ‘Pa tous nou Sudheer’…et ‘pa vinn kontrol nou isi’.» Aux dires des deux hommes, l’ambiance était hostile et ces personnes étaient provocantes envers eux. D’où leur démarche de signaler aux policiers présents ce qui se passait. «À un moment donné, les ministres sont partis et la foule s’est dispersée et on se tenait loin de ces personnes… On ne comprend pas comment on a été pointés du doigt par cet homme.» 

Le plaignant, Sunny Kumar Sewdin, un partisan du MSM, n’est pas «l’homme en vert». Les deux plaisanciers maintiennent, comme ils l’ont fait dans leur déposition, n’avoir jamais agressé l’agent du ministre Maudhoo. Il n’y a eu qu’une prise de bec, déclare leur avocat. Les frères affirment, d’ailleurs, n’avoir pas pris part à la manifestation devant le tribunal, mais avoir attiré l’attention de la police. Faits confirmés par leur avocat, Me Chetan Baboolall, qui soutient que c’est une entorse de manifester ou de se regrouper devant une cour de justice, avec des banderoles. «C’est l’ironie ! Alors que ce sont ces membres du MSM qui devraient être arrêtés, voilà le résultat pour avoir filé un coup de main aux autorités dans l’affaire Wakashio», précise l’homme de loi, présent à notre rencontre. 

Jonathan Dardenne, la police et l’agent orange (en vert) Chetram Sangam, vendredi,
à côté du tribunal de Mahébourg.

«…On peut vouloir m’éliminer» 

Quid de leur nuit passée en cellule ? Alors que Josué a été détenu à Alcatraz et Jonathan au Vacoas Detention Centre, les deux confient avoir passé une nuit dans la peur. «Comme ce sont des criminels qui sont incarcérés ici et comme on a été faussement accusés pour agression alors que nous étions sur le terrain à aider volontairement, c’était difficile de se trouver loin de mes enfants et de ma femme derrière les barreaux», dit le premier nommé. Il ne voulait pas fermer l’oeil craignant pour sa sécurité. «Je me disais qu’on peut vouloir m’éliminer, qui sait», dit ce père de deux enfants qui soutient ne pas pouvoir oublier le jour de son arrestation où un important dispositif de policiers est venu l’arrêter chez lui. 

Idem pour son frère qui a l’impression d’avoir vécu un film. «J’ai été escorté par quatre véhicules pour une affaire d’agression et j’avais le sentiment qu’on me traitait de grand criminel ce jour-là», poursuit Jonathan Dardenne, traumatisé.
 
Questionnés sur leur appartenance politique, nos interlocuteurs maintiennent que leur présence est apolitique. «D’ailleurs, ce sont les hommes de loi de la famille qui ont aidé. Il y en a même des pro-gouvernement qui nous ont apporté de l’aide.» 

Même s’ils ont retrouvé la liberté, les deux frères qui viennent d’une famille nombreuse – ils sont à 4 frères et 6 soeurs – voient leur avenir sombre comme la marée noire. Mais ils ont tenu à passer un message à leur accusateur. «On est sûrs que les ordres viennent d’en haut mais on laissera la justice faire son travail et la vérité finira par éclater tôt ou tard.»